Au sein d’un Open DE/7 très concurrentiel

La saison 2024 d’Antonin Saintmard a été marquée par une violente sortie de route sur le Mont-Dore. Pour autant le jeune Belge ne se dit pas déçu, et voit dans les chronos qu’il a pu signer cette année de bonnes raisons de positiver pour l’avenir.

C’est à la suite de Gilles, son père, qui a toujours évolué aux volants de monoplaces, qu’Antonin Saintmard s’est installé dans le cockpit d’une Formule Renault en 2022, l’année de ses vingt ans. Le jeune Belge sait que la progression passe par une phase d’apprentissage et une découverte des épreuves. C’est donc sans pression, avec juste l’envie de bien faire qu’il s’impliquait sur le Challenge Open DE/7 dans le cadre du Championnat du France de la Montagne.

2022 était pour Antonin Saintmard une saison d’apprentissage qui le voyait terminer au huitième rang du Challenge Open DE/7. Pour la saison 2023, fort d’une année d’expérience, le Belge avait pour objectif de se hisser sur le podium. A plusieurs reprises, durant la saison, il accrochera la troisième place de sa classe sur plusieurs manches du championnat pour au final terminer troisième de l’Open dédié aux Formule Renault… Objectif atteint !

Loin d’avoir fait le tour de sa monoplace, Antonin Saintmard savait au départ de la saison 2024 qu’il disposait d’une réelle marge de progression : « De ce fait il me paraissait opportun de poursuivre avec la Formule Renault », estime le jeune Belge qui profitait de l’intersaison pour offrir une révision à sa voiture avant de la relancer sur le championnat : « Nous avons fait l’essentiel, sans chercher à intégrer de grosses évolutions. De toute les façons il est difficile de par la réglementation d’apporter de réelles transformations. »

En quête d’un nouveau podium sur le Challenge Open DE/7
Les quelques tours de circuit réalisés avant le coup d’envoi de la saison permettaient à Antonin de retrouver ses automatismes et de se rassurer quant au bon fonctionnement de sa monoplace. En termes d’objectif, compte tenu du plateau particulièrement relevé, Antonin affichait des ambitions mesurées : « J’avais terminé la saison précédente sur le podium, je voulais avant tout conserver cette place. Mais je savais qu’avec huit pilotes engagés sur le championnat, dont certains bien plus expérimentés que moi, ça ne serait pas facile. »

Victime d’une sortie de route en 2022 pour sa première participation à la Course de Côte de Bagnols-Sabran, Antonin Saintmard gardait à l’esprit qu’il se devait d’aborder l’épreuve sans tenter de réaliser des prouesses : « J’avoue que c’est une course que j’appréhende. Je n’ai donc pas forcé l’allure, mais au final je suis content de mes chronos qui sont en amélioration par rapport aux deux précédentes éditions », confie le Belge. « Au regard des combats engagés sur la manche d’ouverture, j’ai tout de suite compris que le championnat allait être captivant, que nous allions avoir de belles bagarre parce que le niveau était bien là. Au final j’ai passé un bon week-end. »

Le combat se poursuivait sur les pentes du Col Saint-Pierre où, à nouveau, Antonin sera satisfait de sa prestation : « On s’est bien battu, c’était particulièrement sympa. J’étais resté la semaine dans le Gard et durant ce séjour j’ai pu reconnaitre le tracé avec le papa de Yohan Rossel qui connait parfaitement le Saint-Pierre. Cela m’a permis de bien comprendre le parcours et de ce fait j’étais à 100% en confiance, ce qui est déjà une excellente chose. »

C’est au pied du podium de sa classe qu’Antonin Saintmard bouclait la Course de Côte d’Abreschviller, l’épreuve la plus près de sa Belgique natale, et sur laquelle chaque année de nombreux Belges viennent courir ou assister à la manifestation en spectateurs : « C’est court, mais ce n’est pas pour autant la plus facile. Les conditions météos étaient complexes avec des changements permanents ce qui ne facilitait pas les choix de pneumatiques. C’est pas un truc que j’apprécie », avoue Antonin. « Samedi je n'étais ''pas dedans'' et dimanche ça allait un peu mieux mais les conditions météos m’ont empêché de m’exprimer pleinement. »

Présent sur la campagne de l’Ouest, Antonin Saintmard découvrait le tracé des Teurses de Thèreval – Agneaux : « J’ai bien aimé. Je suis arrivé le mercredi soir et cela m’a permis de reconnaitre avec un pilote local qui m’a bien expliqué les spécificités du tracé », explique le jeune Belge. « J’avoue que je n’étais pas à mon aise sur le bas du parcours, entre les rails. En étant très bas dans la Formule Renault j’avais le sentiment que je n’allais rien voir, et qu’il ne serait pas évident de forcer la cadence. » Dès la première montée, Antonin allait commettre un erreur, qui fort heureusement ne se traduira pas par une sortie de route : « J’ai rejoint l’arrivée et je signe un temps qui me satisfait pleinement. J’ai poussé un ouf de soulagement et pour la suite du week-end je me suis battu avec Simon (Taponard) qui me repasse devant sur la dernière. Mais j’ai beaucoup aimé notre confrontation. Et puis je termine devant Yohan (Bardin), ce qui me va très bien », précise en souriant le jeune Belge qui s’est lancé cette saison un challenge avec son ami.

Satisfait de son week-end en Normandie, Antonin retrouvait ensuite l’Anjou à l’occasion de la Course de Côte de La Pommeraye où en 2023 il s’était imposé en tête des Formule Renault : « J’ai plein de copains à La Pommeraye, c’était donc super sympa. Nous avons bien reconnu et le tracé n’est pas très compliqué à assimiler. Après pour aller vite c’est une autre histoire parce qu’il faut garder du rythme sur un parcours entouré de rails, c’est un peu compliqué, mais j’ai bien aimé. J’ai eu la chance de ne pas être impacté par la pluie contrairement à d’autres concurrents, et finalement je suis content de mon résultat », confie Antonin qui accroche la quatrième place de la classe DE/7, mais la troisième des pilotes engagés sur le championnat.

A Saint Gouëno, Antonin Saintmard sera devancé par Thierry Bertin, homme fort de cette classe DE/7, et par Anthony Jean qui n’est pas engagé au championnat. Troisième, le jeune belge signe un excellent résultat sur l’épreuve bretonne : « L’an dernier j’avais gagné à Saint Gouëno », se souvient Antonin qui à l’honnêteté de rappeler qu’ils n’étaient que deux dans la classe DE/7 : « Je retrouvais cette épreuve avec bien évidemment l’envie de rééditer cette performance, même si je savais que j’allais devoir faire face à plusieurs animateurs du Challenge Open DE/7 et à des pilotes locaux qui vont vite. J’ai passé la semaine à Saint Gouëno à reconnaitre avec Thierry (Bertin) et je me suis fait réellement plaisir sur ce tracé. »

Quatrième des Formule Renault à Marchampt, Antonin Saintmard garde un très bon souvenir de son week-end dans le Beaujolais : « Ce dont je me souviens avant tout ce sont les excellents chronos réalisés par Yohan (Bardin) sur cette épreuve. En ce qui me concerne, j’aime bien ce tracé rapide que j’avais reconnu avec Marcel Sapin, le pilote qui de loin connait le mieux le tracé sur lequel il habite. J’ai donc abordé la course dans d’excellentes conditions, avec une bonne connaissance du parcours et une boîte de vitesses parfaitement étagée, et j’en garde un excellent souvenir. »

S’il reconnait bien aimé le tracé de Vuillafans, Antonin Saintmard s’accorde à dire qu’il est très compliqué à appréhender : « Je ne suis jamais parvenu à me libérer à 100% sur cette épreuve. La pluie a perturbé les débats et là encore je n’étais pas des plus à mon aise. J’avais mis quatre pneus pluie neufs et il m’a fallu assimiler leur comportement parce que c’est la première fois que je roulais en gommes pluie neuves. Mais finalement ça s’est plutôt bien passé. »

Les animateurs du Challenge Open DE/7 sur le Championnat de France de la Montagne se retrouvaient cette année à La Broque, manche hors Challenge mais inscrite au calendrier de la 2ème Division. Sur l’épreuve alsacienne Antonin se positionnait à la troisième place derrière Yohan Bardin et Thierry Bertin : « Nous nous sommes vraiment bien battus, mais Yohan nous a mis la pression dès le départ en signant un temps canon. On savait avec Thierry qu’il serait difficile d’aller le chercher. Mais j’ai amélioré mes chronos des précédentes éditions et le but était donc atteint. »

Une mauvaise expérience sur l’édition 2023 de la Course de Côte de Dunières ne motivait pas Antonin Saintmard à affronter une nouvelle fois le tracé auvergnat qui ne lui avait pas convenu. Malgré tout, il se décidait à s’engager à nouveau sur la 54ème édition : « J’ai compris que plus on attaque fort, moins on réalise de bon temps, qu’il faut vraiment trouver le rythme, ce que je me suis attaché à faire. J’ai trouvé ça beaucoup mieux, j’avais le sentiment de disposer de plus de grip et finalement je passe un très bon week-end », avoue Antonin qui termine sixième des Formule Renault.

Satisfait de sa prestation à Dunières, Antonin n’allait pas connaitre la même réussite sur la seconde épreuve auvergnate. Sur le Mont-Dore, le jeune Belge sera victime d’une sortie de route qui sera à l’origine d’un abandon : « J’avais parfaitement reconnu parce que lors des deux précédentes éditions j’étais totalement perdu sur cette épreuve. Le tracé est long et très compliqué à assimiler. Je suis donc venu bien avant et j’ai reconnu avec Yannick Latreille qui connait le tracé par cœur », explique Antonin. Mais dès la première montée d’essais il partait à la faute pour terminer en tonneau : « Il nous a été impossible de déterminer l’origine de la sortie, savoir si je commets une faute ou si je suis victime d’une casse mécanique. La caméra embarquée montre que je ne tourne pas, mais on n’arrive pas à voir si j’ai mordu dans l’herbe. »

Excepté la boîte à vitesses et quelques éléments épargnés par le choc, la Formule Renault était totalement détruite. Coque fortement endommagée, moteur cassé, trains tordus, Antonin obérait lourdement son budget : « Dans mon esprit ma saison s’arrêtait là. J’étais seul sans mon père et ma sœur qui en principe m’accompagnent, donc c’était compliqué. Après, une nouvelle fois le monde de la côte a fait preuve de sa légendaire solidarité pour me venir en aide ; mais moralement j’ai pris un coup sur la tête. »

Affecté mais pas à terre, Antonin ne tardait pas à réagir. Dès le samedi après-midi le démontage de la voiture débutait afin de mieux cerner l’étendue des dégâts et estimer le coût d’une réparation : « Financièrement j’ai pris conscience que ça allait faire un énorme trou dans le budget. » Dimanche soir, Victor Darbelley m’a appelé pour me rappeler que j’avais réparé sa voiture lorsqu’il était sorti à Turckheim, et que là il voulait m’aider à réparer la mienne. Je suis parti du Mont-Dore et je me suis rendu chez ma sœur pour charger une Formule Renault que mon beau-frère avait en pièces détachées. Ensuite je me suis rendu en Suisse chez Victor pour remonter l’auto en sachant que j’avais deux semaines pour être prêt pour Chamrousse. » Lundi la voiture était intégralement démontée, mercredi elle était sur ses roues, moteur vrombissant… « On a vraiment bien bossé », estime Antonin. « Le week-end suivant Victor devait aller rouler à Saint Ursanne, il m’a dit de venir avec lui et je me suis donc engagé sur cette épreuve. »

Compte tenu du peu de pièces récupérées sur sa propre Formule Renault, Antonin considère que c’est avec la voiture de sa sœur qu’il prendra part à l’épreuve Suisse sur laquelle il essayait de bien cerner le comportement de sa monoplace : « Le tracé de Saint Ursanne n’est certainement pas l’idéal pour se remettre à flot, mais cela m’a permis de me rassurer, de voir que la voiture fonctionnait même si tout n’était pas optimisé. » La semaine suivante quelques tours en circuit permettront à Antonin de valider les réglages de sa voiture avant de se rendre à Chamrousse.

Les conditions météorologiques changeantes n’allaient pas faciliter la prestation du jeune Belge sur le tracé isérois : « La pluie a fait son apparition et j’avais crevé mes quatre pneus neufs pluie sur le Mont-Dore, et j’ai dû chaussé d’anciens pneus pluie qui avaient beaucoup de kilomètres. J’avoue que je n’étais pas en confiance, mais il était important pour moi de rouler », confie Antonin qui termine huitième des Formule Renault sur une épreuve abordée avec énormément de prudence.

A Chamrousse, au fil des montées, aidé par son beau-frère et par l’équipe de Stéphane Krafft, Antonin parvenait à améliorer le comportement de sa Formule Renault : « Nous avons découvert des pièces qui avaient souffert dans l’accident et nous avons pu les changer. Ce fut un week-end intense, mais très productif. »

La colonie Belge est toujours très nombreuse sur la Course de Côte de Turckheim, ce qui n’allait pas se démentir cette année avec la présence des partenaires d’Antonin Saintmard et de nombreux amis : « C’est pour moi la course à la maison », confie-t-il. « J’ai beaucoup reconnu parce que je ne voulais pas être ridicule. Mais en course, dès que ça allait vite ma confiance était entamée. Je pensais que ça provenait des réglages de la voiture mais finalement ça ne venait que de moi qui était encore inconsciemment marqué par ma sortie de route. J’avoue ne pas avoir roulé comme j’aurais pu le faire sur les épreuves qui précédaient le Mont-Dore. »

« Pour moi une belle saison »
Sur un Challenge Open DE/7 particulièrement relevé, Antonin Saintmard accroche finalement la cinquième place à l’issue d’une saison marquée par une sortie de route : « Finalement ça sera pour moi une belle saison, même si elle fut compliquée. Si je dois faire un bilan, c’est ma meilleure saison parce que je ne suis jamais allé aussi vite, et la plus compliquée parce que j’ai été victime d’une grosse sortie de route. Pour ce qui est du résultat, je préfère terminer troisième sur une course où nous sommes huit que m’imposer lorsque nous ne sommes que deux. Donc malgré la sortie au Mont-Dore, je suis pleinement satisfait. »

Avant d’évoquer de tourner la page d’une saison 2024 riche en émotion, Antonin Saintmard s’attache à remercier ses nombreux soutiens : « Evidemment je veux remercier mes parents ma sœur Laura qui m’a prêté sa voiture pour que je finisse ma saison. Un grand merci à Victor Darbellay et a Nicolas petit pour le remontage express de Formule Renault. Merci à Loïc et Léa pour l’assistante, à Fred Errard et les Assurances Errard, le Gaume Racing Club, et bien évidemment toute la colonie belge et tous ceux qui sont venus nous voir sur les courses. »

Après trois saisons passées en Formule Renault, Antonin Saintmard avait bien envie d’évoluer au volant d’une nouvelle voiture. Mais la sortie de route au Mont-Dore ayant passablement grevé son budget, le jeune Belge repartira en 2025 dans la même classe : « Nous sommes en train de reconstruire ma Formule Renault, une version 2009 avec laquelle on peut encore aller chercher la gagne, Marvin (Garampon-Brunet) l’a démontré cette saison en imposant une voiture encore plus âgée. » Antonin a bien l’intention de s’engager à nouveau sur le Challenge Open DE/7, « avec un programme d’une dizaine de courses parce qu’être au départ des treize manches du championnat ça me parait compliqué. Pour l’heure le calendrier n’est pas encore définitivement arrêté », conclut Antonin.


©Bruno Valette
www.ffsamontagne.org / www.cfm-challenge.com

 

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