Né en 1948, Daniel Demare fêtera cette année ses 70 ans. Marié à Nicole depuis 1968, il a débuté la compétition automobile en 1978. En cette année 2018, il sera titulaire d’une licence FFSA pour la 40ème année sans interruption… Le hasard a voulu que le chiffre 8 prenne une place prépondérante dans sa vie ; en revanche si Daniel est devenu au fil des ans une figure emblématique de la Course de Côte, ce n’est pas dû au hasard, mais à sa constante implication dans la discipline. Une discipline qui, au gré de ses nombreuses participations, l’a vu glaner un nombre considérable de coupes et de trophées.
Amoureux des belles mécaniques, c’est tout naturellement que Daniel Demare fera de sa passion son métier. Et à une époque où il n’était pas rare de choisir dès l’adolescence quelle serait sa destinée professionnelle pour toute une vie, il n’y a rien de surprenant de retrouver dès l’âge de 14 ans, Daniel les mains plongées dans les moteurs.
Ces rares loisirs, il les occupait à assister en spectateurs aux différentes compétitions automobiles qui se déroulaient dans le Beaujolais et sa périphérie. Dans l’esprit de Daniel, il était évident qu’il s’installerait un jour, à son tour, derrière le volant d’une auto de course. Après 16 mois de service national effectué là encore dans l’atelier mécanique de son corps d’armée, il réintégrait le garage où il avait débuté sa carrière, avant de se mettre à son compte à 23 ans.
40 ans de licences sans interruption !
C’est sept ans plus tard, en 1978, que Daniel franchissait le pas en prenant sa première licence FFSA. Depuis, le Rhodanien n’a jamais loupé une saison, et reste un des rares pilotes à avoir été licenciés quarante années consécutives. Pour cette première saison, c’est tout d’abord en slalom que Daniel Demare engageait sa Simca Rallye II, avant de prendre part à la Course de Côte de Marchampt en Beaujolais : « Dès que j’ai goûté à la Course de Côte, j’ai compris que cette discipline me correspondait totalement. A partir de ce moment-là, j’ai délaissé les slaloms pour me consacrer à la côte », explique Daniel. Il s’essaiera par la suite au rallye, une expérience qui ne lui apportera pas les mêmes satisfactions que celle éprouvées sur sa discipline de prédilection.
« C’était une époque où, malgré l’absence de sponsors, tu pouvais te permettre de rouler avec deux voitures. C’était mon cas, puisque j’avais une auto dédiée à la côte et une au rallye. Mais ça c’est un temps révolu », semble regretter Daniel, qui disposait d’une Simca pour la côte et d’une Sunbeam TI pour le rallye.
Après deux saisons, sa Rallye II sera remplacée par une autre Rallye II, configurée en groupe 2. Viendront ensuite diverses Citroën AX, Talbot Samba Rallye, Citroën Visa 1000 Pistes, « qui, avec ses quatre roues motrices, était une voiture un peu exceptionnelle en course de côte, mais une arme redoutable sous la pluie. » A l’époque où Peugeot avait repris Talbot, Daniel portait son choix sur une Samba groupe B d’usine, une auto dès plus performante : « Mais on me l’a volé sur la Course de Côte d’Ampus, et je n’avais donc plus d’auto pour terminer la saison. Christian Riehl m’a alors proposé la voiture de Chantal, son épouse, et grâce à eux, j’ai pu prendre part à mes courses préférées. C’est une chose qui se fait rare, et ça reste pour moi un excellent souvenir », évoque Daniel pour rappeler la solidarité qui peut régner parmi les Montagnards.
Daniel aura l’occasion de disposer également d’une AX Groupe A sortie des ateliers de Citroën Sport, avant de porter son choix sur les premières Honda Civic Vtec. Il restera fidèle à la marque japonaise, en engageant la première Honda Integra en Course de Côte. Côté programme, Daniel s’est toujours partagé entre épreuves régionales et nationales, « mais depuis ces 20 dernières années, je cours surtout sur les manches du Championnat de France de la Montagne, j’ai même pu faire des saisons en disputant l’ensemble du Championnat. J’ai également couru en 2ème division, où j’ai eu l’occasion de terminer parmi les dix premiers. » En 40 ans de carrière, Daniel Demare a eu l’opportunité de monter à maintes reprises sur des podiums. Il ne compte plus les victoires de classe, seuls les trophées lui rappelle ses excellents résultats : « Lorsque j’ai déménagé mon garage, j’ai compté entre 500 et 600 coupes », se souvient-il.
Retour à la propulsion avec la Mitjet
Dans l’esprit de Daniel Demare, c’est au volant d’une Honda qu’il devait disputer la saison 2017, où il était engagé sur le Championnat de France de la Montagne : « Après avoir vendu mon Integra, j’étais en quête d’une autre Integra. J’ai fait plusieurs longs déplacements pour voir des autos à la vente, mais aucune ne correspondait aux annonces. Ça m’a un peu refroidi, et en discutant avec Pascal Léonard, il m’a proposé sa Mitjet pour l’essayer sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran. J’ai refusé, parce que j’ai trop d’expérience pour ignorer que le tracé de Sabran n’est pas idéal quand tu découvres une auto. Mais j’ai accepté son offre pour faire un essai sur circuit, et dans la foulée, j’en ai acheté une. Le comportement m’a rappelé mes débuts avec la propulsion, et ça m’a tout de suite emballé. »
Mais après 35 ans de carrière sportive passés au volant de tractions avant, Daniel devait retrouver ses automatismes avec cette petite propulsion. Il était donc évident qu’en début de saison, Daniel Demare ne pouvait prétendre jouer les premiers rôles en GTTS/1 : « Mon seul objectif était de cerner le comportement de la voiture. D’ailleurs en début de saison, j’avais collé un ’’A’’ à l’arrière, me considérant comme apprenti à son volant. Plus sérieusement, je n’avais aucune prétention et je voulais juste savoir ce que je pouvais faire avec ce genre de voiture. »
La découverte de sa Mitjet en condition de course se fera à Abreschviller, où Daniel Demare prenait le temps de bien cerner le maniement de sa voiture : « Je n’avais pas d’appréhension particulière, j’ai suffisamment d’expérience pour savoir ce que je devais faire. J’ai pris le temps de comprendre, et au fil des montées j’ai amélioré mes chronos. Mais tout au long du week-end j’étais en phase d’apprentissage. Une chose est sûre, je serai présent à Abreschviller pour l’édition 2018, ne serait-ce que parce que l’accueil est super sympa. »
L’apprentissage de Daniel se poursuivra sur une épreuve qu’il connait dans ses moindres détails, puisqu’il en fut durant de nombreuses années l’organisateur : « J’ai dû disputer Marchampt 38 ou 39 fois, je savais donc à quoi m’attendre. Je me suis fait vraiment plaisir, notamment sur la ligne droite où les sensations de vitesses sont bien plus importantes qu’au volant d’une berline classique. »
Si l’on devait faire un classement des épreuves du Championnat par ordre de préférence, Vuillafans figurerait en tête sur la liste de Daniel Demare : « Ne me demandez pas pourquoi j’adore cette épreuve, c’est comme ça. En 2017, je ne maitrisais pas encore bien le maniement de la Mitjet que je n’ai pas exploité totalement. Mais je me suis fait énormément plaisir, et je pense que je devrais être en mesure d’améliorer mes chronos en 2018. »
La manque d’adhérence du tracé de Dunières ne perturbe pas un pilote aussi expérimenté que Daniel Demare, qui ne cache pas apprécier l’épreuve auvergnate : « Ce n’est pas le manque de grip qui m’a dérangé, c’est plus la méconnaissance de ma voiture qui m’a empêché d’aller plus vite », confie-t-il dans un grand sourire.
C’est sur les pentes du Mont-Dore que Daniel Demare aura ce que l’on appelle un déclic. Sur l’épreuve européenne, les sensations commençaient à venir, et le Rhodanien estime qu’à partir de ce moment-là il a pu bien mieux exploiter sa Mitjet : « Au Mont-Dore, je ne la conduisais plus, mais je commençais à la piloter », analyse-t-il. « Sur cette épreuve, je me suis vraiment fait plaisir. »
A Chamrousse ce sont six Mitjet qui seront en confrontation, mais ce n’est pas tant l’opposition que la configuration de l’épreuve alpine qui allait causer quelques problèmes à Daniel : « Négocier les épingles avec une propulsion quand tu as une longue expérience de la traction n’est pas évident. Ça vient petit à petit, et à Chamrousse je n’étais pas encore totalement familiarisé avec le comportement de la Mitjet sur ce genre de courbes. Mais au fil du week-end ça a commencé à venir. »
La Course de Côte de Turckheim laissera un excellent souvenir à Daniel Demare qui, sur le tracé alsacien parvenait à tirer profit du potentiel de sa Mitjet : « Ça allait de mieux en mieux et ça se confirmera à Limonest où j’étais vraiment à mon aise. »
La progression de Daniel Demare au fil des épreuves de cette saison 2017 ne peut que l’enthousiasmer : « Mon objectif était de découvrir et d’apprendre la voiture. Il était clair dans mon esprit que si je ne parvenais pas à m’adapter à la Mitjet, je la revendrais en fin de saison. Mais au final je suis vraiment content de cette auto, qui m’offre de très bonnes sensations et dont je commence vraiment à cerner le comportement et le potentiel. Je me languis d’être au départ de cette saison 2018. » L’enthousiasme dont fait preuve Daniel Demare ne peut que l’inciter à être au départ de la saison à venir : « Mon programme sera approximativement le même, une participation au Championnat avec quelques régionales dans le Beaujolais. En espérant que nous soyons plus nombreux à évoluer en Mitjet. »
On retrouvera donc Daniel Demare en 2018 sur le Championnat de la Montagne, pour sa 40ème année de compétition. L’occasion de fêter avec ses amis Montagnards ses 70 ans et ses 50 ans de mariage : « J’en profite pour remercier Nicole, mon épouse, qui m’a incité à rouler en Mitjet cette saison. Elle a trouvé que je m’en sortais bien lors des premiers essais, et elle m’a motivé pour que je fasse l’acquisition d’une Mitjet. Je remercie également mes partenaires, les Pompes Funèbres Frétisse à Villefranche, la librairie Develay, le traiteur Michel Guillemot à Beaujeu, grâce à qui je peux disputer le Championnat. »
Propos recueillis par Bruno Valette