Difficile lorsque l’on est petit-fils et fils de Montagnards de ne pas céder à l’appel de la Montagne. Représentant de la troisième génération, Anthony Oya ne partageait pourtant pas la passion de ses ascendants pour la Course de Côte. Le jeune héraultais était bien plus attiré par les deux roues que par les Protos et autres monoplaces, et il aura finalement fallu la ténacité d’un père persuadé des talents de sa progéniture, pour qu’Anthony accepte de s’installer derrière le volant… Ses premiers tours de roues démonteront que Fabien Oya avait raison !
C’est à la fin des années 60, que Gérard Oya, le grand-père d’Anthony, disputait au volant de sa Dauphine Proto ses premières courses de côte. La compétition automobile est un virus très contagieux que Gérard n’allait pas tarder à transmettre à son fils Fabien. Bien évidemment, lors des repas familiaux, les discussions étaient centrées sur la course, et même si Anthony n’était pas spécialement attiré par le sport auto, il reconnait que les anecdotes contaient par son père et son grand-père ne pouvaient que faire naitre la passion.
« Ma préférence allait à la moto », avoue Anthony. « Je prenais énormément de plaisir à aller voir mon père courir, mais je n’avais pas particulièrement envie de me retrouver à sa place. C’est pour lui une véritable passion, et cela le chagrinait un peu que je ne la partage pas. »
Devant l’insistance de son père, Anthony acceptait toutefois de partager avec lui sa Martini MK 76 pour participer à l’édition 2011 de la Course de Côte de Neffiès : « Pour être honnête, il n’a pas énormément insisté non plus, et nous avons disputé cette épreuve en double monte », explique Anthony. « Les sensations étaient immédiatement au rendez-vous, et j’ai pris énormément de plaisir à rouler avec cette auto. »
Chez les Oya la course est inscrite dans les gênes, et il suffisait d’un déclic pour qu’Anthony soit à son tour touché par la passion : « Mais j’avais tout à apprendre. La pression était forte car je découvrais à la fois la compétition, la voiture, et le parcours. Ce n’était pas évident car je mettais pour la première fois les pieds dans une monoplace, et je n’avais aucune idée des réactions de ce type de voiture. »
Anthony apprend vite, dès cette première épreuve, il termine deuxième de classe derrière son père. Toujours en double-monte, Anthony sera par la suite au départ de Quillan, d’Hérépian et du Pompidou : « Je me souviens notamment de la Course de Côte d’Hérépian où, lors de la troisième montée, je passe devant mon père. Malheureusement pour moi, cette montée sera annulée et je n’ai pas pu bénéficier de ma performance. » Anthony ne tardait pas à prendre sa revanche, puisqu’au Pompidou, il sera à nouveau plus rapide que son père.
En 2012, la Course de Côte de Neffiès verra Anthony monter pour la première fois sur le podium, avant qu’il ne s’engage sur le Col Saint-Pierre : « C’était un énorme morceau, difficile à reconnaitre, pour moi la plus difficile des épreuves parmi celles que j’ai disputées. » Quarantième au général, Anthony accrochait la huitième place de sa classe.
La Martini MK 76 laissera alors place à une Tatuus F.R. au volant de laquelle Anthony se rendait à Quillan puis à Font-Romeu, où il montera sur la deuxième marche du podium, juste devant son père : « C’est un souvenir extraordinaire, un moment de rêve. »
C’est sur les épreuves du Comité Languedoc-Roussillon que l’on retrouvait Anthony Oya en 2013. Une saison qui se soldait par une troisième place finale, de quoi satisfaire le pilote héraultais : « Vraiment très content de cette saison, c’est la première fois que je me retrouvais sur le podium d’un championnat, c’est très enthousiasmant. »
De la Tatuus à la Norma
Anthony profitait également de cette année 2013 pour troquer sa Martini contre une Norma à moteur 2 litres. De quoi repartir bien armé pour une campagne 2014 qui allait se tenir sur les épreuves de son comité : « Je ne cache pas que ce fut assez compliqué. La découverte du Proto n’était pas évidente pour moi, qui jusqu’alors n’avait couru qu’en monoplace. Je me retrouvais au volant d’une auto plus puissante, avec un gabarit plus important, des réactions différentes, et il m’a fallu un temps d’adaptation. »
Difficulté supplémentaire, Anthony prenait conscience que les réglages de sa Norma n’étaient pas adaptée à la côte : « J’ai dû passer par deux préparateurs différents avant de retrouver une auto qui fonctionnait enfin correctement. L’aspect positif c’est que je termine l’année avec une auto idéalement réglée, mais j’ai perdu la première partie de saison à cause d’une voiture inadaptée. »
Cette année 2014 sera marquée par une première participation au Mont-Dore, un excellent souvenir pour Anthony : « Mon grand-père me parlait souvent du Mont-Dore qui est une course mythique. Ce fut pour moi magique, même si c’était capricieux au niveau météo. »
Pour 2015, c’est un calendrier partagé entre Championnat de Ligue et 2ème division qui attendait l’Héraultais : « Daniel Triaire m’a proposé d’intégrer le Team PST pour m’accompagner sur les épreuves de 2ème division, et sur les deux manches du Championnat de France que compte notre comité, Bagnols-Sabran et le Col Saint-Pierre. »
« J’appréhendais un peu ce début de saison. Je sortais d’une année un peu difficile, et c’est la première fois que je repartais pour une saison complète avec la même auto. Je ne savais pas alors si je serais capable de me battre avec mes adversaires habituels, Nicolas Massu, Nicolas Verdier et Sébastien Pierre. Mais avec mon père nous avons travaillé sur l’auto, et pour ma part je me suis remis en question, ce qui m’a incité à contacter Nicolas Schatz pour faire un stage de pilotage. »
Anthony se rendait alors sur le Circuit du Bourbonnais, où multiple le Champion de France allait rapidement lui faire prendre conscience que beaucoup de choses pouvaient être améliorées dans son pilotage : « Ce stage fut vraiment positif, il m’a permis de gommer un bon nombre d’erreurs que je commettais sans le savoir. »
Au terme de la saison, au jeu des décomptes, Anthony devrait accrocher la deuxième place du Championnat de la Montagne au sein de son Comité Languedoc-Roussillon : « Je ne peux être que satisfait de ma saison. J’ai pu voir que j’étais performant et que j’ai pu devancer cette année certains de mes adversaires. »
Vice-champion de France 2ème division
Pour ce qui est du Championnat de France 2ème division, c’est à Quillan, où il monte sur la troisième marche du podium, qu’Anthony débute sa saison : « Ça reste un très bon souvenir. C’est mon premier podium au scratch sur une épreuve nationale, de quoi être content », confie-t-il. « Seul bémol, j’avais changé une pièce sur la Norma et le moteur ne donnait pas sa pleine puissance. »
On retrouve par la suite Anthony à Gémenos, où il place sa Norma au cinquième rang : « C’est une course difficile. La voiture fonctionnait à la perfection mais le tracé compte de nombreuses épingles, et j’avais dû mal à bien évaluer les distances de freinage. Je sais avoir perdu du temps en anticipant un peu trop certains freinages. Mais j’étais en bagarre avec Dominique Carifi pour la quatrième place, et on a passé un excellent week-end ensemble. »
A Urcy, avec la présence des frères Schatz et de Cyrille Frantz, Anthony savait qu’il lui serait difficile d’afficher des prétentions pour le podium. Les abandons de Nicolas et Geoffrey lui ouvraient une porte, mais au final c’est à la quatrième place qu’échoit la Norma, première des CN/2 : « Je remplis mon objectif en terminant premier des 2 litres », confie-t-il. « Mais si la course est difficile, elle reste magnifique. L’organisation était au top, et même si l’an prochain je ne dispute pas la 2ème division, je serai au départ car j’ai adoré ce tracé. »
A l’heure de faire les comptes, Anthony occupe la deuxième place du Championnat de France 2ème division. Un titre de Vice-champion qu’il savoure pleinement : « Je suis ravi du résultat. J’ai confirmé à Quillan les bons résultats que j’ai pu obtenir à Bagnols-Sabran et au Col Saint-Pierre où je termine juste derrière Damien Chamberod et devant Nico Massu », analyse Anthony. « Ce Col Saint-Pierre restera pour moi un des grands souvenirs de la saison, ne serait-ce que parce que face à Damien et Nico, j’ai trouvé des adversaires que j’apprécie énormément de par leur mentalité et leur comportement humain. »
Au fil des saisons, Anthony Oya s’est construit une réputation de pilote rapide sur les épreuves de son comité, et c’est donc en toute logique qu’il devrait en 2016 retrouver les épreuves du Languedoc-Roussillon, où il a pris l’habitude de s’illustrer : « Je vais essayer de viser le Championnat de Ligue, et pour ce qui est de la 2ème division, cela dépendra du calendrier qui nous est proposé et de ma disponibilité. »
Le calendrier 2016 d’Anthony dépendra également des finances dont il disposera, et pour cela il espère bien pouvoir compter sur ceux qui l’ont suivi cette saison : « Je profite de l’occasion pour remercier André Riso opticien à Frontignan qui m’est fidèle depuis mes débuts. Merci également au Garage Carrosserie Eric Rouquette à Clermont-l'Hérault, Autosur à Frontignan, la société Berger et Fils Terre Végétale à Mauguio, Alu M.D. Delagrange à Clermont-l'Hérault. »
« Bien évidemment j’ai une pensée particulière pour Daniel Triaire, le Team PST (Promo Sport Truellois), et l’ensemble de ses partenaires. Je remercie également mon cousin Sébastien Pierre et sa société Poly 7 basée à Sète. Un grand merci à mon père qui m’a mis le pied à l’étrier, qui m’a aidé tout au long de la saison et qui reste mon principal sponsor. Je partage ce titre de Vice-champion avec lui. Merci à mon parrain, Didier Favolini, pour ses conseils avisés en termes de pilotages et de concentration. Au titre des amis, merci à Robert dit le ’’Rounz’’, mon mécano sur les épreuves, à Romain un ami qui se reconnaitra, et à l’ASA Montpellier Pic Saint-Loup. »