Au quotidien, c’est avec le bistouri qu’il opère… En course, les prestations de Nicolas Caumon se font au volant d’une Léon. Et on peut dire que lors de ses interventions, le Docteur Caumon, a réalisé cette saison de belles opérations. Au final, pour sa première vraie participation au Championnat de France, il termine à la neuvième place du Production, deuxième du Challenge Open A/4.
Garçon raisonné, Nicolas Caumon a très tôt compris que pour s’installer derrière le volant d’une voiture de course, il lui fallait disposer de budgets. Assouvir sa passion passait donc par des études, qui allaient le mener à exercer aujourd’hui la profession de Chirurgien Orthopédiste. Mais dès le permis de conduire en poche, avant de se diriger vers le circuit qu’il considérait alors comme sa discipline de prédilection, Nicolas se portait acquéreur de petites sportives, afin de cerner le comportement de ses belles mécaniques.
De la M3 à La Supercopa
Etudiant à Clermont-Ferrand, c’est en spectateur assidu qu’il assistait alors aux nombreux rallyes et courses de côte organisés en Auvergne. A cette époque, Nicolas ne restait pas insensible aux passages des BMW M3 sur le Mont-Dore. Et c’est d’ailleurs avec un pilote de M3, Rémi Bernard, qu’il allait faire connaissance avant de tisser de profonds liens d’amitiés. C’est donc en toute logique qu’en 2012, Nicolas suivait son ami, en se portant acquéreur de la BMW avec laquelle évoluait Jean-François Ganevat.
Ses premiers pas en compétition, au volant de sa BMW Groupe N, se feront sur la Course de Côte d’Issoire. Rapidement ses bons résultats dissipaient ses doutes sur ses capacités de pilotages, même si, avec seulement six ou sept épreuves disputées en 2013, Nicolas reconnait qu’il n’était pas encore totalement familiarisé avec l’environnement de la course.
Mais en cette année 2013, Nicolas Caumon s’installait en qualité de chirurgien orthopédiste, et son activité professionnelle ne lui laissait malheureusement que peu de temps pour assouvir sa passion. Malgré tout, ses premiers résultats prometteurs en course – avec notamment un combat épique face à Louis Granjon sur les pentes du Mont-Dore – l’incitaient à poursuivre l’aventure. Une aventure qui aurait pu prendre fin sur la Course de Côte de Durtol-Orcines où, en bagarre avec Michaël Eguillon, Nicolas partait à la faute et endommageait très sérieusement sa BMW.
Pour Nicolas Caumon, il n’était alors pas question de renoncer à participer à la Course de Côte de Limonest, inscrite à son calendrier. Il décidait de suivre son ami Rémi Bernard, de louer une Seat Léon Supercopa, et de la configurer pour la côte afin de s’aligner au départ. Ce fut pour lui une révélation, car si les chronos n’étaient pas encore au rendez-vous, le plaisir était intense au volant de la belle espagnole.
Nicolas réparait sa BMW M3, avant de s’en séparer pour faire l’acquisition de la Supercopa de Rémi, et de s’engager sur le Championnat de France de la Montagne 2014, dans le cadre du Challenge Open. Bilan largement positif pour le pilote de Moulins, qui prenait un réel plaisir au volant, mais qui dans le même temps, prenait conscience qu’il manquait de roulage pour tirer la quintessence de sa monture. Un constat qui l’incitait l’an dernier, à accumuler les kilomètres en se partageant entre Course de Côte et circuits.
Un programme complet en CFM pour 2016
C’est donc un Nicolas Caumon fort d’une parfaite connaissance de sa Seat Léon Supercopa qui débutait une saison 2016 consacrée à la Montagne : « L’expérience en circuit fut particulièrement enrichissante, mais autant pour Rémi que pour moi-même, ce fut compliqué en termes d’exploitation de la voiture, de logistique et de budgets, d’autant que nous avons rencontré des problèmes mécaniques sur les deux premières courses. Mais nous avions à l’origine décidé de faire un championnat tous les deux, et c’était plaisant de pouvoir rouler ensemble », confie Nicolas.
Pour cette saison 2016, si Rémi Bernard et Nicolas Caumon allaient à nouveau rouler au sein de la même équipe, ce n’est pas ensemble mais l’un contre l’autre, qu’ils se devaient d’affronter les épreuves du Championnat de France de la Montagne : « Notre premier objectif était de disputer l’intégralité d’un championnat, et la Montagne nous paraissait la discipline la mieux appropriée compte tenu de nos impératifs, notamment professionnels. »
Pas d’hésitation concernant le choix de la voiture, la Supercopa apparait comme l’arme absolue en Groupe A, et les deux pilotes bénéficient d’une bonne connaissance de leurs Seat : « Changer de voiture, c’était repartir de zéro, il paraissait plus judicieux de mettre à profit l’expérience engrangée avec la Seat. »
Une expérience qui permettait à Nicolas, durant l’intersaison, de peaufiner les réglages de sa monture, une nouvelle Supercopa reconfigurée côte : « Mais je devais également travailler sur les tracés. En début de saison je ne connaissais que trois ou quatre épreuves auxquelles j’avais déjà participé, tout le reste était de la découverte. » En manque d’expérience sur les épreuves du Championnat, Nicolas n’affichait que des ambitions raisonnables : « Je voulais avant tout apprendre, en ayant à l’esprit dès le départ que si ça fonctionnait, je prendrais part à l’ensemble du Championnat, mais que dans le cas contraire, je me contenterais des épreuves inscrites à mon calendrier Open. »
Pour Nicolas Caumon l’aspect sportif et les résultats de la Course de Côte de Bagnols-Sabran sont totalement dérisoires. Marqué, comme ses adversaires, par le drame qui a mis un terme à cette première confrontation de la saison, il confie que s’il est impossible d’oublier cette épreuve, il est tout aussi impossible pour lui de l’évoquer.
C’est donc sur les pentes du Col Saint-Pierre que Nicolas Caumon signait un premier résultat probant, en accrochant la sixième place au scratch, la deuxième du Groupe A derrière son ami Rémi Bernard : « Le Col Saint-Pierre est avec Chamrousse une de mes épreuves préférées, et si on excepte le fait que la course a été perturbée par la météo, tout s’est bien passé pour moi. Le plateau était conséquent, et le résultat est appréciable, même s’il faut avoir l’honnêteté de reconnaitre que la météo a joué en notre faveur. Mais ce ne sera pas tout le temps le cas par la suite », commente Nicolas en souriant.
Et la suite, ce sera la Course de Côte d’Abreschviller, où cette fois c’est la neige qui viendra perturber les débats : « Ce fut un peu compliqué. Je découvrais ce tracé, qui n’est pas le mieux adapté à la Supercopa, et les conditions météos ne m’ont pas incité à attaquer à outrance. Disons que j’ai fait une course sage », estime Nicolas qui accroche en Lorraine la troisième marche du podium du Groupe A.
A Hébécrevon, Nicolas découvrait un nouveau tracé rapide, qu’il qualifie de compliqué, notamment sur le haut du parcours : « on a très peu de repères et il n’est pas évident de prendre la bonne trajectoire », analyse-t-il. « Malgré tout, j’ai trouvé ce tracé plus sympa que je ne l’imaginais, l’accueil des Normands fabuleux, et les spectateurs vraiment passionnés. Nous avons passé un excellent week-end », reconnait Nicolas qui, là encore, termine troisième du Groupe A.
La pluie allait s’inviter sur la Course de Côte de La Pommeraye et assez sérieusement perturber la hiérarchie habituelle. Malgré tout, Rémi Bernard signe une nouvelle victoire en Groupe A, et Nicolas Caumon pointe à nouveau derrière son compagnon de team : « La météo nous a obligé à tenter des coups de poker. Ce fut le cas sur la dernière montée où je me présente au départ en slicks. A la sortie du deuxième virage, j’ai eu l’impression qu’un gars me jetait des seaux d’eau sur le pare-brise… On a pris un énorme orage, mais ça n’a pas eu de conséquence, puisque le classement s’est fait sur la montée de la matinée », se souvient-il. « Pour le reste, j’avoue avoir vraiment apprécié ce tracé de La Pommeraye. »
N’ayant jamais disputé les courses de l’Ouest, Nicolas Caumon découvrait également cette année le tracé de Saint-Gouëno. Et il garde un excellent souvenir de son week-end breton : « J’ai eu vraiment du mal à être bien sur ce parcours, et je n’ai pu me lâcher que sur les deux dernières montées. Je suis vraiment content car je termine deuxième en devançant des pilotes qui ont une bonne expérience de cette épreuve. Sachant que cette année, Rémi était intouchable, une deuxième place à Saint-Gouëno est pour moi comme une victoire. Et puis l’accueil, l’organisation, les structures mises en place, font très vite oublier le long déplacement pour se rendre sur cette épreuve. »
La Course de Côte du Beaujolais permettait à Remi Bernard et Nicolas Caumon de réaliser un nouveau doublé en tête du Groupe A, sur une épreuve que le chirurgien de Moulin connaissait : « Oui, et non », avoue-t-il. « J’étais engagé sur l’édition 2014, mais je suis tombé en panne sur la ligne de départ lors de la première montée d’essais et la voiture n’a pas redémarré du week-end », se souvient-il. « Cette année, je découvrais donc le tracé, et je l’ai pris un peu comme une revanche. Au final, je signe de bons chronos. C’est certainement la course où je me suis le plus rapproché de Rémi. Mais pour cela il a fallu que je cravache, et sur une route encore glissante, j’ai fait un tête-à-queue en passant la ligne d’arrivée. C’était chaud ! »
A nouveau deuxième de Groupe à Vuillafans, Nicolas garde malgré tout, des souvenirs très mitigés de cette épreuve : « C’est certainement la course de la saison que je redoutais le plus. Le tracé est rapide et parfois il faut être à la limite. Malheureusement je l’ai franchi, et j’ai fait une grosse sortie sur la deuxième montée de course. J’ai eu ma part de chance, car le rail a bien encaissé le choc, mais il y avait vraiment de quoi se faire peur. »
Le choc latéral entrainait une casse du train avant gauche, et nécessitait une immobilisation de la Seat durant un mois pour réparer les dégâts. Marqué par sa sortie de route, Nicolas avait du mal à rentrer dans la course sur le Mont-Dore : « J’ai dû faire l’impasse sur Dunières, et je n’étais pas dans les meilleures dispositions pour affronter le Mont-Dore. Je n’arrivais pas à me lâcher, et il me faudra attendre la dernière montée pour parvenir enfin à être à peu près dans le rythme. Je suis déçu, car c’est ma troisième participation, que c’est une course que j’adore, et que j’ai toujours connu des déconvenues sur cette épreuve. »
La saison de Nicolas Caumon s’achevait sur une de ses épreuves favorites, la Course de Côte de Chamrousse, où il retrouvait un tracé large et rapide, qui convient parfaitement à la Supercopa : « J’ai retrouvé le rythme, ce qui m’a permis de me battre avec Seb Dupont, qui a vraiment progressé tout au long de la saison. Rémi était une nouvelle fois intouchable, mais on fait un doublé aux deux premières places, de quoi être totalement satisfait. »
Sa sortie de route à Vuillafans ayant grevé son budget, Nicolas Caumon décidait de ne pas se rendre à Turckheim. Un choix d’autant plus facile à faire, que cet ultime déplacement n’aurait pas pu lui permettre d’améliorer, tant sa position au Championnat que sa deuxième place au sein du Challenge Open.
C’est dans le top 10 du Championnat, plus précisément à la neuvième place que l’on retrouve Nicolas Caumon en fin de saison. Du côté du Challenge Open, il termine deuxième, derrière son équipier et ami, Rémi Bernard : « Je ne peux être évidemment que satisfait de ma saison. C’est la première fois que je dispute un championnat dans sa quasi-intégralité, nous avons bien bossé, j’ai bien progressé, et je suis vraiment content du résultat final », confie Nicolas. « Nous avons passé de supers moments tout au long de la saison, le résultat sportif est au rendez-vous, et je dois avouer que je ne pensais pas être en mesure de terminer un jour dans le top 10 du Championnat. Pour une première vraie saison, je ne pouvais pas rêver de mieux. »
A l’heure de faire le bilan, Nicolas Caumon ne garde pas à l’esprit que les résultats obtenus. Si cette saison fut aussi riche, c’est également parce qu’il a pu partager cette aventure avec des gens toujours prompts à le soutenir : « Un grand merci avant tout à Rémi Bernard et à toute sa famille pour le soutien et les conseils qu’ils m’ont apportés. Merci également à Anthony Cosson qui a pris en charge la réparation de la Supercopa suite à la sortie de route de Vuillafans. Je ne veux pas oublier mes partenaires, la société d’outillages Millmatpro et le Garage Hostomobil à Bessay-sur-Allier. »
Le programme de Nicolas Caumon pour 2017 n’est pas encore définitivement arrêté : « Je garde ma Supercopa, c’est pour le moment la seule certitude. Pour le reste, je pense que nous allons nous partager entre courses de côte et circuits, j’aimerais bien disputer des épreuves d’Endurance. Il est possible que je reparte sur un Challenge Open en Montagne, mais rien n’est encore définitif. Tout ce que l’on peut espérer, c’est que les résultats que nous avons signés cette année avec Rémi, incitent des pilotes à se porter acquéreurs de Supercopa et viennent disputer le Championnat. »