Pour sa toute première saison sur le Championnat de France de la Montagne, Ludovic Klein était en passe avec sa Saxo VTS de remporter le Trophée FFSA du F2000. L’Alsacien signe finalement un succès sur le Challenge Open F2000/2 à l’issue d’une saison qui fut pour lui synonyme de magnifiques découvertes.
Lorsqu’il était enfant, la famille de Ludovic Klein résidait à une demi-heure du magnifique village de Turckheim. La cité alsacienne ne jouit pas seulement d’un charme envoutant, elle a comme autre atout d’accueillir une manche du Championnat de France de la Montagne. Et chaque année, c’est l’oncle de Ludovic, Christian Seyller, qui l’emmenait voir cet événement très prisé des passionnés de sport automobile. Mais la Course de Côte de Turckheim n’est pas la seule manifestation accessible au public alsacien. L’Est de la France regorge d’épreuves routières, et c’est sur le Rallye Alsace-Vosges que Ludovic découvrait le sport automobile.
Lorsque l’on a cinq ou six ans, on peut tout naturellement être impressionné à la vue des monstres mécaniques, mais également subjugué par les prestations des pilotes. « Quand je serai grand, je veux faire ça ! » martelait alors Ludovic. Si son oncle n’a jamais eu l’occasion de courir, en revanche sa passion pour les belles mécaniques le poussait à restaurer des Alpine, et Ludovic passait de longues heures dans son atelier à observer la rénovation de ces légendaires automobiles.
Si enfant Ludovic n’avait pas la possibilité de s’essayer au pilotage, il se tournait vers le vélo et intégrait un club de cyclisme, excellente école pour acquérir des notions de trajectoires : « Mais mon temps libres était consacré au sport auto. J’aidais des copains pour les assistances lors de rallyes, je passais mes week-ends sur des épreuves », se souvient Ludovic.
Saxo de base à Saxo de course
Sa passion pour les voitures sportives poussait Ludovic Klein a faire l’acquisition d’une Citroën Saxo VTS. Une voiture qu’il utilisait au quotidien, notamment pour aller en cours : « Comme tout Alsacien qui aime le sport auto, je suivais les prestations de Sébastien Loeb, et qui dit Loeb dit évidemment Citroën, et donc je voulais avoir ma Saxo VTS. Mais pour disposer d’une telle auto, il fallait avoir trois ans de permis », explique Ludovic. Le jeune alsacien attendra donc la date fatidique pour troquer sa première 90 chevaux, accessible dès l’obtention du permis, contre une 120 chevaux.
L’idée de départ était alors de faire évoluer sa ’’petite bombe’’ pour la rendre plus performante : « Mais je me suis dit qu’il serait ridicule de faire le ’’Kéké’’ sur la route, de prendre le risque de me faire arrêter. Et puis cette auto laissait apparaitre quelques points de rouille, et j’ai donc souhaité la ’’remettre propre’’. » Avec l’aide de son oncle, la Saxo passait alors au banc et bénéficiait de passages de roues neufs. L’envie de courir se faisait alors de plus en plus pressante, mais la pression la plus importante venait de l’entourage familial qui avait du mal à croire au projet de Ludovic : « Dans mon entourage, tout le monde me disait qu’il me serait impossible de pratiquer le sport auto, que j’étais inconscient de ce que cela pouvait coûter… J’ai voulu les prendre au mot et un vendredi après-midi, j’ai commandé un arceau. Je l’ai fait livrer chez mon oncle et je lui ai dit ’’maintenant on ne peut plus revenir en arrière, faut qu’on y aille’’. »
L’arceau monté, en 2016 Ludovic Klein prenait part à sa première course, le slalom des 3 frontières. D’autres slaloms suivront durant cette courte saison 2016 débutée au mois d’août : « Mais c’était vraiment en pur amateur, je roulais avec pour toute assistance une caisse à outil dans le coffre d’une Peugeot 207. J’étais encore étudiant et je n’avais pas vraiment les moyens, il était donc hors de question que j’endommage ma voiture. »
En 2017, Ludovic Klein s’engageait sur ses premières course de côte régionales, histoire de pouvoir goûter un peu plus aux sensations de vitesses : « Cette année-là j’ai pu m’engager à La Broque, épreuve de 2ème Division. Au total j’ai dû faire quatre épreuves. » En 2018 Ludovic étoffait son programme en étant au départ des Courses de Côte de l’Ormont, de Steige, à nouveau de la Broque avant d’affronter le tracé de Turckheim. « J’ai également fait trois rallyes avec la Saxo durant cette saison 2018 », se souvient Ludovic.
Une expérience qui se concluait par une petite erreur de note qui envoyait la Saxo dans un muret : « Après une quinzaine de courses, j’ai connu ma première sortie. Ce fut la douche froide, je ne m’y attendais pas et j’ai eu du mal à encaisser. » Mais entre temps l’étudiant qu’était Ludovic Klein était devenu cadre commercial et pouvait donc envisager de consacrer des budgets un peu plus importants à la course : « Je me suis dit qu’il fallait que je profite de l’occasion pour réparer et apporter des évolutions à la voiture. J’ai donc fait installer une boite séquentielle, un Dashboard, un boitier… Au final, après un an et demi passée au garage la voiture s’est retrouvée entièrement préparée, avec un moteur de 200 chevaux. » Une auto qui pouvait à présent permettre à Ludovic Klein de tirer son épingle du jeu dans la classe F2000/2.
Après une longue pause, Ludovic Klein faisait son retour derrière le volant à l’occasion de l’édition 2020 de la Course de Côte de Turckheim : « Je voulais revenir sur l’épreuve de mon enfance, celle qui m’a toujours fait rêver. » Une participation qui se soldait par deux victoires de classe sur les courses disputées le samedi et le dimanche… En 2021, l’Alsacien sera au départ de cinq courses de côte et terminera la saison par une participation à la Finale de la Coupe de France de la Montagne.
Saison de découverte du championnat
Pour Ludovic Klein, l’année 2022 devait être consacrée à un projet immobilier qui malheureusement n’aboutira pas. Déçu de ne pas parvenir à réaliser ce projet, Ludovic décidait de consacrer son énergie à la course : « Lors d’une discussion avec Franck Mader, il m’a expliqué que je pouvais m’engager sur le championnat, même si je ne participais pas à toutes les courses. Dans le cadre du Cfm-Challenge je pouvais m’aligner que sur six épreuves. On était à la veille du bouclage des inscriptions pour apparaitre dans le Guide de la Montagne, et Franck a appelé Philippe Ballester, le promoteur du championnat, qui lui a dit qu’il devait impérativement recevoir mon inscription le lendemain pour figurer dans le guide. Là, ça ne me laissait pas le temps de la réflexion, j’ai foncé en me disant on calculera plus tard. »
La décision tardive ne permettait pas à Ludovic Klein d’afficher d’énormes objectifs pour cette saison : « Je savais que nous ne serions que deux dans le Challenge Open F2000/2 avec Samuel Racat, c’était un peu décevant de ne pas pouvoir rivaliser avec d’autres concurrents. L’objectif était avant tout de découvrir, d’apprendre les tracés et de me mesurer aux spécialistes du F2000 qui ont une vraie expérience depuis de nombreuses années. Mais ma priorité c’était avant tout de participer à toutes les courses prévues à mon calendrier sans rien casser. »
S’il avait déjà eu l’occasion depuis de nombreuses années de se rendre à Abreschviller en spectateur, Ludovic Klein n’avait jamais jusqu’alors affronté le court tracé Mosellan. C’est par cette épreuve que débutait sa saison : « Je savais assez bien à quoi ressemblait le parcours. Nous avons eu la chance de bénéficier d’une assez bonne météo, donc j’ai passé un très bon week-end », commente Ludovic qui terminait troisième du groupe F2000 et vainqueur de sa classe. « Mais il n’y avait pas énormément de concurrence » tient-il a rappeler en toute modestie.
Ludovic gardera un excellent souvenir de cette première épreuve en tant que pilote du Cfm-Challenge : « J’ai beaucoup aimé l’ambiance. On jouit d’une certaine considération, on nous sollicite pour des interviews, la remise des prix n’a rien à voir avec ce que l’on rencontre sur les épreuves régionales. On se retrouve au milieu de gens dont on entend parler depuis une dizaine d’années parce qu’ils jouent les premiers rôles, et là tu les croises, tu discutes avec eux, c’est très sympa. »
Après avoir pris part ensuite aux Courses de Côte de Steige et de l’Ormont où à deux reprises il terminait quatrième de son groupe, Ludovic se rendait à Vuillafans pour découvrir le tracé Franc-Comtois : « Ce sera mon coup de cœur de la saison. J’en avais entendu beaucoup parler mais je ne connaissais pas. On y trouve des portions rapides, lentes, larges, étroites, tout ce qu’il faut pour en faire une magnifique course. J’ai passé un super week-end, en me rapprochant de Sébastien Rochatte qui sur sa 205 dispose de 30 chevaux de plus que moi, vraiment tout pour me plaire », confie Ludovic qui termine troisième de son groupe et deuxième de sa classe. A Vuillafans, Ludovic Klein bénéficiait des conseils avisés de Kevin Petit, ce qui bien évidemment l’aidait dans sa progression : « C’est quelque chose que je découvrais, la façon de reconnaitre, de bien cerner le tracé. J’ai pu travailler comme il faut le faire. »
Ce n’est pas sans une certaine appréhension que Ludovic Klein rejoignait Dunières. De nombreux pilotes lui avaient confié que le tracé offrait peu d’adhérence, qu’il était très compliqué à aborder : « Et je suis donc arrivé avec des doutes en tête. Et dès le premier virage j’avoue que j’ai été un peu surpris. Finalement, j’ai surtout moyennement apprécié parce que le parcours tourne trop à mon goût. Mais sinon j’ai passé un bon week-end, même si j’ai un peu subi sur un tracé qui effectivement manque de grip », explique Ludovic que l’on retrouvait cette fois cinquième du groupe et troisième de classe.
Le pilote alsacien allait en revanche réellement apprécier le tracé de Marchampt en Beaujolais sur lequel il signait au final une victoire de classe : « Ce fut une belle découverte, sur un tracé au revêtement neuf et propre. J’aime beaucoup l’ambiance. Le seul bémol c’est que sur la dernière montée mon accélérateur est resté bloqué et je n’ai pas vraiment compris ce qu’il s’était passé », confie Ludovic qui perd près de deux minutes sur cette dernière ascension.
Afin d’aborder sa saison sans se polluer l’esprit, Ludovic abordait les courses les unes après les autres. Il allait donc découvrir les caméras embarquées du Mont-Dore après avoir bouclé l’épreuve de Marchampt : « Les premiers visionnages ne m’ont pas plu. J’avais l’impression qu’on était sur la lune, qu’il n’y avait aucun repère et que j’allais avoir beaucoup de mal à assimiler ce tracé », explique Ludovic. « Une fois sur place, mes craintes se sont un peu estompées et finalement avec les conseils de Kevin (Petit) j’ai pu bien comprendre le tracé. Mais à mon sens il faut au moins deux participations avant d’être totalement à son aise sur cette épreuve. »
Ce que Ludovic apprécie dans le championnat c’est de pouvoir disputer des vraies épreuves de montagne. A Chamrousse il allait être servi : « Le truc compliqué c’était la météo capricieuse qui parfois, avec le brouillard, réduisait la visibilité. Mais ce fut tout de même un coup de cœur car la route est belle et que j’ai pu réaliser d’excellents chronos, en étant notamment cinq secondes plus rapide qu’Antoine Esturillo qui en principe roule fort avec sa Civic », estime Ludovic. « Après, sur cette épreuve tout le monde a connu des pannes. J’ai eu la chance de casser mon embrayage le samedi, et de pouvoir repartir le dimanche. Là encore la solidarité a joué, car c’est Guy Poinsignon qui m’a trouvé un embrayage qui ressemblait au mien. On a travaillé tard avec mon oncle mais j’étais au départ dimanche. Mais durant cette journée, excepté Gilbert Payneau, tous mes adversaires ont connu des problèmes », se souvient Ludovic qui termine deuxième du F2000 et vainqueur de classe.
A Turckheim, pour sa course à domicile, Ludovic Klein allait devoir faire face à une grosse concurrence au sein du groupe F2000. L’Alsacien abordait alors son épreuve sans prendre conscience qu’elle pouvait lui permettre de remporter le Trophée FFSA du groupe F2000 : « J’étais à 10.000 lieux d’avoir fait attention à ça. Pour moi les cadors du groupe se battaient pour ce titre auquel je n’avais pas accès avec mon 1600 cm3 face aux 2 litres. Mais Nicolas Weisbecker, qui avait cassé le moteur de sa BMW à Chamrousse m’a expliqué que s’il ne marquait pas de points à Turckheim, je lui passais devant… Après, j’ai fait une course sans pression en améliorant mes chronos de deux ou trois secondes, ce qui me satisfait pleinement. J’aurais sûrement pu faire mieux, mais sur la dernière montée, mon accélérateur s’est à nouveau bloqué sur le dernier virage », se souvient l’Alsacien qui termine troisième de sa classe.
A Limonest, Ludovic Klein aura le même ressenti qu’à Dunières, sur un tracé réputé là encore glissant : « Ce fut compliqué, moins qu’à Dunières, mais j’avoue que ce n’est pas le tracé sur lequel j’ai pris le plus de plaisir », reconnait Ludovic qui une nouvelle fois montait sur le podium de sa classe.
Vainqueur du Challenge Open F2000/2
Au terme de cette saison, Ludovic Klein remporte le Challenge Open F2000/2 et tire un bilan largement positif : « Je suis hyper content parce que j’ai rencontré énormément de monde, retrouvé les copains tous les week-ends de course. Pour moi, le plaisir de courir est partagé en 50% l’envie de rouler et 50% le fait de partager des moments de convivialité avec des copains. Je suis donc super content de cette saison et de l’ambiance qui règne sur le championnat. »
Totalement satisfait de sa première saison sur le Championnat de France de la Montagne, Ludovic Klein n’oublie pas de remercier tous ceux qui l’ont soutenu dans cette aventure : « Un grand merci à Marraine et Tonton pour la transmission de la passion, Franck Mader et les Ambulances Mader pour le soutien, l'Asa Alsace, l'équipe Helium Racing pour la logistique et la bonne humeur, Kevin Petit pour ses conseils, Maxime J. Pour les dépannages de dernière minute, Guy Poinsignon qui m'a sauvé la course de Chamrousse, Céline S. pour sa patience et pour avoir faire briller la voiture et les roues après chaque course. Un immense merci à toutes les ASA organisatrices et leurs membres, ainsi qu’aux commissaires qui nous permettent de nous amuser, à tous les copains du CFM pour les bons moments passés ensemble. »
Même s’il garde un œil sur des projets immobiliers, Ludovic Klein aimerait bien repartir en 2023 : « Ca me ferait plaisir de me relancer sur un Open avec un minimum de six épreuves. Après, j’ai mis la Saxo en vente mais ce n’est pas évident de se séparer de la voiture de mes débuts, celle avec laquelle j’allais à l’école avant de la transformer en voiture de course. Mais je me laisse jusqu’en décembre pour voir si elle est vendue ou si je repars avec », conclut Ludovic.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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