Cela fait de nombreuses saisons que Billy Ritchen compte parmi les ténors du Championnat de France de la Montagne. Valeur sûre de la F3, il conserve à l’issue de cette saison 2018, sa couronne de vainqueur du Challenge Open acquise l’an dernier, et vient y ajouter un Trophée FFSA de Groupe DE.
Au début des années 2010, c’est sur le Championnat d’Europe que Billy Ritchen a acquis ses lettres de noblesses, en se classant premier français à l’issue de la saison 2011. De retour dans l’hexagone, l’Alsacien allait poursuivre sa quête de titres, et remporter en 2015 le Challenge Open F3. Un Challenge qui tombait à nouveau dans son escarcelle en 2017, et qu’il remporte une nouvelle fois cette saison, en se classant à la cinquième place du Championnat.
Détenteur du Challenge Open, Billy Ritchen avait bien évidemment comme objectif cette année de conserver son titre : « C’était la priorité, en essayant également d’aller chercher le Trophée de Groupe FFSA, puisqu’en l’absence des Formules 3000, la voie était ouverte pour nous », débute Billy. Cinquième du Championnat en 2017, l’Alsacien espérait également améliorer cette position : « Ça restait possible, l’écart qui me sépare de la quatrième place, au final de cette saison, n’est pas si important, une participation supplémentaire aurait pu changer la donne. »
C’est une Norma 2 litres, celle de Julien Français, qui devance Billy Ritchen au classement du Championnat. Et durant cette saison 2018, les observateurs de la discipline ont pu constater que les pilotes de F3 avaient eu souvent du mal à contenir les Protos : « Rien de bien surprenant… Les F3 de nouvelles générations ne sont pas évidentes à régler, et nous devons faire des compromis pour aller vite sans que ce soit au détriment de la tenue de route. De ce fait, nous perdons en vitesse de pointe, et sur les parcours rapides comme à Abreschviller ou à Marchampt, nous sommes pénalisés parce que nous concédons près de 20 km/h dans les lignes droites. Nous avions comme contrainte de favoriser l’aérodynamique, ce qui bien évidemment affecte la vitesse de pointe. Mais on savait à quoi s’attendre, nous n’étions donc pas perturbés par ce constat », explique l’Alsacien.
C’est donc au volant d’une Dallara F312 que Billy Ritchen s’engageait sur le Championnat 2018. Une nouvelle auto qui l’obligeait à partir d’une page blanche pour trouver les réglages les mieux adaptés : « Nous avons vraiment beaucoup travaillé en amont, notamment en atelier avec les ingénieurs. C’est certainement la saison que j’aie le mieux préparée en essayant de prendre en compte le moindre détail, de trouver les meilleurs compromis. » Avant de s’élancer sur le tracé de Bagnols-Sabran, manche d’ouverture de la saison, Billy Ritchen se rendait en Andalousie pour mener des tests avec Michelin : « Là nous avons vraiment déverminé la voiture de fond en comble tout en développant les nouveaux pneumatiques. Ça nous permettait de débuter la saison en ayant une bonne base de travail. Il faut garder à l’esprit que même s’il n’y a qu’un an d’écart en termes de châssis entre mon ancienne F3 et l’actuelle, nous sommes réellement dans deux univers différents. »
Billy Ritchen ne se faisait guère d’illusion au moment de rejoindre Bagnols-sur-Cèze, pour la première confrontation de la saison : « Nous avons posé la voiture par terre après avoir fait des essais en configuration côte, mais que je n’avais pas eu le temps de valider. Nous savions donc que nous allions devoir travailler tout au long du week-end pour trouver les réglages les mieux adaptés. » Sur cette première épreuve, Billy se classe troisième des F3, mais repart de Sabran avec la satisfaction d’avoir compris des choses importantes sur le comportement de sa monoplace.
Les enseignements de l’épreuve gardoise permettaient à Billy, et aux ingénieurs qui lui viennent en aide, de travailler sur l’auto afin de la rendre compétitive pour le Col Saint-Pierre, deuxième rendez-vous de la saison. Et le travail s’avérera payant, puisque l’Alsacien, quatrième au scratch, s’imposait en F3 : « Nous avons modifié pas mal de réglages pour le Saint-Pierre et même si ce n’était pas encore parfait, la progression était nette. J’avais une meilleure position dans la voiture, le feeling était meilleur et le chrono que je réalise sur la dernière montée était top, puisque d’une part je me retrouve en tête des F3 et de l’ensemble des 2 litres et d’autre part j’améliore le précédent record de plus d’une seconde et demie. »
Premier des F3 à Abreschviller, Billy positionne sa monoplace à la dixième place scratch de l’épreuve lorraine : « C’était attendu, car comme je le disais précédemment, sur les tracés rapides, nous savions que les Protos 2 litres seraient à leur avantage. Je m’impose en F3, mais je suis quatre dixièmes moins vite que l’an dernier… C’était la première course sur laquelle nous étions réellement confrontés aux problèmes d’aérodynamiques, et il a fallu énormément travailler là-dessus. On tâtonnait en étant un peu dans l’inconnue, mais cela nous a permis d’apprendre au fil des montées. Finalement, j’engrange de précieux points du côté du Challenge, je ne peux donc qu’être satisfait de mon week-end. »
Par la suite, c’est sur la Course de Côte de Saint Gouëno que Billy Ritchen poursuivait sa saison. L’Alsacien découvrait le tracé breton et l’ambiance qui règne autour de cette manifestation : « J’ai été agréablement surpris. L’accueil est très chaleureux, l’ambiance festive et le tracé est vraiment sympa. Nous avons passé un excellent week-end », commente Billy. Tout au long du week-end, l’Alsacien travaillait intensément pour parfaire les réglages de sa monoplace et les adapter à la configuration du tracé : « Au final, je termine deuxième, à trois dixièmes de David (Guillaumard), ce qui pour une épreuve que je découvrais est plutôt satisfaisant. Franchement, je suis très satisfait du résultat. Sans être dans un énorme rythme j’engrange de précieux points. Vraiment content, je ne regrette absolument pas ce déplacement en Bretagne… »
A Marchampt, Billy retrouvait un terrain connu et il n’allait pas manquer de se mettre en valeur. Dimanche soir, à l’heure de faire les comptes, il pointait en tête des monoplaces, devant la Tatuus Formula Master du local Marcel Sapin, et la F3 de David Guillaumard : « Là encore je peux avoir de réels motifs de satisfactions, puisque j’améliore mon chrono de la précédente édition, sachant que l’on était pénalisé en vitesse de pointe dans la longue ligne droite. Je ne peux pas dire que ce soit parfait, on sait qu’il faut encore travailler sur la voiture, mais les bases sont là. »
L’important finalement pour Billy Ritchen et son équipe, c’est de pouvoir sur chaque course engranger de précieux datas, qui devraient lui permettre d’être plus performant encore dans l’avenir. C’est dans cette optique que l’Alsacien abordait la Course de Côte de Vuillafans qui, à cause d’une météo capricieuse l’an dernier, lui avait laissé de mauvais souvenirs : « Autant l’an dernier la météo nous avait joué un sale tour, autant cette année c’était vraiment sympa. La voiture n’était pas encore parfaite, et il me manquait un petit truc qui m’aurait permis de me lâcher. Mais j’égale le record de la catégorie, et je n’avais jamais signé ce genre de chrono. Par rapport à l’an dernier, où j’avais battu mon record lors des essais, je suis quasiment deux secondes plus vite. Je m’impose en F3, je signe un excellent chrono, pour moi ce week-end est tout simplement génial. » Billy place finalement sa F3 au cinquième rang : « Là encore je marque de gros points et cette course me permet de prendre confiance en la voiture. »
Au Mont-Dore, s’il accroche un nouveau succès en F3 en plaçant sa Dallara au septième rang, Billy ne cache pas sa déception suite à une prestation en demi-teinte : « Nous ne sommes jamais parvenus à trouver la bonne direction dans les réglages. Bien évidemment je suis content de terminer premier des F3, mais je signe un chrono deux secondes plus lent que l’an dernier, pas de quoi me réjouir. J’avoue que cette édition du Mont-Dore est pour moi un des aspects négatifs de la saison, car j’attendais beaucoup de cette épreuve, en étant persuadé que je serais bien sur ce tracé. Ça n’a pas été le cas. »
C’est sur la Course de Côte des Rangiers que Billy comprendra les raisons de sa désillusion au Mont-Dore, en mettant le doigt sur le problème qui avait affecté sa performance. Sur l’épreuve Suisse, il classe sa Dallara au huitième rang et remporte sa classe.
A Chamrousse, à l’occasion de la onzième manche du Championnat de France, Billy Ritchen signait une nouvelle victoire en F3 en terminant l’épreuve à la sixième place : « Ce fut une course assez compliquée, notamment à cause de la gestion de la bonne pression des pneumatiques à adopter dans des conditions aussi froides. Les pneus étaient tout nouveaux, et c’était donc une première dans ces conditions. Mais je signe un chrono sympa et on n’est pas très loin du record de la F3. La performance n’est pas énorme, mais je suis content de mon week-end. »
On se souvient que l’an dernier, même s’il termine en tête des F3 sur la Course de Côte de Turckheim, Billy n’était pas satisfait de ses chronos. Une frustration pour lui qui, sur cette épreuve, évolue à domicile. Cette année, l’Alsacien s’impose à nouveau en accrochant la cinquième place au scratch, mais surtout en étant totalement satisfait de sa monoplace : « La voiture était vraiment au top. Le travail réalisé précédemment me permettait de disposer d’une auto parfaite… Mais moi je n’étais pas dedans », se désole-t-il. « Je ne comprends pas pourquoi. J’étais à la maison, en présence de tous mes partenaires, et je pense que je me suis mis trop de pression », poursuit-il. « Finalement, j’ai eu le déclic quand Alban (Thomas) m’est passé devant à l’issue de la deuxième montée. L’auto est vraiment bien et je me suis dit qu’il fallait vraiment que j’envoie. Sur la dernière montée, je m’approche de mon record, et je parviens à terminer en tête des F3 et à passer devant Julien Français qui va super vite avec son Proto… C’est tout simplement génial ! »
Absent l’an dernier à Limonest, Billy Ritchen aurait pu cette année terminer sur le podium. Mais sur la dernière épreuve de la saison, il est devancé par Alban Thomas et termine au final quatrième au scratch et deuxième des F3 : « Pour moi c’était compliqué car cela faisait 9 ans que je n’avais plus disputer cette épreuve. Ma dernière participation remontait à 2009, au volant d’une F3000. De ce fait, je ne disposais d’aucune info concernant les réglages à adopter, et en début de week-end, nous étions ’’un peu à la rue’’. Sur un tracé qui n’est pas rapide et qui comporte de nombreux virages, on savait que les réglages dont nous disposions n’étaient pas adaptés », explique Billy.
Samedi, lors des essais, l’Alsacien partait dans une mauvaise direction et se perdait dans ses réglages. Lui et son équipe consacraient la soirée de samedi à trouver un bon set-up et finalement, dimanche matin, la voiture semblait mieux lui convenir : « Sur la première montée je suis dans le rythme, ce qui me rassure. On a essayé d’aller un peu plus loin dans les réglages pour la deuxième montée, et ce n’était pas du tout ce qu’il fallait faire. Nous sommes donc revenus sur les premiers réglages pour la dernière montée, et finalement je termine à deux dixièmes d’Alban. Ce n’est pas dramatique car ça ne change rien à l’issue du Championnat, je peux juste regretter de ne pas conclure la saison par un podium. »
A l’issue de cette saison 2018, Billy Ritchen remporte à nouveau le Challenge Open F3 et, comme l’an dernier, se classe cinquième du Championnat. Mais pour la première fois de sa carrière, l’Alsacien remporte un Trophée FFSA de Groupe, en terminant premier des DE : « Le bilan est super positif puisque nous sommes parvenus à atteindre nos objectifs. A ce jour, aucun pilote de F3 n’était parvenu à remporter le Trophée DE, ce qui à titre personnel est particulièrement revalorisant, et j’avoue que j’en tire une certaine fierté. Le premier Trophée FFSA de ma carrière est pour moi quelque chose d’important, ça me tenait à cœur de le gagner, je suis donc ravi. »
Billy Ritchen a mis à profit cette saison 2018 pour étoffer un peu plus son enviable palmarès. A l’heure des récompenses, l’Alsacien tient à partager ses nouveaux trophées avec ceux qui l’ont épaulé tout au long de l’année : « Pour commencer je tiens à remercier mes mécanos Claude, Matthieu, et mon ingénieur Alan qui ont super bien bossé Tout au long de la saison. Un grand merci également à ma copine Léonie qui me soutient énormément, ainsi que mes parents. Ensuite, je veux remercier l’ensemble des mes partenaires qui me sont fidèles et sans qui rien ne serait possible : LCI group Bosch, Lubrifiant Seven, Michelin Motorsport, Agence Europa, Hwa by AMG, Tsport,, Carrosserie Cattin, Carrosserie Daddy, Opuissance 4. »
A cinq mois de la reprises du Championnat de France de la Montagne, le programme de Billy Ritchen pour la saison à venir n’est pas encore définitivement arrêté : « J’aimerais beaucoup changer de catégorie, et rouler au volant d’un Proto V8 », reconnait Billy. « Mais ma fidélité à Michelin m’incite à rester en F3, et je devrais donc être au départ la saison prochaine au volant de la même voiture, qui dispose d’une marge de progression qui est encore énorme », conclut Billy.
Propos recueillis par Bruno Valette
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