Sur le podium du Challenge Open DE/7

L’année 2023 fut celle de la découverte du Championnat de France de la Montagne pour Yohan Bardin. Cette saison 2024 fut celle des premiers résultats probants et se solde par une troisième place sur le Challenge Open DE/7 et par un doublé sur la Finale de la Coupe de France de la Montagne où Yohan remportait sa classe et la Coupe du Meilleur Jeune en Production.

En 2018 Yohan Bardin fêtait ses 18 ans. L’année du permis de conduire, et pour lui l’année de la toute première course de côte. Le Bourguignon attendait avec impatience cette date fatidique où il pourrait enfin, à la suite de Laurent, son père, assouvir sa passion derrière le volant. Les débuts se feront en alignant une Peugeot 206 groupe N avec laquelle il participera à huit épreuves régionales. En 2019 il poursuivait avec cette même petite ''Lionne'' et sera au départ de treize épreuves.

Absent des débats en 2020 et 2021, période durant laquelle la crise sanitaire liée à la Covid 19 avait entrainé l’annulation de nombreuses épreuves, Yohan Bardin préparait avec soin une Formule Renault. Au volant de cette monoplace il s’engageait pour une première campagne de France en 2023 et conclura la saison à la quatrième place du Challenge Open DE/7. Un challenge sur lequel il se relançait cette année avec l’intention de poursuivre sa progression : « La saison de découverte ne m’avait pas permis de réaliser d’excellentes performances », estime Yohan. « J’avais encore une grosse de progression à réaliser avec la Formule Renault c’est pour cela que j’ai poursuivi dans cette voie. 2024 devait me permettre de mettre à profit les acquis enregistrés l’année précédente. »

Afin de se présentait au départ de la campagne 2024 dans les meilleures conditions, Yohan Bardin investissait à plusieurs reprises le circuit du Bourbonnais pour mener à bien des séances d’essais préparatoires et valider les réglages de sa monoplace : « Tout semblait parfaitement fonctionner, même si l’on sait que les sensations ressenties en circuit sont souvent assez éloignées du feeling que l’on aura par la suite en course de côte. »

En quête d’un podium sur un Open DE/7 très relevé
Après avoir accroché la quatrième place du Challenge Open DE/7 en 2023, Yohan Bardin pouvait espérer cette année se hisser sur le podium : « Mais je gardais à l’esprit que notre Open était particulièrement relevé. Nous étions huit au départ et parmi les huit figuraient des pointures qui ont l’habitude de jouer les premiers rôles », analyse Yohan. « Donc pour moi le premier objectif était de rester sur la route, de construire ma saison au fil des épreuves et non pas d’aborder les courses sans penser à la suivante. Je n’avais pas le droit à l’erreur car il était pour moi primordial que je puisse engranger un maximum d’expérience », précise-t-il. « Il est clair que si tout se passait pour le mieux, il me semblait que terminer sur le podium était envisageable. »

C’est par une découverte que Yohan Bardin allait débuter sa saison puisque le jeune Bourguignon n’avait jamais eu l’occasion de rouler sur la Course de Côte de Bagnols-Sabran : « Mes chronos n’ont rien d’exceptionnels, mais l’expérience est largement positive même si je ne joue pas avec les hommes de tête. Bagnols-Sabran n’est pas la course la plus facile pour débuter une saison lorsque comme moi on découvre le tracé et que l’on manque d’expérience. J’avais conscience qu’il me restait du travail à faire mais je suis plutôt satisfait de mon week-end. »

Le Col Saint-Pierre n’autorise aucune improvisation dans son approche. Yohan Bardin en était réellement conscient et avant d’affronter le tracé cévenol il avait énormément travaillé. Pour sa première participation à l’épreuve gardoise, le Bourguignon bénéficiait des conseils de pilotes d’expérience et avait réalisé de fructueuses reconnaissances : « Tout semblait réuni pour que ça fonctionne, mais sur la première montée je lâche près de dix secondes à mes adversaires. » Malheureusement la suite ne sera guère plus encourageante, Yohan avait énormément de mal à aligner les bons chronos : « A l’issue du Col Saint-Pierre j’avais le sentiment d’avoir ''été garé'' tout le week-end. J’étais incapable de mettre un pied devant l’autre et là je me suis dit que si le reste de la saison se déroulait de la même manière ça allait être très compliqué. »

Mais sa participation à Abreschviller donnera à Yohan l’occasion de retrouver le sourire. Deuxième des Formule Renault il était devancé par le pilote le plus expérimenté de la catégorie, Didier Chaumont, et repartait de Lorraine avec la Coupe du Meilleur Jeune sous le bras : « Malgré ma sortie de route de l’an dernier, c’est une épreuve que j’apprécie. J’ai un vrai plaisir à rouler sur ce tracé », confie-t-il. « Je ne suis pas parvenu à refaire les chronos de l’année précédente, mais le résultat me satisfait pleinement parce que j’ai pu livrer de beaux combats avec Didier (Chaumont) et Simon (Taponard). » Pour ce qui est de la Coupe du Meilleur Jeune, Yohan a l’honnêteté de reconnaitre qu’elle lui échoit grâce à une défaillance de sa principale adversaire : « Mylénia (Machado) a connu un souci mécanique, et sans cela elle était devant moi. Mais bon c’est le sport auto, et c’est la première fois que je monte sur le podium d’une manche du CFM. »

En ce mois de mai, pour la première fois Yohan Bardin prenait part aux épreuves de la campagne de l’Ouest. Il découvrait donc trois tracés, très différents, et sur lesquels il allait tenter d’enrichir un peu plus son expérience : « En toute honnêteté je suis passé à côté de la campagne de l’Ouest. C’est là qu’il me fallait marquer de gros points, notamment en l’absence de Marvin (Garampon-Brunet) qui était attendu par la suite. Mais je ne suis jamais parvenu à signer de bons chronos, j’étais toujours bloqué comme ce fut le cas sur le Col Saint-Pierre. Sur les trois épreuves, je me suis réveillé le dimanche soir sur la dernière montée, c’est un peu tard… Mais malgré tout je reconnais que ce sont trois superbes épreuves qui méritent qu’on s’y attarde. »

Durant la campagne de l’Ouest, Yohan Bardin ira faire un tour dans le Val-de-Loire où en compagnie de Laurent, son père, il prenait part à la Course de Côte de Sancerre sur laquelle le duo père / fils se partageait le volant d’une Peugeot 308 Cup : « Partager un volant avec lui c’était super cool. J’avais déjà eu l’occasion de faire de la double monte avec mon frère mais jamais avec mon père et j’ai adoré », confie Yohan. « Je découvrais une auto avec laquelle je n’avais roulé qu’en circuit et c’était super sympa. Mon père a su m’aider tout le week-end pour que je sois au mieux et ça c’est super bien passé. » Laurent Bardin remportait le groupe A et la classe A/4 dans laquelle il devançait son fiston : « C’est un doublé sympa, bien sûr j’aurais préféré m’imposer, mais gagner avec une auto que tu ne connais pas c’est toujours compliqué. De plus je n’imaginais pas sortir avec la voiture de mon père, j’ai préféré donc faire preuve de prudence. Mais je suis hyper content de sa victoire, il a été au top ! »

Même si la campagne de l’Ouest ne lui a pas offert les résultats espérés, Yohan a pu cumuler du roulage. Une expérience derrière le volant qui lui sera bénéfique par la suite et qui lui permettra d’être compétitif sur les épreuves de seconde partie de saison. Ce sera le cas à Marchampt où il terminait quatrième de sa classe : « J’ai vraiment eu le sentiment d’avoir un déclic, de comprendre comment fonctionnait la voiture. C’est la première course où je parviens à me rapprocher de Marvin (Garampon-Brunet) et de Thierry (Bertin). »

Le déclic ressenti à Marchampt allait se confirmer à Vuillafans où Yohan Bardin sera dans le match pour finalement terminer deuxième des Formule Renault à seulement une seconde une de Marvin Garampon-Brunet : « C’est à mon sens la plus belle épreuve du championnat de par sa complexité. Les sensations sont énormes, on ne les ressent nulle part ailleurs et c’est un week-end où tout fonctionnait parfaitement. Mon seul regret c’est que sur la journée de dimanche nous n’ayons pu faire qu’une seule montée sur le sec, par la suite on ne pouvait plus espérer revenir. »

Yohan Bardin avait inscrit à son calendrier la Course de Côte de La Broque, manche de 2ème Division sur laquelle il allait notamment retrouver un adversaire habituel, Thierry Bertin. La confrontation alsacienne se conclura par une victoire de classe de Yohan qui devançait Thierry de près de deux secondes : « C’est ma première victoire de classe sur une manche du championnat, même si elle est en 2ème Division. J’avais trois objectifs sur cette épreuve qui était de rester en tête de la classe sur toute les montées, d’établir un nouveau record et de terminer en tête des Formule Renault. Je parviens à être premier sur l’ensemble des montées, à remporter ma classe, il ne me manque que le record. Mais c’était vraiment super cool. »

S’il devançait une nouvelle fois Thierry Bertin de trois dixièmes à Dunières, Yohan ne parvenait pas à contrer Marvin Garampon-Brunet qui remportait la classe DE/7 sur l’épreuve auvergnate : « C’est une course particulière sur laquelle il faut vraiment trouver un rythme spécifique. Avec Stéphane (Krafft) nous avons fait de bonnes reconnaissances, il m’a prodigué des conseils sur deux ou trois passages et m’a expliqué comment ne surtout pas trop en faire. C’est payant et j’avoue que c’était chaud avec Thierry qui a bien failli me repasser sur la dernière montée. »

« Je n’ai pas réussi à faire la montée parfaite, mais j’ai vécu une bonne course », résume Yohan Bardin lorsque l’on évoque sa participation au Mont-Dore. « Le plateau était étoffé, ça nous offrait de belles batailles et ça reste un excellent souvenir », ajoute le Bourguignon qui termine l’épreuve courue dans le Massif du Sancy à la quatrième place de sa classe.

La Course de Côte de Chamrousse offrait une nouvelle occasion à Yohan Bardin de monter sur le podium, puisque c’est au troisième rang qu’il bouclait l’épreuve alpine en se positionnant derrière Marvin Garampon-Brunet et Mickaël Rozand : « J’avoue que c’est un tracé sur lequel j’ai du mal, que je trouve hyper compliqué. Alors quand le dimanche soir je me retrouve en tête au scratch sur la dernière montée, et que finalement je ne suis devancé que par Fabien Bourgeon et Maxime Dojat, ça reste un super souvenir qui m’amuse encore... Alors bien sûr je dois cette performance au fait que les ténors ont pris la pluie alors qu'ils étaient en slick alors que j'avais opté pour des pneus pluie, nous n'étions que deux à avoir fait ce choix , mais quand je vois mon nom à la troisième place d’une feuille de classement, ça me fait évidemment sourire. »

Turckheim permettra une nouvelle fois à Yohan Bardin de se hisser sur le podium de la classe DE/7 en accrochant la troisième place : « Avec Vuillafans c’est une de mes épreuves préférées, c’est un truc de dingue… Mon regret c’est de ne pas être parvenu à me battre contre Marvin. Lorsque je partais en pneus soft j’étais à la ramasse dans le bas et bien dans le haut, et si j’optais pour des ultra-soft j’aurais été bien dans le bas mais en perdition sur le haut. Mais ça reste un méga week-end », reconnait Yohan. « Thierry me repasser devant sur le final, ça a vraiment bastonné. »

En termes de bataille, Yohan allait être servi à Limonest où à l’arrivée de l’épreuve rhodanienne les écarts étaient infimes entre les trois premiers. Marvin Garampon-Brunet s’impose cinq dixièmes devant Romain Pezot et une seconde devant Yohan : « Nous avons vécu de vraies montagnes russes, avec Marvin qui était un peu à la peine samedi et mieux le dimanche. Romain a commis une erreur sur la première montée de course et le lendemain ça sera chaud entre nous trois… Je ne suis pas parvenu à faire la montée parfaite, indispensable si tu vises la victoire à Limonest. » Le résultat avait une réelle importance pour Yohan, de son classement final dépendait sa position au championnat : « J’avais une feuille de calcul pour simuler les différentes possibilités tant l’écart avec Thierry (Bertin) était infime. A l’issue de Limonest, il me devance de seulement quatre points sur le Challenge Open, mais je suis devant lui pour un point au classement du Championnat de France de la Montagne. Week-end de dingue en fait ! »

La conclusion de la saison sera synonyme de parfaite réussite pour Yohan Bardin qui sur la Finale de la Coupe de France de la Montagne remportait la classe DE/7 et par la même occasion la Coupe du Meilleur Jeune : « Le week-end à Steige débutait très mal. Sur la première montée d’essais j’ai un problème électrique avec mon potentiomètre d’accélérateur qui tombe en panne. Heureusement l’équipe du Krafft Racing a pu réparer ce qui m’a permis d’être au départ de la seconde manche d’essais. » La sortie d’Anthony Jean avec qui Yohan était en lutte pour la victoire de classe lui assurait d’un succès, « mais pour le classement du Meilleur Jeune il fallait que je devance Mathéo (Mendes) et Fabien Oréal qui sont deux pilotes rapides. Sur le papier, avec sa Norma 2 litres Mathéo faisait figure de favori, mais il part à la faute sur la dernière montée et je m’impose en le devançant de 182 millièmes. Là encore c’était un truc de dingue et ça se termine par une énorme émotion avec la présence de ma famille et de toute l’équipe. »

Objectif atteint, saison positive…
Yohan Bardin termine donc la saison à la troisième place du Challenge Open DE/7, derrière Marvin Garampon-Brunet et Thierry Bertin, mais deuxième des Formule Renault sur le championnat où il prend l’ascendant sur le même Thierry Bertin. Durant cette saison le jeune Bourguignon a remporté ses premiers succès de classe et a rejoint l’arrivée de l’ensemble des épreuves sur lesquelles il était engagé : « Je pense ne pas avoir à rougir. Je n’oublie pas que je partais de loin parce que l’an dernier j’étais réellement largué. Avec le Krafft Racing nous avons travaillé main dans la main pour me faire progresser. Stéphane (Krafft) a su parfaitement me manager et me faire avancer. Pour moi le bilan est largement positif et si on m’avait présenté le bilan de cette saison en début d’année j’aurais signé tout de suite. » Yohan avoue avoir une autre petite satisfaction bien légitime : « Avec Antonin (Saintmard) nous avions notre challenge perso, et c’est moi qui le gagne », lâche Yohan dans un immense éclat de rire.

Suivi par de nombreuses personnes qui sont des soutiens inconditionnels, Yohan Bardin profite de l’occasion pour les remercier : « Avant tout un immense merci à l’ensemble de mes partenaires : Garage Bardin, My Exclusive Car Lyon, Transport Arton, Cap Nord Livraison, Alexception, Scierie Barbier, Autosur, Bernard Loiseau, la Banque Populaire, Asa Nivernais Morvan, La Boulangerie Bouhot, Amato Design, Nicolas Millet Photography, Carrosserie de Lavallonais, Auto-Ecole Joël, Chalet du Lac, Festins les Petits Bonheurs et le Paddock des Loups. Un immense merci également au Krafft Racing et tout particulièrement à Stéphane qui a su m’apporter une aide précieuse tout au long de la saison, et une mention spéciale pour Coco et Owen avec qui j’ai travaillé main dans la main. C’est aussi grâce à lui que nous parvenons à ce résultat. Un chaleureux merci à mes parents et à mes proches qui m’ont suivi sur les courses et qui ont fait les déplacements jusque sur la campagne de l’Ouest. Je rends hommage à Marvin (Garampon-Brunet) et à Thierry (Bertin) avec qui nous avons eu de belles confrontations dans un excellent esprit. Ces combats ont été une saine émulation et nous ont tiré vers le haut. »

En 2025 Yohan Bardin sera à nouveau un animateur assidu du Championnat de France de la Montagne puisqu’il a la ferme intention d’être au départ de la totalité des manches inscrites au calendrier : « Reste à savoir avec quelle voiture je vais me lancer. Ce n’est pas encore clairement défini mais ce sera un Proto ou une monoplace de dernière génération. Une chose est sûre, j’évoluerai toujours au sein du Krafft Racing », conclut Yohan.


©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com

 

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