L’unique objectif de Gilbert Payneau était de se faire plaisir pour sa première saison sur le championnat. Mais le Vendéen qui se définit lui-même plus comme un bon conducteur que comme un pilote, a su allier plaisir et performances, pour finalement se hisser sur la troisième marche du podium de l’Open F2000/3.
Avec un peu plus de 3.000 habitants, la cité vendéenne de Bournezeau compte parmi les villages proches des côtes de l’Atlantique et qui jouissent d’une appréciable quiétude. Quiétude toutefois perturbée une fois par an à l’occasion d’une Course de Côte organisée pour la première fois en 1971. Bournezeau c’est également le village où vit depuis sa plus tendre enfance Gilbert Payneau.
Chez les Payneau, l’Automobile est une histoire de famille. Dans les années 50 c’est Henry Payneau qui sera à l’origine de la création du garage qui sera repris par la suite par son fils et que cogère aujourd’hui Gilbert… La voiture a toujours fait partie du quotidien de Gilbert qui non seulement grandissait dans l’univers de la mécanique, mais qui chaque année ne manquait pas d’accompagner son père pour assister en spectateur à la Course de Côte de Bournezeau : « Mon père s’est impliqué dans l’organisation de l’épreuve, et très tôt je me suis dit qu’un jour je prendrais part à cette course derrière le volant », se souvient Gilbert, qui durant sa jeunesse avait son attention accaparée par une toute autre discipline, puisqu’il a pratiqué le basket-ball durant de nombreuses années.
Fidèle à Peugeot !
C’est au milieu des années 80, à son retour du service national, que Gilbert Payneau décidait de franchir le pas. Fils d’agent Peugeot, agent Peugeot lui-même, il se tournait tout naturellement vers une petite ’’Lionne’’ : « J’avais dans le fond du garage une 104 ZS qui ne demandait qu’à être retapée. Nous lui avons offert un moteur de Talbot Samba groupe B et nous l’avons préparé pour la course. » Gilbert partageait alors cette auto avec Daniel Mandin qui l’engageait sur plusieurs rallyes alors que Gilbert concentrait ses participations sur des courses de côte et sur des slaloms.
Durant quatre ans, la petite 104 rendra de bons et loyaux services à ses deux pilotes avant d’être remplacée par deux 205 GTI, voiture qui a la fin des années 80 représentait un must pour ses qualités de petite sportive : « Nous avions opté pour des 205 groupe N, et de mon côté je me suis alors consacré à la course de côte, en prenant part à quelques rallyes », précise Gilbert. L’aventure 205 ne durera pas très longtemps, du moins elle connaitra une longue pause : « A cette époque j’ai repris le garage de mon père, et de ce fait je n’avais pas de temps à consacrer à la course, j’ai donc raccroché le casque et les gants. »
La pause durera près de 25 ans, avant qu’en 2016 Gilbert se décide à s’installer à nouveau derrière le volant d’une 205 GTI, mais cette fois en F2000. Un retour qui lui demandera de retrouver certains automatismes perdus depuis plusieurs années : « Que c’est difficile de revenir », avoue Gilbert. « On arrive à des âges où ça pique un petit peu de suivre la route avec des lunettes », lâche-t-il dans un éclat de rire. Pour ce retour à la compétition, Gilbert Payneau n’avait d’autre objectif que de se faire plaisir : « C’est pour cela que j’avais décidé de ne prendre part qu’à de belles épreuves, qui offrent de belles sensations. »
Et pour sa reprise, Gilbert Payneau décidait de s’attaquer à rien de moins que le Col Saint-Pierre, une des épreuves du championnat les plus difficiles à assimiler : « Le petit vendéen que je suis s’est rapidement demandé ce qu’il venait faire sur ce tracé cévenol qui est à 10.000 lieux de ce que l’on peut trouver chez nous. » Mais Gilbert pouvait alors compter sur la légendaire solidarité des Montagnards : « J’ai fait la connaissance de Claude Vézolles qui a compris que j’étais un peu perdu. Il m’a emmené avec lui pour reconnaitre le parcours et ça m’a fait gagné un temps fou. Je suis persuadé que s’il n’avait pas été là, j’aurais vécu un week-end très compliqué. »
Durant quatre ans, entre 2016 et 2020, Gilbert Payneau partait à la découverte de trois ou quatre courses du championnat par saison. C’est ainsi qu’on a pu le voir au Mont-Dore, à Chamrousse, à Turckheim, à La Pommeraye, à Saint Gouëno, à Marchampt : « J’essayais de concilier la course avec mes obligations professionnelles et un calendrier de travail chargé, ce qui n’était pas toujours simple. »
S’il roule avant tout pour se faire plaisir, Gilbert Payneau considère avec beaucoup d’humilité qu’il est un conducteur et non pas un pilote, et que durant les saisons qui ont suivi son retour, il était un peu ’’spectateur’’ au volant de sa voiture : « Et pour 2022, je me suis dit qu’il était temps de participer à un championnat. Je roulais jusqu’alors sans vraiment attaquer mais en prenant un énorme plaisir dans la voiture, et là je me suis dit qu’il fallait que je me jauge par rapport à des concurrents. Après, j’étais totalement conscient qu’il n’était pas question pour moi de défier les jeunes talents avec qui j’étais en concurrence », confie le quinquagénaire. « Je voulais également être en immersion dans l’ambiance si chaleureuse du championnat. »
Sans pression, sans prétention, Gilbert Payneau pouvait alors préparer une saison durant laquelle il allait s’atteler à prendre du plaisir : « Je n’avais aucune ambition. Comme j’ai dit à Samuel Durassier, lui aussi animateur du F2000 venu de l’Ouest, ’’le jour où je ferai des montées en terminant à une seconde de toi, je serai content’’… J’ai pour habitude de prendre comme repères des pilotes tels que Samuel ou Christian (Boullenger) qui sont des références en F2000. Quand j’arrive à me rapprocher d’eux, je suis totalement satisfait. Je garde à l’esprit qu’ils ont des années d’expériences supplémentaires par rapport à moi, et que les années perdues ne se rattrapent pas. »
Deux courses en Saxo et l’Open en 205 !
Initialement, c’est au volant d’une Peugeot 205 engagée en F2000/3 que Gilbert Payneau devait prendre part à sa première campagne de France. Mais un retard dans la préparation de sa Peugeot obligeait le Vendéen à trouver une autre auto. Et c’est au volant d’une Skoda Fabia R5 qu’il sera au départ de la Course de Côte de Bournezeau. Sur cette épreuve à domicile, il se classait troisième du Production et vainqueur du groupe A : « C’est une fabuleuse auto, pas facile à mener, mais avec laquelle j’ai pris énormément de plaisir. Par la suite, ma 205 n’étant toujours pas prête, mon préparateur a cette fois mis à ma disposition une Saxo Kit-Car que j’ai eu le jeudi précédent la Course de Côte de La Pommeraye. »
Gilbert Payneau se rendait donc en Anjou sans avoir eu l’opportunité d’essayer cette Citroën avec laquelle il allait remporter la classe A/2 : « C’est une auto hyper facile à conduire, je dis bien conduire, parce que je n’ai pas la prétention de piloter », rappelle humblement Gilbert. « La Saxo tient énormément la route, elle dispose d’un moteur génial et j’ai passé un excellent week-end à son volant, même si j’ai un peu frotté le rail à ’’la passerelle’’. Quand je m’en suis aperçu, ça a calmé mes ardeurs pour la suite. »
La suite, elle aura lieu à Saint Gouëno où la encore le Vendéen alignait sa Saxo Kit-Car. En Bretagne, il allait se heurter à une Citroën, la Saxo VTS de Jacques Tkatchenko : « J’avoue que c’est une course fabuleuse, dans une ambiance extraordinaire, mais c’est un tracé sur lequel je n’arrive pas à aller vite. Et même si je sais que je n’y arrive pas sur cette épreuve, je reviendrai à Saint Gouëno rien que pour le cadre et l’ambiance. Et puis Jacques Tkatchenko a réalisé une excellente dernière montée où il me relègue loin derrière, bravo à lui. »
A l’heure de se rendre à Marchampt, Gilbert Payneau disposait enfin de sa Peugeot 205 GTI. Et s’il était évidemment plus à son aise au volant de sa propre voiture, il devait toutefois découvrir son maniement : « J’avais couru avec une 1600 cm3 et là je disposais d’une 2 litres, ce n’est pas tout à fait la même chose. Il m’a fallu m’adapter et sur la première montée j’ai eu un peu de mal. Mais quand j’ai vu mes premiers chronos, j’étais assez impressionnés parce que je me retrouvais pas très loin de Nicolas Weisbecker. C’était pour moi enthousiasmant, mais par la suite j’ai peut-être voulu trop en faire, et j’ai fait une petite escapade dans le fossé. » Une petite fausse note mais un excellent résultat puisque Gilbert se classait deuxième du F2000.
En cette année 2022, Gilbert Payneau participait au Mont-Dore pour la troisième fois. C’est avec une 205 groupe N, qu’il y a 30 ans, il avait découvert l’ascension qui mène au sommet de la Croix Saint Robert. Il sera également au départ de l’édition 2017 avec une 205 qui cette fois évoluait en F2000/2 : « J’avais une petite connaissance de la course, mais abordée avec des autos pas très puissantes. Là, avec la 205 2 litres c’est plus délicat. C’est une épreuve qu’il faut réellement connaitre par cœur si on veut signer un résultat. Et à mon sens je manque de connaissance et je n’ai donc pas été très performant, notamment sur la partie basse qui demande un peu de cœur », analyse Gilbert. « Clairement, je suis un peu en mode diesel, il me faut le temps de me chauffer, et c’est dommage que les épreuves se terminent le dimanche soir parce que je pense que le lundi je serai plutôt pas mal », plaisante-t-il.
A l’issue de la Course de Côte de Chamrousse, c’est en tête du F2000 que l’on retrouvait Gilbert Payneau, qui quitte l’Isère avec une victoire à son palmarès : « Il manquait du monde, la dernière montée à été annulée et je dois ma victoire au cumul des deux meilleures manches », relativise Gilbert qui n’est pas adepte de l’addition des deux meilleurs temps. « Donc je ne tire pas de réelles satisfactions de ce succès, même si une victoire est toujours bonne à prendre. »
A Turckheim Gilbert Payneau retrouvait un tracé qu’il affectionne particulièrement et sur lequel il allait se mettre en avant en terminant troisième du F2000 et vainqueur de sa classe : « C’est certainement ma côte préférée, celle sur laquelle je signe ce que je considère comme mes meilleurs résultats. Au final, je suis devancé par des pilotes du cru, des gars qui roulent très forts, donc je n’ai pas à rougir. J’ai devant moi Sébastien Rochatte qui est un pilote hyper rapide, un gars que j’admire parce que j’adorerai rouler comme lui, et la 106 de Joseph Carlesso qui aux vues de ses vidéos est intouchable sur ce terrain… Mais bon, j’arrive à terminer devant quelques alsaciens, ce qui est une belle satisfaction. »
A nouveau sur le podium du F2000 à Limonest, Gilbert terminait cette fois deuxième de la classe F2000/3 : « C’était pour moi une découverte et on m’avait dit que le tracé était très piégeux, que cette épreuve était souvent le théâtre de nombreux tête-à-queue et de pas mal de sorties. J’étais sur la réserve une bonne partie du week-end et ne me suis libéré que sur la fin. Et une nouvelle fois je signe mon meilleur temps en toute fin de week-end. D’ailleurs je reste persuadé que s’il n’y avait pas le cumul, j’aurais gagné une place sur presque chacune des épreuves de la saison » analyse Gilbert en souriant.
Troisième du Challenge Open F2000/3
A l’issue de cette saison 2022, Gilbert Payneau se classe troisième du Challenge Open F2000/3. Un excellent résultat pour une première saison sur le championnat. Un résultat d’autant plus enthousiasmant que le Vendéen n’était pas en quête d’une quelconque consécration : « C’est vraiment dommage de n’avoir pas pu débuter la saison avec la 205. Mes deux premières courses avec la Saxo ne sont évidemment pas comptabilisées dans les résultats du F2000, et si j’avais pu courir toutes les épreuves dans ce groupe, j’aurais peut-être pu accrocher la deuxième place, mais c’est anecdotique. L’important c’est le plaisir que j’ai pu prendre au volant et surtout d’avoir pu partager des moments de convivialité avec les animateurs du F2000, groupe au sein duquel règne une excellente ambiance. »
Si les premiers remerciements de Gilbert Payneau vont vers Céline, son épouse, il ne veut pas oublier ses copains : « Ma femme à la gentillesse de me laisser partir faire mes courses alors qu’elle travaille, je l’en remercie, tout comme je remercie ceux qui m’accompagnent sur les épreuves : Daniel, Luc et Guy. Et bien évidemment un grand merci à tous les employés du Garage Payneau qui me permettent de partir le jeudi et de rentrer le lundi et qui assurent le boulot en mon absence. »
Les excellents souvenirs qu’il conserve de cette saison 2022 incitent Gilbert Payneau à se projeter vers une nouvelle campagne de France l’an prochain : « Je vais tout faire pour que ma voiture soit prête dès le début de la saison, afin d’attaquer dès Bagnols-Sabran, que je n’ai jamais disputé, et le Col Saint-Pierre que je veux redécouvrir. On me reverra donc sur le championnat en 2023 » confirme Gilbert Payneau.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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