Après avoir couru en rallyes, circuits et courses de côte, Sébastien Brisard a fait une pause d’une dizaine d’années dans sa carrière sportive. De retour sur le Championnat de France de la Montagne en 2017, il remporte à l’issue de cette saison 2020 le titre de Champion de France de la Montagne VHC Sport.
Issue d’une famille de sept enfants, Sébastien Brisard avait 7 ans lorsqu’en 1976 son frère ainé, Jean-Marie, faisait l’acquisition d’une MEP, du nom de son concepteur Maurice Emile Pezoux. Cette monoplace, propulsée par un moteur Citroën, servira de formule de promotion à la marque aux Losanges durant les années 60. Au volant de cette voiture, Jean-Marie participait à ses premières compétitions, et Sébastien ne manquait jamais de suivre ce grand frère pour qui il avait une admiration non dissimulée.
Et c’est toujours accompagné de son frère ainé que Sébastien Brisard fera ses débuts en karting en 1986 : « Il sera toujours prépondérant dans mes choix, il fut dans ma prime jeunesse un exemple à suivre », confie Sébastien. Les deux frères arpentaient alors les circuits de leur Franche-Comté natale et des régions limitrophes.
Après le karting, le rallye et le circuit
A 18 ans révolus, permis en poche, Sébastien devenait l’heureux propriétaire d’une Autobianchi A112 Abarth, qui fera son bonheur tant à la ville que durant les week-ends passés sur les rallyes et les slaloms : « J’ai pris part à toutes les courses organisées par l’ASA Luronne, dont je suis toujours un fidèle licencié. J’ai également disputé le Rallye de la Haute-Saône, qui dans les années 90 passait par Gray, le village où j’ai grandi et où je vis toujours aujourd’hui. »
Après deux ans de bons et loyaux services, la petite Autobianchi laissait place à une bien plus imposante Alpine A310 : « Je suis conscient que là nous avons eu les yeux plus gros que le ventre. C’était une ex-groupe B qui avait pris part au Rallye de Monte-Carlo et qui sur le papier semblait performante. Mais si elle disposait d’un super châssis, tout le reste ne fonctionnait pas correctement et j’avoue alors avoir bu le calice jusqu’à la lie avec cette auto. »
Une participation au rallye de Haute-Saône et à quelques courses de côtes régionales suffisaient à Sébastien pour comprendre que cette Alpine ne pouvait pas lui convenir. « Je n’ai pas été victime de la moindre sortie de route avec cette auto, mais je n’ai jamais été en mesure de rejoindre l’arrivée. J’en garde vraiment un très mauvais souvenir. »
En 1994, Sébastien se séparait alors de son Alpine pour jeter son dévolu sur tout autre chose, une Dallara F389, auto avec laquelle il allait disputer le Trophée Fédéral en circuit : « Ce fut pour moi l’occasion de vivre trois saisons fabuleuses en sillonnant l’hexagone pour m’attaquer aux plus beaux circuits français. » Le Paul Ricard, Le Mans, Dijon-Prenois, Magny-Cours, Croix-en-Ternois, La Châtre, Sébastien prenait un immense plaisir à en découdre sur ces tracés.
« La Dallara F389 comptait à l’époque parmi ce qui se faisait de mieux en F3, et j’avoue en garder un fabuleux souvenir », confie Sébastien qui garde profondément enraciné en lui des moments forts : « Nous étions une trentaine de F3 au départ, et j’ai souvent eu l’occasion de jouer dans le top 5. J’ai le souvenir d’une bagarre épique à Magny-Cours où j’étais confronté à Philippe Jaffrennou, d’une autre course, toujours à Magny-Cours, où j’ai dû défier Bruce Jouanny qui par la suite fera une belle carrière. J’ai le souvenir d’une confrontation, sous la pluie, où il n’est pas parvenu à venir me chercher… Après, sur le sec, j’avoue qu’il a dominé les débats. »
L’année 1996 fut particulièrement dense pour Sébastien qui, en plus de sa saison en circuit, prenait part au Rallye de Haute-Saône au volant d’une BMW 325 groupe A dont il avait fait l’acquisition : « Et dans le même temps j’ai participé au Championnat de France Formula A en Karting à Varennes-sur-Allier. »
Après avoir vécu ce qu’il estime être ses plus belles saisons, en 1997 Sébastien Brisard voguait vers d’autres projets, puisqu’il convolait en justes noces : « J’ai fondé une famille et j’ai alors pris la décision de mettre le sport auto entre parenthèses pendant quelques années. »
La Formule 2 en Historique
La pause sera de courte durée, en 2001 Sébastien Brisard investissait dans une March Formule 2 ex-Marc Surer pour revenir en circuit : « Le but était une nouvelle fois d’accompagner mon frère ainé pour participer à un trophée européen en Historique. » Sébastien roulera pendant 2 ans au volant de sa March, avant qu’elle ne soit rachetée par un collectionneur et qu’elle ne quitte l’Europe pour les Etats-Unis. Il se tournait alors vers une March 712 propulsée par un 1.700 cm3 Cosworth, pour courir à nouveau en F2 Historique : « Cette auto était compétitive mais elle avait une manie assez frustrante de s’arrêter systématiquement à deux ou trois tours de l’arrivée », confie Sébastien sans se départir de son sourire. « Malheureusement, ce n’est qu’une fois vendue que nous avons identifié le problème qui provenait d’un tuyau du système de refroidissement. »
En parallèle, entre 2003 et 2011, Sébastien et son frère participaient à des épreuves de VdV, en endurance, au volant d’une Norma M11 avec laquelle évoluait précédemment Bernard Chamberod. Mais en 2005, un changement dans sa vie privée laissait entrevoir à Sébastien un arrêt prématuré de toute compétition : « Mais finalement j’ai racheté une Martini MK 42 ayant appartenue à Pierre-Henry Raphanel. Et j’ai couru une saison en F3 classique. »
Sa nouvelle vie de famille, ses obligations professionnelles, le fait que Jean-Marie, le frère ainé, ait raccroché casque et gants, poussaient alors Sébastien Brisard à mettre un terme qu’il pensait définitif à sa carrière de pilote : « Dans mon esprit, la course doit être un moment de partage, quelque chose de convivial, et le fait de me retrouver seul ne me donnait plus envie de continuer », avoue-t-il.
Il faudra attendre 10 ans, pour retrouver Sébastien Brisard derrière le volant d’une monoplace, cette fois en Course de Côte : « J’ai fait mon retour avec une Martini MK 25, mais que ce fut dur. Après une telle interruption j’ai eu un mal fou pour retrouver mes sensations, me réadapter à la vitesse, ça a vraiment pris du temps », reconnait-il en toute honnêteté.
Retour en compétition en 2017 et retour sur le podium en 2019, avec à l’issue de la saison une troisième place sur le Challenge VHC Groupe 8/9, malgré une sortie de route à Bagnols-Sabran et grâce à un enchainement de victoires au scratch. Troisième du Championnat VHC Sport derrière Jean-Marc Debeaune et Jacky Bonnot, Sébastien savourait pleinement ce résultat mais ne comptait pas en rester là : « Pour 2020, afin d’être sûr de ne pas louper d’épreuve, j’ai investi sur un second moteur. L’objectif initial, avant le crise sanitaire, était d’aller chercher le titre. »
En quête d’un titre de Champion !
Finalement, le Championnat allait se jouer sur quatre courses réparties en deux week-ends, et Sébastien décidait de jouer le jeu. Après un premier roulage hors championnat sur le Mont-Dore, où il s’imposait, il se rendait à Turckheim. Sur l’épreuve alsacienne, Sébastien s’imposait à deux reprises au classement scratch, remportant par la même occasion deux succès dans le groupe 8/9 : « Ce fut le week-end parfait, d’une part parce que j’affectionne particulièrement cette épreuve, mais également parce que mon frère Jean-Marie faisait son retour en compétition avec une Alpine A110 engagée en Groupe 4. Pouvoir partager ça avec lui et avec Mylène mon épouse qui gérait l’intendance, c’était vraiment un moment marquant. »
La Course de Côte de Bagnols-Sabran permettait à Sébastien Brisard de signer deux nouvelles victoires scratch sur une épreuve rendue difficile par une météo capricieuse : « Je disposais de pneus pluie neufs, ce que je n’avais pas les années précédentes. Je me suis senti comme un poisson dans l’eau sous la pluie. J’avais vraiment bien réglé la voiture, en débranchant les barres stabilisatrices arrière et j’avais vraiment une super auto. »
Les courses gardoises s’annonçaient pourtant particulièrement disputées avec la présence d’Éric Bady qui, avec sa Dallara, se présentait comme un prétendant à la victoire au scratch : « J’avais une légère pression, mais Eric s’est loupé sur la première montée, et par la suite il s’élançait bien avant moi, ce qui me permettait de disposer de son temps avant de prendre le départ. J’ai su alors qu’il signait un chrono en 2’45’’, en sachant que mon meilleur temps, l’année précédente sur le sec, était de 2’44’’… Sur du gras mouillé je pensais que ça allait être difficile, et à l’arrivée, quand j’ai vu s’afficher mon chrono en 2’40’’, j’ai estimé avoir fait du super boulot. Vraiment, Eric m’a poussé à me transcender. »
Dimanche, Sébastien allait commettre une étourderie qui aurait pu avoir des conséquences fâcheuses. Il oubliait en effet de rebrancher les barres stabilisatrices arrière de sa monoplace : « Finalement, même sur le sec, dans ces conditions la voiture était un rail, et j’ai même pu améliorer mes chronos le dimanche. »
Champion de France VHC Sport 2020
A l’issue de cette saison, Sébastien Brisard succède à Jean-Marc Debeaune et remporte pour la première fois le titre de Champion de France de la Montagne VHC Sport : « Ce fut vraiment une saison courte mais parfaite. Les organisateurs ont fait un boulot remarquable, ce qui nous a permis de vivre des moments intenses qui nous laisseront une nouvelle fois de fabuleux souvenirs. »
Vient l’heure des remerciements. Ceux de Sébastien Brisard vont en premier lieux vers celle qui partage sa vie, Mylène : « Sans elle je sais que je n’aurais pas l’envie de courir car elle me pousse et me porte. Un grand merci également à mes préparateurs, Eric Warssermann pour le moteur et Jean-Philippe Graby de FG Racing pour les réglages et la liaison au sol. »
En début de saison 2021, c’est au volant de la Martini MK 25 que l’on retrouvera Sébastien Brisard sur le Championnat de France de la Montagne VHC : « Et par la suite, sur des tracés favorables, je vais me tester avec la Martini MK 43. » Sébastien, qui a eu la chance d’évoluer au volant de voitures ayant eu à leurs volants des pilotes de notoriété, disposera donc d’une MK 43 avec laquelle ont couru Marcel Tarrès et Anne Baverey.
Propos recueillis par Bruno Valette ©
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