Au coup d’envoi de cette saison 2022, Billy Ritchen n’avait jamais eu l’occasion d’inscrire son nom au palmarès d’une épreuve du Championnat de France de la Montagne. A l’heure de conclure une année riche en rebondissements, l’Alsacien compte cinq victoires à son actif et surtout un premier titre de Champion de France.
En optant pour une Nova-Proto NP01 propulsée par un moteur V8, Billy Ritchen voulait avant tout miser sur l’avenir et sur la future réglementation qui devrait brider les turbos. L’Alsacien ne s’imaginait donc pas cette saison être en mesure de défendre ses chances pour le titre… Mais il était dit que les planètes allaient parfaitement s’aligner pour celui qui durant ces quinze dernières années s’est illustré en monoplace. Vainqueur de cinq des treize épreuves de la saison, Billy Ritchen connait la consécration suprême en remportant un premier titre de Champion de France de la Montagne.
Il aura fallu 15 ans de travail et de sacrifices pour en arriver là. Quinze années d’implication, d’abnégation, d’un soutien familial indéfectible pour parvenir à décrocher le Graal. Pourtant, à l’heure de se présenter au départ de cette nouvelle saison, Billy Ritchen n’avait absolument pas la prétention de coiffer la couronne : « En optant pour un moteur V8, je savais que je serais pénalisé par rapport à mes adversaires. Mais je misais sur l’avenir, sachant que la réglementation doit évoluer en bridant les turbos. A ce moment-là, avec un V8 nous joueront à armes égales. N’ayant pas les moyens de disposer d’abord d’un moteur turbo puis d’un V8, j’ai préféré choisir directement un V8 Judd », explique l’Alsacien.
C’est durant la saison 2021 que Billy Ritchen a eu l’occasion de disputer ses premières courses avec la Nova-Proto NP01. Présent à partir de Vuillafans, il accrochait un premier podium à Marchampt-en Beaujolais. Il pouvait donc espérer cette année se hisser à nouveau sur le podium : « Le titre n’était absolument pas un objectif, d’autant qu’en début de saison je disposais d’un budget pour huit épreuves, et je ne pensais pas faire l’ensemble du championnat. Clairement, nous voulions voir où nous en étions après les trois premières manches, et en fonction de ma position accroitre mon implication. J’avais donc l’espoir de faire le maximum de bons résultats sur huit épreuves, ça devait se cantonner à ça. »
Avant d’entamer sa campagne de France, Billy s’atteler à parfaire les réglages de châssis de son proto et son positionnement dans la voiture, « afin d’être vraiment à mon aise », commente-t-il. « Mais j’ai reçu le moteur une semaine avant Bagnols-Sabran. Une fois finaliser les réglages, nous avons chargé la voiture dans le camion mercredi, pour prendre part à une séance d’essais jeudi, et de là nous rendre directement à Bagnols-Sabran. Je me suis donc contenté du strict minimum en termes d’essais. »
Victoires à Sabran et sur le Saint-Pierre
La saison de Billy Ritchen débutait donc à Bagnols-Sabran, sur l’épreuve organisée par sa nouvelle ASA, puisque depuis cette année l’Alsacien est licencié à l’ASA Rhône-Cèze. Il espérait donc être en mesure de s’illustrer sur l’épreuve gardoise… Il réalisera alors ce dont rêve tout pilote, s’imposer. En inscrivant son nom au palmarès de la 51ème édition de Bagnols-Sabran, Billy Ritchen signait sa toute première victoire sur une manche du Championnat de France de la Montagne : « C’était juste énorme ! Personne ne peut s’imaginer à quel point nous avons travaillé pour être présents sur ce premier rendez-vous, et conclure le week-end par un succès, c’était juste incroyable. Durant la semaine qui a précédé la course, j’ai vraiment fait des nuits de 2 ou 3 heures pour préparer cette épreuve. Être présents était déjà un succès, gagner sur l’épreuve organisée par ma nouvelle ASA, c’était émotionnellement très fort. C’était vraiment la plus belle des victoires ! »
Manche du Championnat d’Europe de la Montagne, la Course de Côte de Saint-Jean-du-Gard - Col Saint-Pierre est un des rendez-vous mythique de la saison, et à aucun moment Billy Ritchen n’imaginait inscrire son nom au palmarès de l’épreuve cévenole. C’est pourtant la prouesse qu’il allait réaliser : « Le Saint-Pierre est une course de fou, sur laquelle j’espérais signer un bon résultat, mais jamais je n’aurais pensé viser la victoire » confie Billy. « Samedi soir, je me disais que si je parvenais à être à cinq dixièmes de Christian Merli au kilomètres ce serait déjà énorme, mais je ne me voyais pas remporter la manche française de cette épreuve inscrite au Championnat d’Europe. »
Le tracé rapide d’Abreschviller devait faire la part belle aux turbos. Billy Ritchen en était totalement conscient à l’heure de rejoindre la Lorraine. Il savait qu’il lui serait difficile de rééditer l’exploit des deux premières manches : « La topologie du tracé ne m’avantageait pas, mais je suis parvenu dimanche à signer le deuxième meilleur temps de la journée, ce qui ne pouvait que me satisfaire. Je disposais de bons réglages sur la dernière montée, et je regrette de ne pas les avoir adoptés auparavant. Je suis un peu déçu de ma quatrième place finale, mais content de mes chronos. »
Malgré sa longue expérience du championnat, Billy Ritchen n’avait jamais eu l’occasion de se rendre en Normandie pour prendre part à la Course de Côte des Teurses de Thèreval – Agneaux. L’Alsacien découvrait donc un tracé qui lui a bien plu : « Sur la dernière montée je signe un très bon chrono à seulement neuf dixièmes du record détenu par Geoffrey Schatz, je suis plutôt content de mon week-end. »
A La Pommeraye, la pluie s’invitait à la fête, et les concurrents devaient composer avec une alternance d’averses et de périodes ensoleillées qui leur offrait une route sèche. Dimanche, sur la première montée de course, les pilotes se devaient de réaliser un bon chrono car ils n’avaient aucune certitude quant à l’évolution de la météo. Billy signait le meilleur temps alors que son principal adversaire, Damien Chamberod, partait à la faute : « On savait lui est moi que cette première montée allait être décisive. Nous étions sur un terrain gras, mais en slicks, et si la pluie s’intensifiait durant l’après-midi, cette première ascension servirait de référence. Il ne fallait pas se louper, j’ai attaqué, Damien est sorti, c’est réellement dommage que ça se termine comme ça. »
Billy Ritchen gardera également d’excellents souvenirs de sa participation à Saint Gouëno où il allait chercher un nouveau succès : « C’est une belle course… Je signe des chronos à neuf dixièmes du record, je suis réellement satisfait de mon week-end…» Mais par la suite, l’Alsacien, comme il s’en doutait, n’allait pas être à pareille fête : « La succession des quatre épreuves, Vuillafans, Dunières, Marchampt et le Mont-Dore n’offrent pas des terrains sur lesquels un V8 peut tirer le meilleur parti. Je savais qu’il me serait difficile de rivaliser, et à quatre reprises je dois prendre mon mal en patience et me contenter de la deuxième place. Mais il fallait être régulier pour rester au contact. »
A Chamrousse se dessinait une nouvelle confrontation entre Damien Chamberod et Billy Ritchen. Un duel qui n’ira pas à son terme suite à la sortie de route du pilote isérois : « La lutte était intense et je savais que je ne devais rien lâcher. Après, j’ai fait un week-end tranquille parce que je savais qu’il m’était impossible de rivaliser avec le rythme imposé par la Nova-Proto turbo de Damien. J’ai fait le job pour assurer la deuxième place, avec de bons chronos à la clé, mais Damien a connu un problème et sort de la route, et la victoire me revient. Ça fait partie intégrante de notre sport, et même si ça ’’me fout sincèrement les boules’’ pour lui, parce qu’on ne souhaite jamais ça à personne, je prends ce succès qui n’est évidemment pas ma plus belle victoire. »
A l’heure de se rendre à Turckheim, Billy Ritchen savait que le titre lui tendait les bras. Sur ses terres natales, l’Alsacien rêvait de conclure par une nouvelle victoire qui serait synonyme de couronne de Champion de France. Mais le scénario sera un peu différent, un jeune Belge venant jouer les trouble-fêtes : « Il est clair que la victoire me semblait acquise alors qu’il ne restait qu’une montée d’un week-end compliqué parce que la pression était bien là » explique Billy. « Au départ de la dernière montée, la nuit tombait et visibilité était vraiment réduite. Je n’ai pas voulu forcer la cadence, estimant qu’il aurait été ridicule de gâcher la fête en endommageant la voiture. J’ai donc roulé sur un rythme sage, estimant que tout le monde ferait de même. Mais Corentin (Starck) nous a sorti un chrono digne de ce que l’on pouvait faire en pleine journée, et il vient me ravir la victoire. C’est tant mieux pour lui. »
Un premier titre de Champion de France
Billy Ritchen n’a aucun regret pour autant. Cette saison 2022 sera marquée par sa première victoire sur le championnat sur l’épreuve organisée par son ASA, et la consécration sur ses terres natales : « C’est un truc de fou… J’attaque la saison avec le secret espoir de gagner au moins une course. Au final j’en remporte cinq et je gagne le titre. Ce fut vraiment une saison de dingue, où tout est allé dans le bon sens. Mais ce que je veux avant tout retenir c’est que pour mon entourage et moi-même, c’est vraiment la concrétisation de nombreuses années de travail. J’avoue que c’est pour moi énorme d’inscrire mon nom au palmarès du Championnat de France », confie Billy.
Ce titre, fruit d’un énorme labeur, Billy veut le partager avec ceux qui se sont investis dans la réussite du nouveau Champion de France : « Je remercie tout particulièrement ma compagne Léonie ainsi que ma fille Solène qui m’ont suivie et soutenue durant toutes la saison et aidée comme jamais, tous mes amis et mécanos : Matthieu, Patty, Choupette, Jeannot, ainsi que mes parents et mon papy Ritchen qui ont cru en moi et m’ont aidée à en arriver là. Je remercie également toutes les personnes qui me soutiennent à distance ou via les réseaux sociaux : Nova Proto, EMAP, Pirelli Ivalto, Moreno Gas39, Agence Europe Cannes, LCI Group Bosch, Seven Oil, Picard Racing, Recrut Expert, Carrosserie Daddy, Carrosserie Cattin, O puissance 4, Domaine de Lascamps, Nicolas Millet Photography, l’Asa Rhône-Cèze. »
La Nova-Proto NP01 Championne de France est vendue et rejoint actuellement les Iles Canaries où elle va participer au championnat canarien des courses de côtes. Pour l’heure, Billy Ritchen attend la livraison de sa nouvelle Nova-Proto, mais le Champion de France n’a pas pour autant la certitude d’être présent sur le championnat la saison prochaine : « Tout dépendra de l’évolution de la réglementation. Si les turbos restent libres, je ne serai pas présent car il me sera impossible de défendre mes chances. Je n’ai pas envie de revivre le scénario de cette année où, sur certains tracés, je suis systématiquement devancé. Si la réglementation évolue vers une bride de turbo, je reprendrai part à un championnat complet », conclut Billy Ritchen.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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