En cette année 2017, Raynald Thomas prendra part à sa 20ème saison sur le Championnat de France de la Montagne au volant d’une F3. Et pour marquer cet anniversaire, il a décidé de troquer sa Lola B06/30 contre une Dallara F308. Un choix plus classique, mais que Raynald a tenu à conjuguer avec une innovation, puisqu’il sera le seul à disposer d’une monoplace propulsée par un moteur Volkswagen.
Fils de Montagnard, c’est pourtant vers le circuit que se dirigeait Raynald pour disputer ses premières courses. Mais alors qu’il parvenait à se qualifier pour les demi-finales du Volant Elf, il se voyait proposer d’évoluer en Course de Côte, en double monte. Difficile, lorsque l’on a évolué toute son enfance parmi les Montagnards, de résister à l’appel des sommets. Raynald décidait de suivre la voie familiale, d’autant qu’il lui apparaissait rapidement que la discipline était bien moins onéreuse que le circuit.
C’est tout d’abord sur les épreuves régionales que Raynald Thomas faisait ses premières armes. Mais rapidement, il se tournait vers le Championnat, sur lequel il devenait en l’espace de quelques saisons, un des animateurs de premier plan. Rejoint par son jeune frère Alban, ils allaient tous deux s’illustrer, le cadet jouant même les places sur le podium au volant de sa F3000. Des résultats qui auraient pu inciter Raynald à le suivre dans cette catégorie, mais la sagesse lui dictait de ne pas investir dans une auto à l’avenir incertain.
Même s’il affiche aujourd’hui un imposant palmarès, Raynald n’a rien changé dans son approche de la course. Dans son esprit, même s’il aborde la compétition avec sérieux et professionnalisme, il n’en reste pas moins un pur amateur. Représentant dans une société qui est leader européen pour la fourniture de filtres destinés à l’automobile, aux engins de travaux public et aux piscines, il ne consacre que ses temps de loisirs à la course. Toutefois, la société étant géré par Bruno Bazaud, lui-même ancien montagnard, cela facilite la gestion de ses disponibilités.
Gros travail de préparation pour la saison 2016
Avant d’évoquer la saison 2016, rappelons qu’en l’espace de 20 ans, Raynald a toujours joué les premiers rôles en F3. Vainqueur de l’Open en 2010, il est depuis monté régulièrement sur le podium du Challenge.
Fin 2015, Raynald souhaitait se séparer de sa Lola, non pas que la voiture lui semblait moins performante, mais après sept saisons passées à son volant, il décidait de changer de monture : « J’étais sur le point de réaliser la vente, et puis finalement ça ne s’est pas fait. Mais ce n’était que partie remise, puisque je m’en suis finalement séparé fin 2016. »
A l’issue des saisons 2014 et 2015, c’est sur le podium du Challenge Open F3 que l’on retrouvait Raynald Thomas. Des résultats qui lui permettaient d’afficher certaines ambitions à l’heure de se lancer sur une nouvelle campagne : « Honnêtement, j’étais assez optimiste pour 2016, car nous avions fait une bonne préparation en travaillant sur le poids de la voiture et en affinant de nombreux réglages. Mais je savais que la concurrence, et le matériel dont disposaient mes adversaires, avaient beaucoup évolué, et de ce fait il était évident que la saison s’annonçait âprement disputée. Pour moi, finalement, l’important n’était pas tant ma position, mais le fait qu’en termes d’écarts, je reste très proche des hommes de tête. »
Pas plus que l’ensemble des concurrents présents à Bagnols-Sabran, Raynald ne tient à évoquer le premier rendez-vous de la saison, marqué par la disparition de Steve Cabelo : « C’est d’une tristesse infinie, et nous souhaitons tous ardemment ne jamais être confronté à ce genre de situation. »
Huitième au scratch, quatrième des F3 et sur le podium de la manche européenne, Raynald Thomas garde un excellent souvenir de sa participation au Col Saint-Pierre : « C’est vraiment une très belle course, mais une des plus difficiles du Championnat, parce que très complète avec une portion sinueuse sur le bas et un tracé plus rapide sur le haut. En ce qui me concerne, j’estime que je fais là un très bon résultat, compte tenu des forces en présence, je ne pouvais guère espérer beaucoup mieux. »
A Abreschviller, on retrouvait une nouvelle fois Raynald à la quatrième place de la F3 : « Cette année, ce fut assez compliqué avec des conditions climatiques qui ne nous ont pas épargné. Sur une épreuve où la moindre erreur de réglages, le moindre faux pas est très pénalisant, ce n’était pas facile à aborder », analyse-t-il. Devancé de 17 millièmes par la compagne de son frère, Cécile Cante qui accède au podium, Raynald se réjouit de sa performance : « Sincèrement, j’étais très content pour elle car elle a très bien roulé, sur une course qu’elle affectionne. Après un an d’absence, elle démontre qu’elle est toujours dans le coup. Et puis nous en tirons Alban et moi une certaine fierté, car cela prouve que nous avons su être de bons conseils dans l’interprétation des données que nous avions enregistrées. »
En cette première partie de saison, Raynald Thomas prenait un abonnement à la quatrième place des F3. C’est à nouveau à cette position que l’on retrouvait sa Lola à l’issue de la Course de Côte de Marchampt en Beaujolais : « On est là sur une superbe course, très bien organisée et sur laquelle j’ai passé un excellent week-end. On sent que des pilotes sont investis dans l’organisation, je pense notamment à Marcel (Sapin) et Daniel (Demare). »
Le dénouement de Vuillafans ressemblait étrangement à ce que Raynald avait connu depuis le début de saison, puisqu’il accrochait une nouvelle fois la quatrième place : « Je suis là sur les terres de mon partenaires Jura Filtration, je suis donc soutenu sur cette épreuve par des collègues de travail. J’apprécie énormément l’ambiance et le tracé qui, sur certains aspects, offre des similitudes avec la Col Saint-Pierre. Une nouvelle fois il était compliqué de faire jeu égal avec David (Guillaumard), Billy (Ritchen) et Marcel (Sapin), mais je suis satisfait de ma position finale. »
Succession de podiums en deuxième partie de saison
Quatrième de la F3 depuis le début de saison, Raynald allait mettre à profit les manches de la deuxième partie pour s’illustrer et imposer sa Lola sur le podium de la F3. Ce sera le cas au Mont-Dore : « Après la violente sortie de route dont j’ai été victime en 2014, j’étais content de retrouver le podium », avoue-t-il. Rappelons que lors de cette 54ème édition, sa Lola était partie en tonneaux au moment de franchir la ligne d’arrivée. « Je suis attaché à cette épreuve, notamment parce que les organisateurs s’investissent pleinement pour pérenniser leur course, la famille Bouche se démène énormément pour que tout se déroule pour le mieux. » Pour ce qui est de son résultat, Raynald ne cache pas qu’il espérait terminer à la deuxième place : « Je savais qu’il serait difficile d’aller chercher David (Guillaumard), mais je pensais que je serais en mesure de devancer David Sudre qui a particulièrement bien roulé. A mon sens, j’étais en deçà de ce que j’aurais pu faire. »
C’est par un nouveau podium en F3 que se concluait pour Raynald Thomas la Course de Côte de Chamrousse. David Guillaumard signait là un nouveau succès, et c’est cette fois Didier Brun qui devançait Raynald : « A part le fait qu’il manque juste un bon revêtement sur le haut du parcours, Chamrousse est vraiment une course magnifique, où l’on est toujours très bien accueilli. Pour ce qui est de ma course, je suis satisfait de mon résultat, et je reconnais que sur cette fin de saison, Didier Brun a vraiment bien roulé, sa victoire au scratch sur la Course de Côte du Circuit de Bresse le démontre. »
Pour conclure la saison, Raynald allait une nouvelle fois se retrouver sur la troisième marche du podium, où il accompagnait Billy Ritchen et Ludovic Cholley : « Pour le Nancéen que je suis, Turckheim c’est un peu la course à la maison. J’ai toujours signé de très bons résultats sur cette épreuve. Et depuis 2002, où j’avais devancé Sébastien Petit en F3 pour réaliser le grand chelem, je n’étais jamais parvenu à améliorer mon chrono. Cette fois j’améliore, et c’est pour moi une énorme satisfaction. »
Quatrième du Challenge Open F3, Raynald Thomas estime le bilan largement positif : « Ce fut une saison en dents de scie, mais je suis seul responsable des résultats et je ne dois en rien incriminer la voiture », reconnait-il en toute honnêteté. « Après, terminer quatrième du Challenge, prouve que malgré les années, je suis toujours bel et bien présent. Même si j’avoue qu’avec le travail effectué durant l’intersaison, je pensais faire mieux sur certaines courses, je ne peux qu’être globalement satisfait du résultat. »
Une Dallara à moteur Volkswagen pour 2017
Après sept ans passé derrière le volant de sa Lola B06/30, Raynald a donc décidé de s’en séparer. Elle sera remplacée cette saison par une Dallara F308 : « Pour disputer ma vingtième saison en F3, je voulais vraiment une auto performante, disposant des dernières évolutions. Pour le reste, voilà 20 ans que je collabore avec le motoriste allemand Spiess et je voulais poursuivre avec eux, c’est pour cela que je serai le premier pilote à disposer d’un moteur Volkswagen sur le Championnat de France de la Montagne. »
Avec cette monoplace, Raynald se lance un nouveau, ce qui ne peut que décupler sa motivation : « J’ai trouvé cette voiture en Italie, où elle a remporté le Championnat F3 en circuit en 2015 et 2016. En parallèle, j’ai conclu un partenariat avec l’écurie F3 Challenge a qui j’ai acheté la voiture. Pour eux, c’est une opportunité de s’implanter en France, par le biais du Championnat de France de la Montagne. »
Pour cette saison 2017, Raynald sait que la concurrence va une nouvelle fois être rude, et qu’il va devoir notamment batailler contre son propre frère, Alban ayant décidé de rejoindre le peloton de la F3 : « Ce n’est pas parce que c’est mon frère que je veux le mettre en avant, mais tout le monde sait qu’il sera un très gros client. Il dispose d’une auto un peu moins récente que celle de Billy (Ritchen) ou que la mienne, mais je m’attends à ce qu’il soit très affuté. Et puis il faudra compter avec les féminines. Je sais que ma belle-sœur, Cécile sera toujours une adversaire de taille, et je fais confiance à Sarah Louvet pour rapidement prendre la mesure de sa F3. »
Chez les Thomas, la passion se partage en famille, et Raynald ne veut pas oublier ceux qui l’entourent : « Un grand merci à Sandrine, ma compagne, et à toute ma famille qui me permet de vivre pleinement ma passion. Merci à mes fidèles partenaires, les Huiles Seven, Bruno Bazaud de Jura Filtration par l’intermédiaire de Hifi Filter et h-air Filter que je porte sur la voiture, et à Michelin avec qui je collabore depuis 12 ans. Un grand merci également à l’écurie italienne F3 Challenge. »