Engagé cette saison sur la totalité des manches inscrites au calendrier du Championnat de France de la Montagne, Jean-Jacques Maitre a eu à maintes reprises l’occasion de s’illustrer au volant de sa Tatuus PY12. Une constante amélioration de ses chronos, lui permettent de décrocher en fin de saison, la deuxième place du Challenge Open CN/2.
Travailleur acharné, c’est à la force du poignet que Jean-Jacques Maitre a, pas à pas, développé les différentes entreprises qu’il dirige aujourd’hui. Self-made-man, il ne doit qu’à lui-même la réussite qui lui permet aujourd’hui de pouvoir pleinement assouvir ses passions. Dirigeant d’une société de construction métallique qui emploie près de 30 personnes, il préside également à la destinée d’une demi-dizaine de sociétés.
Fils d’agriculteur, Jean-Jacques n’avait, dans sa jeunesse, qu’une très vague idée de ce que pouvait être la compétition automobile. Passionné de vitesse et de trajectoire, c’est sur un vélo et en guidant des modèles réduits d’autos, qu’il disputait ses premières compétitions. Durant les années 80-90, il pratiquait le cyclisme en amateur, mais avec une véritable passion chevillée au corps. Une passion qui le poussait à créer une filière pour jeunes cyclistes, et à devenir manager d’une équipe, dans laquelle évoluera notamment Johan Tschopp, qui rejoindra par la suite l’équipe Bouygues Télécom.
On est là très éloigné du sport auto, et il faut chercher dans les résurgences de ses souvenirs d’enfance pour comprendre l’attrait que peut avoir Jean-Jacques Maitre pour la Course de Côte. C’est près de Saint-Ursanne les Rangiers que Jean-Jacques a passé son enfance. Et s’il n’a jamais eu l’occasion de se rendre sur la célèbre course, il ne manquait pas pour autant d’être intrigué par le passage des bolides, qui traversaient son village natal pour se rendre sur l’épreuve. C’est là que germait l’idée de courir un jour au volant d’une barquette.
Mais un emploi du temps professionnel particulièrement chronophage coupait court à ses aspirations, et il lui faudra attendre 2009 pour faire l’acquisition de sa première auto de course. Avant de se lancer dans la compétition, Jean-Jacques affutait son pilotage en karting et en circuit, puisqu’il participait au volant d’une Formula Master à une course du VdV et une manche du Championnat d’Italie sur circuit.
C’est au volant d’une Norma, achetée à Cyrille Frantz, qu’en 2009 il prenait part à ses premières courses de côte. Le Suisse allait enchaîner les saisons en changeant de Norma à l’issue de chacune d’entre elles. Inconscient du danger, Jean-Jacques connaitra alors deux rappels à l’ordre, sous la forme de deux sorties de routes. Aux Rangiers, il sera témoin de la disparition de Lionel Régal, avec qui il avait créé des liens privilégiés. Profondément marqué, il décidait de mettre un terme à sa carrière sportive.
Poussé par son entourage et ses partenaires, il décidait d’acheter une Formula Master pour assouvir à nouveau sa passion du pilotage. C’est à son volant qu’il participait pour la première fois à la Course de Côte de Saint-Ursanne - les Rangiers. Mais la voiture n’étant pas homologuée sur le Championnat de France, Jean-Jacques décidait de faire l’acquisition d’une Tatuus PY 12, afin de défier la meute des Norma. A la même époque, pour pouvoir courir dans les meilleures conditions, il créait la structure Macracer. Mac, initiales des prénoms de ses trois enfants, Mylène, Arnaud et Carole, auquel il ajoutait le terme Racer (coureur en anglais). Disposer d’une équipe facilite les choses, disposer de conseils judicieux les font avancer plus rapidement. C’est pour cela que Jean-Jacques décidait de rejoindre la structure de Nicolas Schatz.
En 2014, Jean-Jacques Maitre allait devoir relever un nouveau défi. Atteint par la maladie, il faisait preuve d’une belle combativité et n’abandonnait pas pour autant la compétition. Et si la maladie l’obligeait à rouler à l’économie, il parvenait en fin de saison à accrocher la deuxième place du Challenge Open CN/2 sur notre Championnat. L’année suivante, il rangeait la maladie dans le tiroir des mauvais souvenirs, et repartait pour une nouvelle campagne sur notre Championnat. Toujours au volant de sa Tatuus, il reprenait rapidement ses marques.
Nouvelle saison en Tatuus face aux Norma
Et c’est toujours au volant de sa Tatuus que, pour 2016, Jean-Jacques Maitre décidait de prendre part à l’intégralité du Championnat de France de la Montagne. Impossible toutefois de gérer à la fois ses déplacements, le transport, et la maintenance de sa voiture. Une gestion qu’il confiait à Cyrille Frantz : « Tout se passait excellemment bien avec Nico Schatz, mais il n’était pas en mesure d’assurer la gestion de ma voiture sur l’ensemble de la saison. Je me suis donc tourné vers le Frantz Racing, une structure qui se trouve à moins de 80 kilomètres de chez moi, et qui pouvait prendre en charge, le transport et l’entretien de la voiture. De plus, j’intégrais à nouveau une équipe composée de gens que j’apprécie infiniment. »
Au départ de cette nouvelle campagne, le pilote Suisse n’affichait pas d’objectif particulier : « J’ai apporté quelques changements à la voiture, mais je n’avais pas la garantie qu’ils m’apporteraient un regain de performances. Finalement, le comportement de la Tatuus s’en est trouvé modifié, et cela dans le bon sens, ce qui m’a permis d’être plus à mon aise derrière le volant. Les cartes étaient posées et le jeu est devenu simple et clair. Lors de l’unique séance d’essais que nous avons menée avant l’ouverture du championnat, j’ai compris qu’une alchimie s’opérait. »
Comme l’ensemble des concurrents engagés sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran, Jean-Jacques a été profondément marqué par l’accident qui a endeuillé la course : « On perd un copain, que dire d’autre… »
Au Col Saint-Pierre, le Suisse allait avoir le sentiment de redécouvrir sa Tatuus. Les changements apportés durant l’intersaison lui permettaient de s’exprimer pleinement, et d’accrocher au final la quatrième place du CN/2 : « Ce fut une agréable surprise. J’améliore nettement mes chronos de l’an dernier, et j’ai le sentiment d’être en parfaite osmose avec ma voiture. C’était vraiment un week-end idéal pour moi. »
Succession de podium en CN/2
C’est sur le podium du CN/2 que l’on retrouvait Jean-Jacques à l’issue de la Course de Côte d’Abreschviller, où il était devancé par Yannick Latreille et le jeune Corentin Starck : « Là encore, je ne peux être que satisfait, même si stratégiquement je reste persuadé que j’aurais pu mieux faire avec les pneus. J’ai opté pour les slicks au moment où il fallait chausser les pneus pluie, et je me suis élancé en pluie alors qu’il aurait mieux valu affronter le tracé en slicks. Je peux donc avoir quelques regrets à ce niveau-là, mais cette troisième place me satisfait pleinement, d’autant que je réalise un chrono inférieur à celui que j’avais signé en 2011 avec ma Norma. »
Neuvième au scratch à Hébécrevon, Jean-Jacques montait une nouvelle fois sur le podium du CN/2 : « Je découvrais cette course, je n’avais donc d’autre ambition que de me familiariser avec le tracé. Au final, je réduis l’écart qui me sépare de Yannick Latreille, ce qui est particulièrement réjouissant. »
La progression de Jean-Jacques Maitre allait se confirmer à La Pommeraye, où cette fois il classait sa Tatuus PY12 au huitième rang, et accédait une nouvelle fois au podium de sa classe : « Je signe un chrono en 1’04’’, je n’avais jamais fait aussi bien sur cette épreuve. La pluie est venue perturber les débats, mais c’est un avantage pour moi car elle met le pilotage en exergue et nivelle les performances des voitures. Le fait de disposer de moins de puissance, et d’avoir une surcharge de poids de soixante kilos par rapport à une Norma, me pénalise moins dans ces conditions. »
Il ne manquera à Jean-Jacques Maitre que 77 millièmes pour remporter à Saint-Gouëno une victoire en CN/2. Devancer d’une courte tête par Freddy Cadot, le Suisse ne ressent pas la moindre frustration : « Je suis très content pour Freddy. En ce qui me concerne, j’étais peut-être un peu trop relâché sur cette épreuve. Durant tout le week-end j’ai pointé en tête, et il me devance sur la dernière montée. C’est là course, et je suis ravi du résultat. »
A Marchampt, Jean-Jacques savait qu’au mieux il ne pouvait que limiter la casse : « Sur cette épreuve il faut disposer d’un moteur, la puissance de la mécanique joue pour beaucoup, et avec la Tatuus, il m’était difficile de rivaliser. Sur les tronçons les plus rapides, je rends 10 km/h à mes adversaires. Quand tu arrives en haut, tu n’as plus qu’à faire l’addition », explique-t-il. En terminant cinquième du CN/2, Jean-Jacques reconnait être un peu loin, mais il estime avoir donné le meilleur de lui-même avec le potentiel que lui offrait sa voiture.
Les pilotes étrangers seront à l’honneur sur la Course de Côte de Vuillafans. Deux Belges – Corentin Starck et Emmanuel Gonay – devancent Jean-Jacques. Mais le Suisse, qui termine à seulement 32 millièmes de la Norma qui le précède, ne peut-être que satisfait de sa prestation : « En l’espace d’un an, je gagne presque huit secondes sur ce tracé, c’est particulièrement réjouissant. Je sais que cela est dû à la progression de ma voiture, mais également au fait que je suis mieux dans ma tête. Mon seul regret, c’est que la course se soit jouée sur seulement deux montées », analyse Jean-Jacques, qui termine premier des pilotes engagés sur le Championnat. « Durant tout le week-end j’ai pu me battre avec Emmanuel Gonay, quant à Corentin (Starck) il a démontré cette saison qu’il était un pilote hyper rapide. »
A Dunières, Jean-Jacques allait connaitre sa première déconvenue de la saison. Samedi, lors de la première montée d’essais, il partait à la faute sur le premier virage : « J’ai négligé le fait que le parcours a été rallongé au départ, et je me suis fait piéger sur le premier virage. » Même si les dégâts restaient moindres, Jean-Jacques s’en sortait avec deux roues endommagées et de la carrosserie froissée… Il se voyait contraint à l’abandon : « Je n’ai pas à me plaindre, la solidité de la Tatuus m’a permis de m’en tirer sans encombre, je ne suis pas sûr qu’il en aurait été de même avec une autre voiture. »
L’accident oublié, c’est l’esprit serein que le pilote de la structure Macracer se présentait au départ du Mont-Dore. Mais sur le deuxième rendez-vous auvergnat, il allait être victime d’un incident peu commun : « Sur la première montée d’essais, mon siège s’est cassé en deux. Je pense qu’il avait dû subir un choc à Dunières, et nous ne l’avons pas vu. Ça n’a pas eu de conséquence fâcheuse, mais disons que cela m’a fait revenir sur terre, et appréhender la suite du week-end avec un rythme plus sage », confie Jean-Jacques qui profitera de cette épreuve pour faire des essais en conditions de course. « Dimanche, en fin de journée, j’ai décidé de pousser un peu plus la cadence, mais la route était dégradée par un concurrent qui avait laissé de l’huile sur le tracé. Finalement je serais le seul à améliorer sur cette ultime montée, ce qui ne m’apporte rien au classement, mais reste un motif personnel de satisfaction. »
« Une satisfaction couplée à un regain de confiance pour la suite de la saison », avoue Jean-Jacques qui attendait de pied ferme le rendez-vous de Chamrousse. Le Suisse n’avait pas eu l’occasion de rouler sur l’épreuve iséroise depuis trois ans, et redécouvrait donc le parcours : « C’est un tracé exigeant, et les habitués de l’épreuve bénéficient d’un avantage », analyse Jean-Jacques qui se classe quatrième du CN/2. « Ce que je veux retenir, c’est que je devance Benjamin (Vielmi) qui sur cette course évoluait au volant de la Norma habituellement dédiée à Corentin Starck. Et devancer un pilote de la trempe de ’’Benji’’ ne peut que me satisfaire. »
Pour conclure la saison, à Turckheim, Jean-Jacques Maitre montait une nouvelle fois sur le podium. Premier des pilotes engagés en CN/2 sur le championnat, il ne pouvait qu’être enchanté de son résultat : « Là encore, je fais évoluer mon chrono de l’année précédente de plus de sept secondes, et je fais mieux que Corentin Starck en 2015. Je ne pouvais pas espérer beaucoup mieux pour terminer la saison. »
Jean-Jacques explose ses propres chronos !
A l’heure de faire le bilan d’une saison bien remplie, Jean-Jacques Maitre l’estime largement positif : « Le résultat est au-delà de mes espérances, notamment en matière de performances pures. Sur certaines épreuves, comme le Col Saint-Pierre où Vuillafans, j’améliore mes chronos de l’an passé de six à huit secondes, c’est colossal ! » estime Jean-Jacques. « Il est possible que je me sois amélioré en termes de pilotage, mais à mon avis, l’amélioration du comportement de la voiture a énormément joué dans ma progression. »
Comme en 2014, Jean-Jacques Maitre termine deuxième du Challenge Open CN/2 : « Je suis ravi de ce résultat. L’emporter me paraissait compliqué, la concurrence était rude et ma Tatuus accuse un poids qui me pénalise par rapport aux Norma. Je ne peux donc être que totalement satisfait du résultat. »
Une satisfaction que le pilote suisse tient à partager avec ceux qui l’ont accompagné dans cette aventure : « Un grand merci au Team Frantz Racing, et à mes fidèles partenaires suisses, www.macracer.ch, RG-emplois SA, Wicona SA, Tormax SA, TOP Net Vico SA, Manufacture Paul Picot, Colorama, Tectri SA »
En guise de conclusion de ce bilan, Jean-Jacques a une pensée pour Jean-Paul Cocquelet, le Président de la Commission du Championnat de France de la Montagne, qui nous a quitté récemment, et qui fut durant de nombreuses année Directeur de Course sur notre Championnat : « C’était un homme d’exception. Lorsque j’évoluais avec la Formula Master, j’avais du mal à me faire accepter sur les épreuves françaises, et sans lui, il y a bon nombre d’épreuves que je n’aurais pas pu disputer. Je voulais avoir une pensée particulière pour lui. »
Comme il l’avait fait l’an dernier, Jean-Jacques a mis sa voiture à la vente, mais le Suisse sait qu’il est fort probable qu’il soit encore, en 2017, au départ du Championnat au volant de sa Tatuus. Seul changement notoire, la belle ne devrait plus arborer son fétiche numéro 17. Neuvième du Championnat à égalité de points avec Benjamin Vielmi, Jean-Jacques devrait disposer l’an prochain, comme le prévoit la réglementation FFSA, du numéro 9 ou du numéro 10 : « C’est une fierté pour moi de disposer d’un numéro parmi les pilotes qui évoluent dans le top 10 du Championnat. J’ai attendu de nombreuses années avant de pouvoir courir, mais jamais je n’aurais rêvé terminer parmi les 10 premiers du Championnat de France », conclut Jean-Jacques.