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Classements Championnats et Vhc et 2e Div. après Limonest.
Après une belle performance réalisée à Saint-Gouëno en 2014, Charlie Martin faisait le pari pour 2015 de venir disputer le Championnat de France de la Montagne au volant d’une Formule Renault. Plus qu’un pari, une véritable aventure au terme de laquelle la pilote britannique est définitivement tombée amoureuse de la France.
Charlie n’avait qu’une dizaine d’année lorsqu’à l’école, elle faisait la connaissance d’un camarade de classe dont le père était passionné de sport automobile. Ce dernier assouvissait d’ailleurs cette passion derrière le volant, sur les courses de côte de sa région, et dans le cadre d’épreuves dont les fantasques anglais ont le secret, le Morgan threewheeler, voitures disposant de deux roues à l’avant et d’une seule à l’arrière.
Charlie ne tardait pas de suivre son ami sur les épreuves, ce qui lui permettait de découvrir le monde, si éclectique en Grande-Bretagne, de la course automobile : « J’ai le souvenir de week-ends passés dans des lieux magnifiques, de campings et de barbecues, des moments très sympas pour la petite fille que j’étais », confie Charlie. Durant près de dix ans, elle fut fidèle à ces rendez-vous conviviaux, et ne manquait pas de suivre son ami lorsque ce dernier prenait la succession de son père derrière le volant : « Je me souviens qu’à cette période, sur certaines épreuves, les pilotes avaient obligation d’embarquer une personne à leurs côtés pour atteindre le minimum du poids autorisé. Et j’ai eu l’opportunité à plusieurs reprises de me retrouver passagère… De purs moments de bonheur. » Cette expérience dans le baquet de gauche (nous sommes en Angleterre !), allait donner l’envie à Charlie de s’exprimer derrière le volant.
Une envie renforcée quand, alors qu’elle n’avait pas 20 ans, elle se rendait pour la première fois sur une épreuve mythique, les 24 Heures du Mans. La découverte de l’épreuve française et des Protos qui évoluaient sur le tracé sarthois, seront à l’origine de son amour pour la France et pour ces bolides.
Premières courses en Peugeot 205
Le permis de conduire en poche, Charlie Martin décidait d’acquérir une Peugeot 205 pour participer au Loton Park Championship, un petit championnat local sur lequel elle prenait part à sept ou huit épreuves « J’avais trouvé en Course de Côte un milieu chaleureux, très accueillant, et c’est ce qui m’a donné l’envie de me tourner vers cette discipline », confie-t-elle. « Contrairement au circuit ou au rallye où on doit disposer d’une équipe pour courir, en Course de Côte on peut tout faire seule, c’est aussi un avantage pour moi. » Apprentissage réussi pour la jeune anglaise qui, à l’issue de cette première saison, se classait deuxième ’’Rookie’’, le classement réservé aux pilotes débutants.
Par la suite, Charlie disputera le Hillclimb Leaders Championship, épreuves de doublures du Championnat Britannique des Courses de Côte : « C’était plus difficile car le niveau était plus relevé », reconnait-elle. « Mais j’ai pu courir dans cette catégorie durant quatre ans et c’est un très bon apprentissage. »
Après quatre saisons passées au volant de la 205, Charlie décidait de s’en séparer pour faire l’acquisition d’une Westfield : « C’est une auto qui s’apparente à une Caterham, et qui évolue dans un catégorie qui est très populaire en Grande-Bretagne. C’était également pour moi l’opportunité de me tester au volant d’une propulsion, car je pensais par la suite me diriger vers un Proto ou une monoplace. C’est l’auto idéale pour parfaire son pilotage. »
Au volant de cette Westfield, Charlie Martin allait découvrir notre Championnat national à l’occasion de l’édition 2014 de la Course de Côte de Saint-Gouëno. Une découverte qui se soldait par une victoire de classe assortie d’un nouveau record dans la catégorie : « Saint-Gouëno offre des facilités pour les pilotes britanniques, et j’avais depuis longtemps l’intention de participer à cette épreuve. Dès que j’ai pu saisir l’opportunité, je n’ai pas hésité », confie-t-elle. « J’ai beaucoup aimé l’ambiance, l’accueil, la longueur du tracé, et à partir de là, je n’avais qu’une idée en tête, disputer le Championnat de France de la Montagne. Mais je pensais que ce n’était pas accessible pour moi, et j’ai alors constaté que Paul Buckingham et Colin Le Maitre disputaient plusieurs épreuves en France, et je me suis dit que si mes compatriotes pouvaient le faire, je le pouvais également. »
Une Tatuus Formule Renault pour l’aventure française
La Westfield n’étant pas homologuée en France, restait à Charlie à trouver une voiture. Son choix se portait alors sur une Tatuus Formule Renault : « Je me suis aperçu que les écarts entre les Formule Renault étaient souvent assez proches sur les épreuves, et c’est ce qui a suscité mon intérêt », explique la Britannique. « J’ai eu le sentiment que la voiture n’était pas trop compliquée pour mon niveau d’expérience, tant comme pilote que comme mécanicienne. De plus ce sont de belles autos, disposant d’une boîte séquentielle, à un prix abordable. C’était donc un objectif réalisable. »
La saison de Charlie Martin allait débuter à Hébécrevon où elle se classait deuxième des Formule Renault, à moins d’une seconde de Julien Potet : « Pour être honnête, je n’arrivais pas à croire que je pouvais aussi bien m’en sortir. J’avais juste eu l’occasion de tester la voiture en circuit, et je la découvrais en course. J’étais vraiment ravie. »
A La Pommeraye, c’est à la quatrième place des Formule Renault que la britannique terminait son week-end : « Le tracé est plus rapide et c’était plus difficile pour moi, d’autant que pour la première fois j’étais confrontée aux autres animateurs du Championnat, Antoine (Betzel), Régis (Tref), Sarah (Louvet), Estel (Bouche), la concurrence était plus forte qu’à Hébécrevon. »
A Saint-Gouëno, Charlie allait retrouver le seul tracé de la saison qu’elle connaissait. L’occasion pour elle d’améliorer ses chronos, mais malheureusement le sort allait en décider autrement : « La présence de nombreux pilotes britanniques m’a mis un peu la pression. J’avais envie de bien faire parce que je savais que tout le monde m’attendait après ma bonne performance de l’année précédente. J’avais le sentiment de bien connaitre les limites de la voiture, et j’ai voulu peut-être attaquer trop fort… Et je suis sortie de la route. On apprend de ses erreurs, et tout le monde m’a dit que l’accident est quelque chose que l’on connait tous dans une saison. Mais j’étais très déçue, surtout après mes bons résultats de 2014. »
Charlie ne veut pas chercher d’excuses, elle assume pleinement sa sortie de route de Saint-Gouëno. Mais l’épreuve bretonne lui permettait de s’apercevoir qu’elle ne disposait peut-être pas des meilleurs réglages. Sa Formule Renault, initialement configurée pour le circuit, devait évoluer. Avant de poursuivre sa campagne de France, elle devait réparer sa voiture. Ce qu’elle fera toute seule, sans aide : « J’ai alors constaté que ma voiture n’était pas configurée comme on me l’avait dit, et que je devais modifier certains éléments. C’était un peu compliqué pour moi, car c’était la première fois que j’étais confrontée à une telle réparation. Je savais de plus qu’un nouvel accident mettrait un terme à ma saison, car je ne disposais pas du budget pour réparer une nouvelle fois. »
Le plateau de la Course de Côte des Beaujolais-Villages était une nouvelle fois particulièrement relevé, et Charlie allait retrouver à Marchampt une forte concurrence en Formule Renault : « C’est une course magnifique, le paysage est exceptionnel, c’est ce qui m’a marqué. Pour ce qui est du tracé, il est très rapide, et j’avais du mal à attaquer car je manquais de confiance après l’accident de Saint-Gouëno. Mais je garde tout de même un excellent souvenir de cette participation, ne serait-ce que parce que j’avais réussi à être là, après ma sortie de route à Saint-Gouëno. »
« Quel magnifique Village ! », lâche Charlie lorsque l’on évoque Vuillafans. La Britannique est tombée amoureuse de la France, de la variété de ses paysages, de l’ambiance si particulière que l’on peut trouver dans ses lieux où la vie s’écoule au rythme des saisons. « Mais quelle chaleur, je n’avais jamais connu ça, heureusement que l’on peut se baigner dans la rivière », avoue Charlie. « Ce dont je me souviens, c’est d’avoir eu un problème avec mon camion sur le trajet qui me menait à Vuillafans. Philippe Prost, l’organisateur, a tout mis en œuvre pour m’aider et pour que tout se passe pour moi dans les meilleures conditions. Je lui en suis vraiment reconnaissante », poursuit-elle. « Pour ce qui est de la course, c’était difficile sur un tracé aussi rapide, sur lequel il y avait, à cause de la chaleur, beaucoup de graviers. J’avais du mal à retrouver les trajectoires que j’avais pu visionner sur internet. C’était également difficile parce qu’à l’issue de chaque montée, j’ai dû nettoyer mes pneus, et quand on est toute seule, comme c’est mon cas, ce n’est pas évident. Mais je considère malgré tout que c’est l’un de mes meilleurs week-ends de la saison, ne serait-ce que par la beauté des lieux. »
En se rendant au Mont-Dore, Charlie Martin s’attaquait à un gros morceau : « Sur les épreuves précédentes, je retrouvais mes compatriotes Paul (Buckingham) et Colin (Le Maitre), mais là j’étais vraiment seule », se souvient-elle. « Samedi, à cause des averses, j’ai eu tout mon matériel totalement détrempé et j’avais le moral à zéro. Mais j’ai eu la chance d’avoir le soutien de Yann Marchand, un ancien pilote qui habite la région et qui m’a aidé tout au long du week-end. Sans lui, je pense que je n’aurais pas pu courir. »
A Chamrousse, Charlie retrouvait Estel Bouche et Sarah Louvet, et les trois féminines de la Formule Renault n’allaient pas manquer de se livrer un beau combat. Mais si elle apprécie l’excellent esprit qui règne avec ses adversaires, c’est une nouvelle fois la beauté des lieux qui a retenu avant tout son attention : « J’ai eu la chance de pouvoir rejoindre Chamrousse le lundi précédent l’épreuve. J’ai passé une semaine formidable qui m’a permis de faire de la randonnée, de découvrir les lieux, le tracé, d’apprendre. J’étais dans un excellent état d’esprit et j’ai passé un excellent week-end. C’était bien pour moi d’enchaîner le Mont-Dore, St Ursanne et Chamrousse, il n’y a pas mieux pour acquérir de l’expérience et être en confiance. Tout était vraiment parfait sur cette épreuve. »
C’est une nouvelle fois l’attrait du village que Charlie évoque avant toute chose lorsqu’on lui demande quels souvenirs elle garde de Turckheim : « Les fleurs partout, les maisons si typiques, tout est très joli », commente-t-elle. Mais pour ce qui est de la course, elle reconnait avoir eu quelques difficultés : « Jusqu’à présent, je roulais avec des plaquettes de freins destinées au circuit. Pour Turckheim, dernière manche de la saison, j’ai pensé qu’il était judicieux d’opter enfin pour des plaquettes dédiées à la côte, afin de les tester en vue de 2016. Mais j’ai eu quelques soucis de freins durant le week-end, et il était difficile de rouler en confiance sur un tracé aussi rapide. J’ai connu de plus des problèmes avec une caméra embarquée qui ne fonctionnait pas, ce qui m’a également pénalisé. »
Ce week-end à Turckheim sera d’autant plus difficile qu’il marquait pour Charlie la fin d’une aventure : « J’ai ressenti un sentiment de tristesse durant tout le week-end. Je savais que la saison touchait à sa fin. Dimanche soir, j’étais satisfaite de ma performance au volant, mais triste de devoir ranger le casque et les gants. »
Première féminine à Saint-Ursanne – Les Rangiers
Grâce aux pilotes du Team Macracer – Fabien Bouduban et Jean-Jacques Maitre – Charlie Martin a pu également disputer cette année la Course de Côte de Saint Ursanne - Les Rangiers. Une participation qui fut à n’en pas douter un moment fort de sa saison : « C’était une épreuve qui jouit d’une énorme renommée, et c’était un rêve d’être au départ. Le tracé est magnifique mais difficile, mais j’ai pris énormément de plaisir, d’autant que je termine première des féminines, ce qui est pour moi un immense souvenir. »
Des souvenirs, Charlie en a plein la tête. Cette saison 2015, elle l’a vécu comme un rêve : « Il y a quatre ans de ça, si quelqu’un m’avait dit que dans quelques années je disputerais le Championnat de France de la Montagne au volant d’une monoplace, je ne l’aurais pas cru », reconnait Charlie. « J’ai vécu quelques chose d’incroyable. Chaque fois que je quitte l’Angleterre pour rejoindre la France, je le vis comme une aventure. J’ai découvert un monde où on trouve une ambiance fabuleuse, des paysages fantastiques, un accueil toujours chaleureux, des rencontres extraordinaires et bien évidemment les viennoiseries et pâtisseries françaises », avoue celle qui est littéralement tombée amoureuse de la France et qui maitrise parfaitement la langue de Molière.
Ce rêve devenu réalité n’aurait pas été possible sans le soutien de nombreuses personnes qui ont aidé Charlie dans son aventure. En premier lieu ses partenaires qu’elle tient à remercier : « Un grand merci au Garage Pride, Ski Academy Switzerland, Discover Grand Prix et Jelf Motorsport Insurance. Merci également à PistonHeads pour le reportage réalisé sur ma saison, et à Nicolas Guillaume d’Échappement pour son sympathique article. »
Charlie ne veut surtout pas oublier notre Championne de France : « Un grand merci à Martine Hubert qui a fait preuve envers moi d’une extrême gentillesse en me permettant de reconnaitre à ses côtes, notamment aux Beaujolais, à Vuillafans et au Mont-Dore. Son expérience et ses conseils avisés m’ont été d’une aide précieuse. »
« Merci également à Tectri SA qui m’a permis de m’engager à St Ursanne et à l'Équipe Macracer pour ce week-end inoubliable. Je ne peux pas oublier Paul Buckingham, car c'est grâce à lui que j'ai compris qu’il était possible pour une Anglaise de réaliser son rêve de disputer le Championnat de France. Merci encore à Yann Marchand qui m’a permis de garder le sourire durant le week-end du Mont-Dore, à tous les gens qui m'ont aidé après ma sortie de piste à Saint-Gouëno, A Philippe Prost pour son aide suite à la panne de mon camion à Vuillafans, également à Pascal Mecadrot pour ses conseils, à Yann Machka et enfin à tous les gens qui m'ont aidé au départ de chaque épreuve. Ils m’ont permis d’être dans un excellent état d’esprit, et rien n’aurait été possible sans leur soutien. »
Après une telle année, il est évident pour Charlie Martin, que son aventure française connaitra une saison 2. « Je vais essayer de mettre en place un calendrier plus étoffé. Cela dépendra des budgets dont je dispose, mais il est sûr que je serai au départ du Championnat 2016. Je sais que je peux encore faire évoluer ma voiture, et l’objectif sera d’améliorer mes chronos », conclut-elle.