Fidèle à la Peugeot 309 GTI 16S, Arnaud Clavel se relançait cette saison pour une campagne de France dans le cadre du Cfm-Challenge. Et même si le Drômois ne dispose pas de l’auto la plus performante, sa régularité et de belles performances lui permettent pour la seconde année consécutive de terminer à la deuxième place du Challenge Open F2000/3.
Cela fait maintenant plus de 10 ans qu’Arnaud Clavel sillonne rallyes et courses de côte au volant de sa Peugeot 309 GTI. Autant dire que le Drômois maîtrise parfaitement le comportement de sa ’’Lionne’’. Et même s’il a dû affiner son pilotage pour troquer son style ’’rallye’’ riche en glissades pour celui plus sobre que requiert la course de côte, il a toujours maintenu sa Peugeot dans les meilleures dispositions. S’il a su faire bénéficier à sa 309 de différentes améliorations au fil des ans, c’est durant l’hiver 2020 – 2021 qu’Arnaud travaillait de manière plus affinée sur sa Peugeot afin de lui offrir quelques améliorations du côté du châssis et du moteur, et quelques ajustements pour lui faire perdre quelques kilos superflus. Un passage nécessaire pour le Drômois qui décidait de s’attaquer au Championnat de France de la Montagne.
Arnaud ne prendra part finalement qu’à quatre épreuves des huit épreuves inscrites l’an dernier au calendrier, mais ses bons résultats lui permettaient de se classer deuxième du Challenge Open F2000/3. Une expérience courte mais enrichissante, qui le motivait à repartir pour une campagne plus étoffée en cette année 2022 : « Avec le travail réalisé la saison précédente, nous n’avons pas eu besoin d’apporter d’évolution particulière à la voiture, seule une bonne révision a été nécessaire », confie Arnaud pour expliquer son approche de cette nouvelle saison.
Découvrir et tenter de rivaliser
Avant que ne soit lancé le championnat 2022, Arnaud Clavel savait qu’il faisait là sa dernière saison avec la 309 GTI : « Nous avions déjà avancé dans nos projets futurs, mais avant de me séparer d’une auto avec qui j’ai connu énormément de choses depuis 2009, je voulais découvrir de nouvelles épreuves », explique-t-il. A son programme figuraient en effet trois rendez-vous importants qu’Arnaud n’avait jamais eu l’occasion d’aborder : Bagnols-Sabran, le Col Saint Pierre et Vuillafans.
Sur le papier, en début de saison, Arnaud Clavel ne faisait pas figure de favori. Même si la Peugeot 309 GTI se présente comme une auto performante, elle peut difficilement rivaliser avec la BMW 318 Compact de Nicolas Weisbecker, la Clio R.S de Christian Boullenger, la Peugeot 205 de Gilbert Payneau et la Honda Civic de Samuel Durassier qui, s’il n’était pas inscrit au Cfm-Challenge, était bel et bien présent sur le championnat : « Dans mon esprit, si je parvenais à terminer deuxième comme l’an dernier, c’était vraiment un excellent résultat. Je n’imaginais certainement pas pouvoir remporter l’Open, mais j’espérais qu’en étant régulier je parviendrais à tirer mon épingle du jeu », avoue Arnaud.
Pour débuter la saison, Arnaud Clavel se présentait donc à Bagnols-Sabran pour découvrir une épreuve qui cette année se disputait sous des températures hivernales : « Certes il faisait froid, mais j’ai adoré ce tracé typé rallye. Même si je découvrais j’ai pu me battre avec des autos plus performantes que la mienne, et j’arrive à accrocher la troisième place de ma classe derrière la Clio de Guy Marcon qui connait parfaitement cette épreuve. J’étais agréablement surpris du résultat sur une épreuve très bien organisée. »
« C’est vraiment magique ! » lâche Arnaud à l’heure d’évoquer la Course de Côte de Saint-Jean-du-Gard – Col Saint-Pierre. « Quel fabuleux tracé. Je ne connaissais pas et dans la voiture c’est magique : le parcours, le village, l’environnement. Là encore j’ai passé un excellent week-end même si le tracé est compliqué à assimiler », analyse Arnaud qui impose sa 309 en tête de sa classe sur l’épreuve française du Championnat d’Europe. « Ce début de saison, à Sabran et sur le Saint-Pierre resteront d’excellents souvenirs. »
Il faudra attendre Vuillafans pour retrouver le Drômois qui avoue avoir été enchanté par ce coin de Franche-Comté : « Le championnat permet de découvrir des endroits que l’on ne soupçonne pas, la vallée de la Loue en fait partie. L’accueil est génial, l’ambiance dans le camping est top… Pour ce qui est de la course il faut vraiment avoir des chevaux, et même en donnant tout ce que je pouvais donner, il m’était impossible de jouer la victoire », confie Arnaud qui, à la redescente de la deuxième montée, voyait le voyant d’alerte de pression d’huile s’allumer : « Et de ce fait je n’ai pas pris part à la dernière montée pour ne pas risquer de tout casser. » Finalement le souci venait d’un simple problème de faisceau électrique, ce qui n’empêchait pas le pilote de la 309 de terminer une nouvelle fois troisième de sa classe.
S’il découvrait ses trois premières courses du début de saison, par la suite Arnaud Clavel allait retrouver des parcours qu’il avait déjà eu l’occasion d’affronter. Ce sera le cas à Dunières où on le retrouvait une nouvelle fois au troisième rang de la classe F2000/3 : « Le plateau du F2000 était particulièrement étoffé, mais j’ai essayé de me battre avec la Saxo Kit-Car de Jérémy Bonnefoy qui compte parmi les pilotes du coin. Après, Gilbert Payneau n’avait toujours pas achevé la préparation de sa 205 et Christian Boullenger, qui était revenu sur moi après la campagne de l’Ouest, n’était pas présent à Dunières. Je signe donc un bon résultat pour le challenge, en améliorant mes chronos de l’an dernier. »
Si Marchampt a la réputation de favoriser les voitures puissantes, la course dans le Beaujolais est également très prisée de nombreux pilotes, ce qui explique la richesse des plateaux. Et une nouvelle fois Arnaud Clavel allait retrouver une forte opposition sur ce terrain : « On ne savait pas comment aborder ce nouveau revêtement, mais finalement ça se passe bien. J’améliore mon chrono de l’an dernier de plus de six secondes. Alors certes, le nouvel enrobé favorise les améliorations, mais pas une telle progression, ce qui démontre que j’étais particulièrement bien durant ce week-end. » Incisif, Arnaud ira même chercher la limite : « Sur un des passages à la cellule, je me suis retrouvé sur deux roues. Là je me suis dit qu’il fallait que le voiture se repose immédiatement sur ses roues parce que le rail se rapprochait rapidement. »
A Chamrousse, épreuve qu’il affectionne, Arnaud Clavel positionnait sa Peugeot 309 GTI à la deuxième place de sa classe, quatrième du groupe F2000 : « J’ai eu ma part de chance puisque Samuel (Durassier) n’avait pas fait sa première montée et que l’annulation de la troisième l’empêche de se classer. Nico (Weisbecker) casse son moteur, et donc en étant constant et fiable, je parviens à signer un bon résultat en étant pas très loin de Gilbert (Payneau), compte tenu de la différence qu’il y a entre nos deux voitures… Et puis mon expérience en rallye fait que je ne suis pas gêné par le brouillard, et de ce fait je suis parvenu à devancer sur une montée Antoine Esturillo qui en principe est systématiquement devant moi. »
Pour conclure sa saison, Arnaud Clavel se présentait à Limonest. Un baroud d’honneur au volant de la 309 avant qu’il ne la rentre au garage. Mais la ’’vénérable Lionne’’ ne voyait pas d’un bon œil cet abandon, et décidait donc de lui faire défaut. Une casse moteur lors des essais obligeait Arnaud a quitter prématurément les débats : « J’en ai pleuré… C’est super frustrant de terminer le championnat comme ça, que ma dernière course avec la 309 se conclut de cette manière. C’était le week-end pour faire la fête, et la fête a été gâchée. C’est vraiment une énorme déception, émotionnellement difficile à accepter. » Mais Arnaud pouvait compter sur la bienveillance des animateurs du championnat : « Ils sont venus me consoler en me disant de relativiser parce que l’auto n’était pas dans un arbre et qu’ils avaient tous connu des casses moteurs. C’est triste, mais il faut l’accepter et se rappeler que l’auto est entière et que je ne me suis pas fait mal. »
A nouveau 2ème du Challenge Open F2000/3
Deuxième du Challenge Open F2000/3 en 2021, Arnaud Clavel récidive cette année en se positionnant une nouvelle fois au deuxième rang : « Un résultat obtenu grâce à ma régularité et à la fiabilité de la voiture. J’ai également bénéficié des problèmes rencontrés par mes adversaires. Ce sera le cas de Gilbert Payneau qui a pris énormément de retard dans la préparation de sa voiture, ou de Christian Boullenger qui n’a pas été en mesure de mener à bien son programme. Les soucis de mes rivaux expliquent donc en partie ma position », reconnait humblement Arnaud. « Ce fut une saison riche en découvertes et en émotions, et ce que je retiendrais avant tout c’est la solidarité que l’on rencontre sur le championnat, les liens que l’on tisse, l’entraide, les échanges sur et en dehors des courses, la convivialité, c’est pour moi très important. »
C’est vers ses proches que vont les premiers remerciements d’Arnaud Clavel à l’heure de tourner la page de cette saison : « Un immense merci à mon papa (Thierry) et à ma maman (Marie-Andrée), à mon épouse Amandine et à mes enfants Paul et Margaux. Merci à infiniment à la SERT qui fabrique des Food Trucks et qui nous a largement soutenu cette année, la société informatique Axess située à Valence, et à tous ceux qui nous ont apporté leur aide. Un grand merci à tous les acteurs du championnat, les copains, les organisateurs, les bénévoles, tous ceux qui nous permettent de rouler et de vivre pleinement notre passion. »
Ce n’est plus un secret, la Peugeot 309 GTI ne sera pas de la partie la saison prochaine : « Mais je ne m’en sépare pas. Elle est dans le garage, elle va y rester et sera certainement destinée à la location. Je pense la louer à des bons clients de mon garage qui ont envie de faire des courses de côtes régionales. Je garde toujours un œil sur les épreuves régionales, d’ailleurs notre garage est partenaires des Courses de Côte du Pin et des 48 heures de Divajeu, il faut savoir les soutenir. »
Arnaud Clavel va donc s’installer dans le cockpit d’une nouvelle auto, une ARC MF5 qui évoluera dans la catégorie Sport des Véhicules Historiques de Compétition : « On reconstruit intégralement cette voiture qui est totalement inédite. 2023 sera une année de transition durant laquelle je vais faire deux ou trois courses régionales, mais j’ai la ferme intention de me relancer sur le Championnat de France VHC dès 2024 », conclut Arnaud qui pourrait se présenter comme un sérieux client dans la catégorie.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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