Comme l’an dernier, Alban Thomas n’a pas pris part cette saison à l’intégralité du Championnat de France de la Montagne. Ce n’est pas pour autant que le pilote de la F3000 Reynard 01KL ne s’est pas présenté comme l’un des hommes forts de la discipline. Souvent au porte du podium, Alban termine la saison au cinquième rang du Championnat, et s’impose comme l’an dernier en tête du Challenge Open Hors Catégorie Sport.
Avant de rejoindre son frère ainé, Raynald, sur les épreuves du Championnat de France de la Montagne, c’est par le Cross Car qu’Alban Thomas a fait ses premières armes en sport automobile. Au début des années 2000, il participait à ses premières courses de côte. Puis, propriétaire d’une F3, il s’essayait en circuit avec une certaine réussite. Mais le budget nécessaire pour évoluer sur la piste, incitait Alban à se tourner vers une discipline moins dispendieuse, et c’est tout naturellement qu’il retrouvait la course de côte.
La F3 laissera place alors à une F3000, au volant de laquelle Alban se présentait rapidement comme un des hommes forts du Championnat, pour finalement accrocher un titre de Vice-champion de France à l’issue de la saison 2013. Mais s’il est un compétiteur dans l’âme, c’est avant tout pour le pur plaisir qu’Alban Thomas continue d’animer, avec toujours autant de générosité, les épreuves de notre championnat national.
L’an dernier, la priorité d’Alban n’était certainement pas l’issue du Championnat, mais la mi-saison. En effet, au mois de juin, sa compagne, Cécile Cante, devait donner le jour à une petite Jeanne, et pour l’heureux papa, la course devenait accessoire. De ce fait, il décidait de ne pas prendre part à l’intégralité du Championnat, mais de se concocter un programme plus ’’light’’ dans le cadre d’un Challenge Open.
Même si la saison 2015 ne lui donnait pas réellement satisfaction – Alban devra tout au long de l’année composer avec des problèmes électroniques récurrents – son calendrier sportif correspondait à ses attentes, et c’est la raison pour laquelle il décidait d’établir un programme similaire pour 2016.
Objectif, faire briller la F3000
En n’alignant pas sa F3000 Reynard 01KL sur les douze manches inscrites au calendrier du Championnat, Alban savait qu’il ne pouvait en aucun cas prétendre terminer parmi les trois premiers. L’objectif n’était donc pas de concurrencer face aux Norma, mais de démontrer, au coup par coup, que sa monture lui permettait de défier des voitures identiques, et notamment la F3000 de Geoffrey Schatz : « Le but était de se bagarrer avec Geoffrey, et si possible de le devancer sur certains tracés », confie Alban.
Profitant de l’intersaison, le pilote de Saint-Didier-au-Mont-d'Or adoptait de nouveaux réglages sur sa F3000. Malheureusement, lors des premiers essais disputés à Bagnols-Sabran, il prenait conscience que ce nouveau set-up ne fonctionnait pas comme il l’espérait. Présent à Bagnols-Sabran, Alban ne tient pas à évoquer cette épreuve qui a douloureusement marquée les esprits. Pour lui, la saison débutait réellement sur les pentes du Col Saint-Pierre.
Quatrième à Saint-Jean-du-Gard, Alban s’avoue pleinement satisfait de son chrono sur l’épreuve gardoise : « Le seul bémol, c’est que suite aux soucis rencontrés lors des essais à Bagnols-Sabran, j’ai incriminé les nouveaux réglages, alors que j’avais en fait un élément desserré sur la voiture », explique Alban. « Pour le Col Saint-Pierre, j’ai décidé de revenir à la configuration de l’année précédente. Et pour être tout à fait honnête, alors que je reste persuadé que les nouveaux réglages auraient pu me donner un regain de performance, j’ai conservé l’ancien set-up pour le reste de la saison. »
Les essais hivernaux s’étaient pourtant avérés positifs, « mais se replonger dans les datas pour valider les nouveaux réglages semblait être d’une réelle complexité. Par sécurité, j’ai donc préféré revenir en arrière. Mais c’est à regret, car tout indiquait que le nouveau set-up aurait dû me permettre d’améliorer mes chronos. »
La Course de Côte d’Abreschviller allait offrir à Alban des sentiments mitigés. Il ne peut être évidemment que satisfait d’accrocher la quatrième place en devançant Geoffrey Schatz, mais peut également être frustré de louper le podium pour seulement deux dixièmes de secondes : « Pour ce qui du combat avec Geoffrey, il faut avoir l’honnêteté de reconnaitre que les conditions météorologiques ont tourné à mon avantage. Disons que je suis passé entre les gouttes. A ce niveau-là, ça a voulu sourire », admet-il. « Pour ce qui est d’aller chercher Cyrille (Frantz) sur le podium, sur le moment j’ai eu quelques regrets de n’avoir pas tout tenté. Mais avec le recul, je ne suis pas du genre à jouer les kamikazes et à prendre tous les risques. Je garde à l’esprit que samedi, lors des essais, j’étais très en retrait, et que le résultat final ne peut que me convenir. »
C’est à la cinquième place que l’on retrouve la F3000 d’Alban Thomas à l’arrivée de la Course de Côte du Beaujolais, un résultat là encore satisfaisant : « Il est clair que, sur ce tracé, si j’avais opté pour les nouveaux réglages, j’aurais pu à mon sens être plus rapide. Mais finalement, dans sa configuration de l’an dernier, l’auto me convenait parfaitement », analyse Alban. « Après, pour ce qui est de la météo, autant j’ai été chanceux à Abreschviller, autant là j’ai eu le sentiment que le ciel s’acharnait contre moi. Dès que je me présentais au départ je prenais la pluie, c’était un peu compliqué. »
Quatre dixièmes de secondes séparaient Geoffrey Schatz d’Alban Thomas à l’issue de la Course de Côte de Vuillafans, où le jeune Bourguignon prend l’avantage. Alban accroche donc une nouvelle cinquième place : « J’avoue que j’étais déçu de l’annulation de la troisième montée de course. On ne réécrit pas l’histoire, je ne sais évidemment pas ce qu’aurait fait Geoffrey, mais je sais que j’en avais encore sous le pied, et que j’aurais pu améliorer mon chrono. C’est vraiment dommage que ça se termine comme ça. »
C’est une nouvelle fois à la cinquième place que l’on retrouve Alban Thomas à l’arrivée du Mont-Dore. Là encore, le pilote de la F3000 estime qu’il aurait pu mieux faire : « C’est une course que j’affectionne. J’ai bien abordé les essais, mais j’ai eu plus de mal en course. J’étais bien sur le bas du tracé, mais sur le haut, j’avais du mal à trouver la cadence, et je n’arrive pas vraiment à m’expliquer pourquoi. »
La Course de Côte de Chamrousse sera plus compliquée à aborder, même si au final le résultat reste le même : « Encore cinquième », lâche Alban dans un sourire. « En termes de chronos, je suis un peu plus loin, et c’est un peu décevant. Là encore, je peux avoir des regrets de ne pas avoir opté pour les réglages que nous avions adoptés durant l’hiver. »
A Turckheim, Alban Thomas savait qu’il prenait part à sa dernière course au volant de sa F3000 Reynard 01KL. Un dernier rendez-vous sur lequel il espérait bien se mettre en avant, histoire de terminer sur une bonne note : « Là j’avais à cœur de battre Geoffrey. Lui et Cyrille (Frantz) ont connu des soucis, ce qui m’offrait une opportunité de signer un bon résultat. Mais la pluie a fait son apparition sur la dernière montée, et je n’ai pas pu améliorer le chrono réalisé par Geoffrey dans la matinée. C’était rageant car j’avais vraiment l’envie de faire un truc sur cette ultime montée. » Pour cette dernière participation avec la F3000, Alban accrochait la quatrième place sur l’épreuve alsacienne.
Comme l’an dernier, Alban Thomas s’impose sur le Challenge Open Hors Catégorie et se positionne à la cinquième place du Championnat de France de la Montagne : « Je ne peux être que satisfait de cette saison 2016. J’ai le souvenir que, l’an dernier, j’étais en panne quasiment sur chaque course, et cette année je n’ai pas connu le moindre problème », analyse-t-il. « Mon seul regret c’est d’évoluer dans une classe, la F3000, où nous sommes de moins en moins nombreux. C’est une catégorie qui demande beaucoup d’investissements, que ce soit personnels en termes de réglages, que financiers. Pour ma part j’ai limité les frais en utilisant pour l’ensemble de la saison moins de deux trains de pneus, de ce fait, le résultat est pour moi largement positif. »
Un résultat qu’Alban partage avec ceux qui n’ont pas manqué de le soutenir, et en premier lieu ses partenaires : « A ce titre je tiens à remercier la Menuiserie Gérard Lavigne à Honfleur et les Assurances Aviva à Tassin-la-Demi-Lune, qui sont des partenaires fidèles. Un grand merci à Cécile ma compagne, à Jean-Jacques mon mécano et à une jeune mécanicienne en herbe, Jeanne. » Une jeune mécanicienne qui a fêté ses 1 an le 7 juin dernier. « Merci à toute ma petite équipe avec qui nous passons des week-ends formidables. »
Le Championnat 2017 au volant d’une F3
Pour Alban, la Course de Côte est une histoire de famille. Cécile, sa compagne, et Raynald, son frère, animent également le championnat. L’année prochaine leur donnera l’occasion de se retrouver à nouveau, mais également de rivaliser. Tous trois seront en effet engagés aux volants de Formule 3 : « J’ai connu la F3000 à une époque où nous étions une quinzaine à nous battre, aujourd’hui nous nous retrouvons à deux, trois ou quatre voitures au maximum sur une épreuve, et ce n’est pas vraiment motivant », confie Alban.
« J’ai eu l’occasion de rouler avec la voiture de Cécile, cette saison, en régional, et je me suis rendu compte qu’il y avait de vraies bagarres, qu’il faut s’en donner la peine pour rivaliser avec les meilleurs de la catégorie », estime-t-il. « C’est ce qui m’a incité à me tourner vers la F3. Pour l’heure, j’ai vendu le châssis de la F3000, il me reste à vendre le moteur, et à préparer ma saison en F3. Je suis vraiment impatient d’y être. » Côté programme, il devrait être similaire à celui dont disposait Alban cette année : « Et en supplément, j’aimerais bien participer à quelques manches de la 2ème division, non pas avec de réelles prétentions, mais avant tout pour découvrir de nouveaux tracés. »
Le plaisir en toute sécurité
Fervent défenseur de la sécurité sur les épreuves, Alban scrute avec un regard très attentif les moyens mis en place sur les épreuves. Le pilote de Saint-Didier-au-Mont-d'Or court avant tout pour le plaisir, et ne peux tolérer que les week-ends de course soient gâchés par de stupides accidents : « La sortie de route fait partie intégrante de la compétition automobile, ce que l’on accepte parfaitement », explique Alban. « Ce qui est moins acceptable, c’est de voir que, sur certaines épreuves, la sécurité n’a pas été renforcée au fil des éditions, alors que nous, pilotes, avons alerté les organisateurs sur de potentiels dangers. Il serait bon que nos avis soient pris en compte, que des représentants des pilotes puissent effectuer une montée avec l’organisateur en début de week-end, pour montrer du doigt les éventuels manquements. On a parfois le sentiment qu’il y a un certain laisser-aller, que l’on n’accorde pas suffisamment d’importance à tout ce qui peut être du domaine de la sécurité, alors que cela doit être la priorité absolue. Finalement on ne demande pas grand-chose, si ce n’est d’être écouté, et surtout entendu », tient à rappeler Alban en guise de conclusion.