Après avoir découvert le Championnat de France de la Montagne en 2022, Franck Perrin relançait sa Peugeot 207 LW pour une nouvelle campagne en 2023. L’objectif du Lyonnais restait le même, prendre du plaisir, partager des bons moments et découvrir nos belles régions de France. Franck, qui est unanimement apprécié dans les paddocks, a pu pleinement savourer cette campagne de France.
A la fin des années 90, Franck Perrin faisait de timides débuts en sport automobile avec quelques apparitions sporadiques sur des courses de côtes durant les saisons 1996 et 1997. Mais une activité professionnelles chronophage l’empêchait d’assouvir cette passion transmise par son père, animateur dans les années 60 de la Formule Bleue au volant d’une MXP/2, monoplace qui restait alors accessible.
Et même si à bord d’une Renault 5 Turbo l’expérience initiée par Franck Perrin tournait court, le Lyonnais conservait un œil attentif sur la course de côte avec la ferme intention de revenir un jour s’impliquer dans la discipline… Il lui faudra attendre 2021 pour faire l’acquisition d’une Peugeot 207 LW, issue des ''Rencontres Peugeot'', avec laquelle il participait aux Courses de Côte de Lamure-sur-Azergues et de Limonest. Une belle expérience, qui motivait Franck à s’engager sur le Championnat de France de la Montagne en 2022. Et pour ses débuts sur le CFM, le Lyonnais allait se concocter un calendrier qui comptait l’intégralité des manches inscrites au championnat. Sympathique challenge !
S’il se présentait alors comme l’un des amateurs les plus assidus, Franck Perrin prenait un plaisir incommensurable lors de ses participations. Avec sa Peugeot 207, il n’était pas question de rivaliser avec les Peugeot 308 Cup qui évoluent comme lui dans la classe A/4. Franck n’avait comme seule préoccupation de se faire plaisir, de découvrir les différentes régions de l’hexagone et les tracés des épreuves, et tisser des liens avec les animateurs du championnat. Son sourire immuable, sa gentillesse, son humilité feront rapidement de lui un des pilotes particulièrement appréciés dans les paddoks. Et cette première expérience sur le championnat ne pouvait pas dans son esprit rester sans lendemain.
Le pur plaisir comme moteur
Franck Perrin décidait donc de repartir en 2023 pour une nouvelle campagne de France, toujours au volant de sa Peugeot 207 LW : « J’avais fait une saison d’apprentissage avec la voiture. Et après cette saison de découverte, au volant d’une auto qui n’est absolument pas courante en course de côte, j’avais envie de la fiabiliser et de mettre à profit les acquis de la précédente saison », débute Franck Perrin. « Je voulais démontrer que l’on peut faire rouler une auto jamais vu dans la discipline et se faire réellement plaisir à son volant. »
En optant pour une voiture issue des ''Rencontres Peugeot'', Franck savait qu’il lui était interdit d’apporter de réelles évolutions sur sa voiture. Avant de débuter la saison 2023, il se contentait donc de faire réviser sa boîte de vitesses, pour s’assurer qu’un deuxième rapport qu’il trouvait récalcitrant ne lui cause pas de souci durant la saison : « Après quoi je suis allé faire une séance d’essais sur circuit afin de m’assurer que tout était en ordre, et pendant cette séance, j’ai cassé le moteur en faisant un tour de décélération. J’ai eu la chance que cet incident survienne sur circuit et non pas en course, parce les roues avant se sont bloquées et que j’ai effectué un double tête-à-queue. Je n’ose pas imaginer le même scénario dans la parabolique à Bagnols-Sabran. » Cette casse moteur entrainait un début d’incendie et obligeait Franck à trouver un nouveau moteur à quelques semaines du lancement de la saison.
Il n’était pas évident pour le Lyonnais de retrouver un nouveau groupe propulseur dans un laps de temps réduit, « et chose imprévue, ce changement de moteur grevait mon budget de la saison de près de 50%, ce qui ne me facilitait pas les choses. » La Peugeot 207 était confiée aux mains expertes de la structure Breso Sport près de Roanne : « Ils m’ont fait un excellent travail en l’espace d’une semaine. Mais j’ai dû par la suite roder le moteur. Pour cela j’ai fait une séance en circuit en respectant les protocoles, à 800 tours, puis à 1500 tours, et je me suis engagé sur la Course de Côte de Lugny où j’ai roulé à un rythme très prudent. »
C’est avec un moteur toujours en rodage que Franck Perrin se présentait au départ de la Course de Côte de Bagnols-Sabran, manche d’ouverture de la saison. Mais tout heureux de retrouver le championnat et les copains, le Lyonnais allait débuter sa campagne par un petit excès d’enthousiasme : « J’étais ravi de pouvoir être au départ alors qu’après la casse de mon moteur je redoutais de louper les deux ou trois premières épreuves de la saison. Sur la première montée de course je suis resté un long moment en prégrille suite à diverses interruptions et je me suis élancé avec les pneus froids. Sur les deux premiers virages ça passe super bien et je me suis dit que je pouvais me lâcher. Je n’aurais pas dû, puisqu’au troisième virage je pars en tête-à-queue. » Un incident sans gravité puisque Franck pouvait poursuivre son week-end sans encombre pour finalement se classer troisième de la classe A/4.
La petite 207 LW de Franck Perrin n’est pas la voiture idéale pour s’attaquer à un monument tel que le Col Saint-Pierre. Le Lyonnais, qui une nouvelle fois se fera plaisir sur l’épreuve cévenole, allait signer des performances en demi-teinte, et comprendra plus tard que la ''petite lionne'' ne donnait pas son plein rendement : « Mais durant le week-end, ce que j’ai retenu c’est l’immense plaisir de prendre part à cette manche du Championnat d’Europe. C’est une course légendaire et pouvoir être au départ et pour moi magique. »
S’il conserve d’excellents souvenirs du Col Saint-Pierre, en revanche Franck Perrin veut oublier l’édition 2023 d’Abreschviller : « Pour moi elle est avant tout marquée par l’accident dont a été victime Bruno Fra. Il s’élançait juste devant moi, et j’avoue que j’ai très mal vécu son accident. » Malgré tout Franck veut essayer de rester positif : « J’adore cette épreuve. Elle est courte, certains diront sans grand intérêt, mais l’ambiance est très chaleureuse, l’accueil hyper sympa. »
Sur les Teurses de Thèreval – Agneaux, Franck Perrin terminera son week-end sur le podium de la classe A/4. Pour autant le Lyonnais n’est pas satisfait de ses chronos : « J’avais un doute sur le Col Saint-Pierre, il se confirmera à Abreschviller et une nouvelle fois à Thèreval… Mon moteur ne donnait pas la puissance dont je disposais l’année précédente. Sur le Col Saint-Pierre, sur le virage 19, je passais précédemment en quatrième à près de 180 km/h. Cette année, je plafonnais à 160 km/h alors que je devais mettre la cinquième. A Abreschviller je mettais la cinquième, chose que je n’avais jamais fait lors de la précédente édition. Et à Thèreval je me rends compte que je plafonne à nouveau à l’approche de l’arrivée, sur la portion la plus rapide. Mais je mets ça sur le compte de mon moteur qui est plus ou moins en phase de rodage. Je serai alerté plus tard que ma 207 avait un problème. »
C’est à Saint Gouëno que Franck Perrin aura la confirmation que le moteur de sa Peugeot ne délivrait pas toute sa puissance : « C’est Jimmy Rousseau qui est venu me voir en me disant qu’il avait le sentiment que ma voiture ne prenait pas les tours. Selon lui cela ne provenait pas du moteur, et en se penchant sur la voiture, il se rend compte que lorsque j’accélérais, alors que la pédale était à la moitié de l’accélération, la voiture estimait elle que j’étais à fond. » L’explication viendra plus tard, mais difficile pour Franck de s’inquiéter, car malgré ses problèmes, son expérience de l’année précédente lui permettait d’améliorer ses chronos. Donc pour lui tout semblait fonctionner même s’il reconnaissait que sa voiture était ''molle''. « Mais j’ai tout de même vécu une très bonne campagne de l’Ouest, et même si j’estime que j’aurais pu signer de meilleurs chronos, je n’ai aucun regret et je conserve d’excellents souvenirs. »
Après Saint Gouëno, Franck Perrin chargeait sa voiture sur la remorque direction les atelier de J.R. Compétition, la structure de Jimmy Rousseau : « Finalement en me changeant la pédale, la voiture s’est métamorphosée, elle ne faisait même plus le même bruit. » Pour confirmer que tout fonctionnait, Franck s’engageait sur la Course de Côte de Courpière, mais malheureusement la voiture ne parviendra pas à démarrer : « Cela semblait provenir d’un problème de calculateur, et Jimmy s’est attelé à le faire fonctionner pour que je puisse être au départ de Marchampt. »
Pour Franck Perrin, Marchampt c’est la course à domicile, située à une trentaine de kilomètres de chez lui : « J’adore cette épreuve, son tracé et c’est un week-end que je passe en famille avec ma femme et mes enfants. Mais là encore je n’ai pas pu démarrer et j’avoue que le sentiment de frustration était immense. Mais ce qui est positif c’est que nous avons compris d’où venait la panne. Lors du changement de pédale d’accélérateur, il fallait reprogrammer le calculateur pour que la pédale comprenne les différentes phases d’accélération. Et à ce moment-là nous avons compris que je disposais de ce qu’on appelle un calculateur corrompu. En clair, il refusait d’enregistrer les données de ma nouvelle pédale. »
A l’issue du week-end de Marchampt, Jimmy Rousseau récupérait la voiture pour tenter de solutionner le problème. A Vuillafans, la 207 retrouvait de sa superbe, mais malheureusement, avec le nouveau calculateur elle refusait de redémarrer quand Franck stoppait le moteur, « ce qui m’a obligé à remonter mon calculateur défectueux. De ce fait je ne réalise pas les chronos que j’aurais pu espérer. »
Si le tracé de Dunières offre un profil qui peut mieux convenir à la Peugeot 207 LW, Franck Perrin reconnait que ce n’est pas l’épreuve qu’il apprécie le plus : « Nous y sommes très bien accueillis, mais le profil ne me convient pas réellement. Je me souviens que la voiture accélérait mieux mais les données dont je disposais sur le calculateur n’étaient pas optimisées et je manquais encore cruellement de puissance. Ça restait toutefois la solution provisoire idéale avant que nous puissions définitivement régler le problème. »
Même si comme à Dunières, la Peugeot de Franck n’offrait pas son plein rendement sur le Mont-Dore, le Lyonnais conserve de très bons souvenirs des deux épreuves auvergnates : « Les résultats sont une chose, mais ce que je veux retenir avant tout ce sont les rencontres, la convivialité, le fait d’être émerveillé par de splendides paysages, de tisser des liens avec des gens qui sont devenus des amis. L’aspect sportif est finalement secondaire, l’humain reste ma priorité », rappelle Franck.
Succès de classe A/4 à Chamrousse
Unanimement apprécié dans les paddocks, Franck sera chaleureusement félicité par un grand nombre de pilotes suite à sa victoire de classe sur la Course de Côte de Chamrousse : « Elle me fait évidemment plaisir, surtout pour la voiture. Mais je sais que je dois ce succès à la casse de turbo de Jean-Pierre Pope puisque suite à son abandon je me retrouve premier faute de concurrents », rappelle modestement Franck. « Mais ce qui me fait autant plaisir que sourire c’est de faire marquer sur les tablettes du CFM une victoire de classe pour une Peugeot 207 LW. C’est juste improbable ! »
Après Chamrousse, la Peugeot 207 faisait un nouveau passage dans les ateliers de J.R. Compétition pour bénéficier d’une reprogrammation du calculateur : « Cela m’a contraint de faire dans la journée un aller-retour entre Lyon et la Loire-Atlantique, mais cela fait partie du jeu », explique Franck qui pour valider les bons réglages de sa 207 s’engageait par la suite sur la Course de Côte de Lamure-sur-Azergues. « La voiture fonctionnait vraiment bien et je signe là une victoire de classe. »
Avec une auto qui donnait son plein rendement, Franck Perrin ne pouvait garder que d’excellents souvenirs de Turckheim : « Une auto qui marche, le cadre alsacien, l’accueil, le week-end entre amis, tout était réuni pour que je savoure pleinement cette épreuve. Un vrai bonheur. »
La saison de Franck Perrin se concluait à Limonest par une quatrième place de classe A/4 : « Natif de Lyon, je me vois mal ne pas être au départ de Limonest. Sauf qu’à l’heure d’aborder cette épreuve, je sais que je dispose d’une voiture qui fonctionne, mais que je vais mettre à la location en 2024 parce que je vais changer de monture. Il est donc formellement interdit pour moi de casser la voiture, et de ce fait j’ai roulé sur la retenue, bien plus qu’à l’habitude. D’autant plus que je n’avais absolument rien à gagner. »
Troisième du Challenge Open A/4
A l’issue de cette saison 2023, Franck Perrin se classe troisième du Challenge Open A/4, un sympathique résultat auquel il n’attache pas une énorme importance : « Même s’il est toujours frustrant de devoir composer avec des petits problèmes mécaniques qui me privent de certaines courses, je suis ravi avec mes petits moyens et sans grandes connaissances d’avoir pu réaliser une telle saison. Je suis une nouvelle fois enchanté de ce que j’ai vécu en 2023. »
Toujours aussi motivé et satisfait de sa saison, Franck Perrin remercie bien évidemment ceux grâce à qui il peut savourer ces week-ends de course : « Un immense merci aux bénévoles, aux commissaires, aux organisateurs. Un grand merci à Valérie ma petite femme et à tous ceux qui me permettent de vivre ma passion, je pense notamment à Patrick Ramus, à la famille Poinsignon, à Jimmy Rousseau et à tous mes amis pilotes qui m’ont été d’une aide précieuse et avec qui je partage de formidables moments. »
Impossible avec une Peugeot 207 LW de jauger de sa valeur face aux Peugeot 307 Cup qui jouent les premiers rôles dans la classe A/4. Conscient que s’il veut savoir quel est son réel niveau, Franck se doit se rouler dans une voiture qui peut prétendre à la victoire. C’est dans cet esprit qu’il change de monture pour la saison 2024 : « J’ai porté mon choix sur une BMW M3, ex Michaël Eguillon, avec laquelle je vais participer au Championnat de France de la Montagne. Je ne sais pas qui animera le Challenge Open N/4, mais je sais que je vais retrouver Morane (Cat-Mackowiak) et Kevin (Jarousse) et cela me permettra de voir quel est la distance qui me sépare d’eux, parce qu’il est clair que je ne vais pas rivaliser d’entrée de jeu. Je vais devoir prendre la M3 en mains, et après essayer de me rapprocher de ces deux pilotes hyper rapides. C’est un beau challenge, et j’espère également me qualifier pour la Finale de la Coupe de France à Steige », conclut le Lyonnais.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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