Pilote expérimenté en course de côte, Sébastien Delors décidait cette année de s’inscrire pour la première fois sur le Championnat de France de la Montagne. Une première participation remarquée puisqu’il remporte le Challenge Open F2000/2 et qu’il a bien failli accrocher le Trophée FFSA du groupe F2000.
S’il n’a jamais eu l’occasion de prendre part à une compétition automobile, Daniel Delors, le père de Sébastien, a toujours eu le virus des sports mécaniques fortement ancré en lui. Une passion qui l’incitait non seulement à suivre des copains rallymen mais également à leur apporter un soutien d’importance en préparant leurs voitures et en assurant ensuite l’assistance lors des week-ends de course. Sébastien ne se souvient pas de son premier rallye en tant que spectateur. Compréhensible, puisqu’il n’avait que trois mois lorsque son père l’embarquait à bord de sa poussette sur une épreuve.
Plus tard, la poussette sera remplacée par un karting. Dès l’âge de 14 ans, histoire de comprendre quelles étaient les sensations derrière le volant, Sébastien Delors engrangeait des tours de circuit en karting lors de séances de loisir. Jusqu’à sa majorité, le Bucco-Rhodaniens développait son sens des trajectoires en au volant d’un kart.
De la mécanique au volant
Mais la passion est transmissible, et Sébastien Delors ne tardait pas à vouloir imiter son père et, pour cela, il intégrait la filière Elf au sein de laquelle il officiera en qualité de mécanicien. Une expérience enrichissante qui sera suivie d’une formation dans une équipe jouissant d’une renommée internationale, celle de Michel Enjolras : « J’ai très tôt voulu faire carrière dans le sport mécanique. Je pouvais difficilement rêver de mieux que d’être formé par Michel Enjolras », confie Sébastien. Rapidement, il allait être de l’aventure Peugeot 206 S1600 sur le Championnat de France des Rallyes : « En 2003 je me suis retrouvé à m’occuper de la voiture de Cédric Robert, ensuite j’ai pu prendre part aux séances d’essais de Peugeot Sport », se souvient Sébastien qui en 2004 se voyait promu chef de voiture de Bryan Bouffier.
Au fil du temps, Sébastien Delors se spécialisait dans la mise au point des châssis de voitures de course : « Je trouvais cela passionnant. Ensuite j’ai travaillé chez Barroso Sport en 2005 et nous avons été champions de Turquie S1600 avec une Renault Clio. Après, j’ai créé ma propre société, SDC Provence, spécialisée dans la mise au point de châssis. » Difficile lorsque l’on est passionné de mécanique et de sport automobile de se contenter de préparer des voitures pour les autres. En 2008, Sébastien décidait de s’installer derrière le volant : « Pour cela, j’ai entrepris la construction d’une Peugeot 205 en configuration F2000/13. Cela me permettait de valider les idées que j’avais pu avoir lorsque je préparais des autos pour d’autres pilotes. »
S’il courait alors essentiellement en rallye, Sébastien Delors sera également au départ de plusieurs courses de côte. Après deux saisons avec laquelle il enregistrait quelques bons résultats, Sébastien prenait conscience qu’il arrivait au bout de sa petite 205 et que sa progression passait par l’adoption d’une auto plus récente. Fidèle à la marque au Lion, il optait pour une Peugeot 206, elle aussi engagée en F2000/13 : « Avec mon père nous nous sommes lancés dans la construction de cette nouvelle voiture. Nous avons créé les ailes sur mesure, les trains avant, et un ami m’a préparé un super moteur. Grâce aux réseaux de relations que j’avais au sein du sport automobile, j’ai pu bénéficier de très bonnes pièces proposées par les spécialistes dans les divers domaines. »
Là encore les résultats ne se feront pas attendre, et Sébastien enchainait rallyes et courses de côte avant qu’une casse moteur en 2014 ne le stoppe dans son élan : « Ensuite, je me suis focalisé sur la construction de ma maison et j’ai mis le sport auto entre parenthèses. » Pour son retour en 2015, Sébastien allait accumuler les participations, et en l’espace de trois saisons prendre part à une cinquantaine d’épreuves, rallyes et courses de côte cumulés : « Si mes souvenirs sont bons, j’ai dû signer une bonne quinzaine de victoires de classe en côte et près d’une trentaine en rallye », se remémore Sébastien qui, en 2017, remportait la classe F2000/13 sur la Finale de la Coupe de France des Rallyes.
En 2018, Harmonie Bagnol, qui jusqu’alors officiait en qualité de copilote aux côtés de Sébastien, décidait de passer derrière le volant, « et naturellement nous avons échangé nos baquets. Avec une Renault Clio N/3 nous avons pris part à cinq rallyes et je dois avouer que ce fut pour moi une expérience durant laquelle j’ai beaucoup appris. » Mais les sensations que procure le pilotage allaient rapidement manquer à Sébastien. Après un stage de pilotage avec Thomas Badel, il allait signer d’excellents résultats en rallye avec notamment trois victoires en F2000 et des places dans le top 5 : « Mais fin 2019, j’ai été victime d’une grosse sortie qui m’a contraint à arrêter. »
Il faudra près d’un an à Sébastien Delors pour reconstruire sa Peugeot 206 + RS, celle-là même avec laquelle il évolue aujourd’hui. Le natif d’Aubagne se relançait à l’occasion de la saison 2020, mais la Covid 19 qui entrainera l’annulation de la majorité des épreuves, réduira son calendrier sportif à sa plus simple expression : « Je n’ai fait qu’une course, le Rallye de la Sainte-Baume, avec une Clio F2000/14 que m’avait prêté un client. Ce qui me permettait de la mettre au point. » Une participation qui se soldera par une neuvième place au scratch et une victoire de groupe.
En septembre, Sébastien retrouvait le volant de sa Peugeot pour le Rallye du Cigalois, où il remporte sa classe, et le Rallye de Haute Provence où il s’impose en F2000. Les saisons suivantes seront plus calmes pour Sébastien qui prenait part à quelques épreuves en 2021 avant de faire une pause avec l’intention de repasser par la case garage pour alléger sa 206 : « Sur la fin d’année 2022 j’ai pris part à quelques courses de côte et deux rallyes. »
En quête d’un titre sur le CFM
N'ayant pas de copilote attitré à disposition pour la saison 2023, Sébastien Delors décidait de concentrer ses efforts sur la Course de Côte, et pour la première fois de s’engager sur le Championnat de France de la Montagne : « On ne va pas se mentir, dans un coin de ma tête germait l’idée d’aller chercher un titre », reconnait Sébastien qui affichait de réelles ambitions en début de saison. « L’idée était de me classer dans le top 3 du F2000 et de remporter ma classe », précise Sébastien qui, exceptée la Course de Côte de Limonest, allait découvrir toutes les manches du championnat sur lesquelles il décidait de s’engager : « Une découverte d’autant plus compliquée que je me déplace en camping-car et que j’arrive sur les courses le vendredi soir. De ce fait je ne peux reconnaitre que si une âme charitable veut bien me faire découvrir le tracé. Pour le reste, j’ai surtout bossé les vidéos. »
La première découverte aura pour cadre la Course de Côte de Bagnols-Sabran sur laquelle Sébastien Delors débutait sa saison par une superbe victoire de groupe : « Ça laisse d’excellents souvenirs, d’autant plus que je signe un nouveau record de la classe F2000/2. Mes chronos étaient plus que corrects et pour moi le championnat était bien lancé, ça me donnait l’envie de poursuivre. »
La dynamique de victoire allait se poursuivre sur le Col Saint-Pierre, où là encore Sébastien imposait sa Peugeot 206 + RS : « La principale difficulté est de se mettre dans le rythme d’entrée de jeu. Contrairement au rallye où souvent la cadence va crescendo, là il te faut être dedans de suite », analyse-t-il. « Cette victoire sur le Saint-Pierre était pour moi fabuleuse parce que c’est certainement l’épreuve la plus difficile à mémoriser, avec de nombreux endroits qui se ressemblent. Et même si j’avais bien bossé les caméras, j’ai eu plus de mal à réaliser d’excellents chronos. J’ai signé un nouveau record de classe, mais je ne suis pas parvenu à mon objectif qui était de me rapprocher des records des Kit-Car… Ça viendra au fil des ans. »
C’est à Marchampt-en-Beaujolais que l’on retrouvait Sébastien Delors sur une épreuve où la puissance des moteurs est primordiale. A l’heure de faire les comptes, on retrouve la ''Lionne'' au troisième rang derrière la Peugeot 205 de Sébastien Rochatte et la Honda Civic de Ferdinand Loton : « Ce fut un peu plus compliqué. J’étais peut-être un peu trop sur la défensive parce que je savais que Sébastien Rochatte ne faisait pas le championnat et que l’important pour moi était de marquer les points qu’il n’était pas en mesure d’enregistrer. J’ai donc roulé avec la tête et j’ai vraiment eu du mal à me lâcher. Ce fut sans nul doute la course la plus frustrante de la saison. »
La frustration allait être de courte durée. Car si la découverte de Vuillafans est toujours complexe, pour Sébastien Delors elle allait se traduire par une nouvelle victoire de groupe : « J’avais une revanche à prendre. Seb (Rochatte) avait gagné à Marchampt, c’est lui qui avait le record à Vuillafans depuis la précédente édition, donc je voulais signer un nouveau record. Finalement j’améliore ce record de plus de 2''5, et ce fut une énorme satisfaction. C’est vraiment une course magnifique, sur laquelle il n’est pas facile d’aller vite, mais j’ai adoré. »
A Dunières, Sébastien Delors se retrouvait en confrontation avec Samuel Durassier, attendu comme le favori de ce groupe F2000 sur lequel il avait déjà remporté un Trophée FFSA : « J’attendais ce duel et j’avoue que cette épreuve ne me laisse pas les meilleurs souvenirs de la saison parce que nous avons eu des problèmes mécaniques », se souvient Sébastien. « Je n’arrivais pas à faire de bons départs et les rares fois où j’y parvenais j’étais arrêté au drapeau rouge. Le grip était compliqué, vraiment j’ai dû batailler tout au long du week-end. » Au final la victoire de groupe revenait à Samuel Durassier que Sébastien allait retrouver sur le Mont-Dore.
Dans le Massif du Sancy, c’est à nouveau le Rochelais qui remportait son groupe devant la Peugeot 206 de Sébastien : « Je savais pertinemment que lorsque nous serions en confrontation directe ça serait compliqué. Je me devais de jouer derrière lui, de lui mettre la pression. Même si sur ce Mont-Dore nous n’avons fait que deux montées de course, j’en garde un bon souvenir avec un tracé en trois tronçons et une deuxième et troisième parties particulièrement intéressantes. Avec la météo changeante, on s’élançait sur le sec, on trouvait par la suite des portions humides et du brouillard, ça m’a rappelé le rallye et j’ai bien aimé. »
« Je pensais que j’allais ''ramasser'' », avoue Sébastien lorsque l’on évoque Chamrousse et un tracé difficile pour une F2000/2 face à une auto plus puissante : « N’ayant rien à perdre, j’ai tout donné. Avant cette épreuve j’étais en tête du F2000 au championnat et je ne voulais rien lâcher. On s’est rapproché de Samuel (Durassier) parce qu’il a commis une petite erreur. Au final je n’arrive pas à le devancer mais je suis content de ma prestation et je garde de cette course un excellent souvenir, même s’il y a incontestablement des lacunes d’un point de vue organisation. »
Absent à Turckheim, Sébastien Delors retrouvait Samuel Durassier à Limonest pour un ultime duel. Un duel qui tournera à l’avantage du pilote de la Honda pour 381 millièmes : « C’est la seule course de la saison que je connaissais, et on a pu voir que tout le week-end j’étais en bagarre avec lui. Ce n’est peut-être pas sa course favorite, pour ma part je n’étais pas super à mon aise, mais j’ai vraiment tout donné » confie Sébastien qui, à l’heure de s’élancer sur la dernière montée de la dernière manche du championnat, pointait en tête du groupe F2000, un dixième devant son rival. « Je savais que j’étais en tête, et quand au final sur le cumul tu perds de trois dixièmes, c’est dur à encaisser, mais c’est la course. »
Au mois de septembre, Sébastien Delors engageait sa Peugeot 206 sur le Rallye de l’Huveaune où, en compagnie de Lionel Neto, il accrochait une sixième place au scratch et remportait le F2000 : « Cela faisait onze mois que je n’avais pas disputé de rallye, je découvrais un copilote avec qui je vais rouler de plus en plus… Sur cette épreuve, un ami a été victime d’une grave sortie de route et de ce fait cela à compliqué les choses pour nous, mais nous signons un très bon résultat et ce fut une bonne séance d’essais avant d’aller à Limonest. »
Vainqueur du Challenge Open F2000/2
A l’issue de cette saison 2023, la première de Sébastien Delors sur le Championnat de France de la Montagne, il remporte le Challenge Open F2000/2 et termine deuxième du groupe F2000 au championnat, à seulement trois points de Samuel Durassier : « Le bilan personnel est largement positif, même si je regrette d’avoir manqué de concurrence dans la classe F2000/2. C’est pour cela qu’afin de me motiver je visais les records de classe. J’en ai signé il me semble six sur les huit épreuves auxquelles j’ai participé et finalement j’ai tout fait pour rivaliser avec Samuel, être au plus proche de lui. C’est clair que ça aurait été beau, avec un 1600 cm3, de terminer en tête du F2000, mais même si ça ne s’est pas fait je suis pleinement satisfait de ma saison. »
Sébastien Delors gardera un excellent souvenir de sa première saison sur le Championnat de France de la Montagne : « Il y avait vraiment une super ambiance en F2000. J’ai réellement rencontré de superbe personnes comme Gilbert Payneau, Ferdinand Loton, Jimmy Godard, Alex Vallon, Samuel Durassier, et les amis qui étaient avec nous sur les courses. Jean Pierre Metivier notamment qui a nous fait passer de superbes week-ends. Un immense merci à ma famille qui m’a suivi tout au long de la saison, à mon père qui est présent à mes côtés et qui s’occupe de ma voiture. Un grand merci également à mes partenaires : Yokohama France, Thomas Badel TB 86, Le Ny Compétition, Soben Amortisseurs, 3MO Performance, Allomeca Sport, Asa Aix-en-Provence, Martino Atelier Création, TT Mechanic, GT2i, Oreca et SDC Provence. Si d’autres sponsors veulent venir m’aider ils sont bien évidemment les bienvenus. Si certains pilotes veulent me contacter pour la mise au point de leurs châssis, ils peuvent me contacter par le biais de mon Team, SDC Provence que vous pouvez retrouver sur ma page Facebook. Je profite de l’occasion pour remercier le professionnalisme de Pierre Barré et son animation qui nous fait vibrer jusqu'au bout sur les épreuves, merci à Nicolas Millet pour les souvenirs engrangé et surtout je veux rappeler aux organisateurs qu’ils ne doivent pas oublier les amateurs que ce soit nous en F2000 comme les petites groupe N. »
Pour 2024, Sébastien Delors aimerait bien prendre part à plus de rallyes : « Sans délaisser toutefois la Course de Côte parce que vraiment j’ai bien aimé cette saison. Je serai donc certainement au départ de quelques manches du Championnat de France de la Montagne, mais je ne sais pas quelles seront les disponibilités de mon copilote. En fonction de cela, si mon programme en rallye est plus limité, je repartirai sur le CFM, même si c’est compliqué parce que mon emploi du temps professionnel est parfois difficilement conciliable avec la compétition… Mais dans un coin de ma tête, j’ai une revanche à prendre, les trois dixièmes j’ai du mal à les avaler », conclut Sébastien dans un éclat de rire.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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