Après sept saisons passées au volant d’une Lola B06/30 propulsée par un moteur Opel, Raynald Thomas décidait pour aborder 2017 de changer de monture. Deux raisons à cela : D’une part l’envie de changement, d’autre part l’occasion de marquer ce qui allait être sa 20ème saison en F3 dans le cadre du Championnat de France de la Montagne. C’est donc dans le cockpit d’une Dallara F308 équipée d’une mécanique Volkswagen, que le natif de Nancy se lançait pour une nouvelle campagne…
20 ans déjà que Raynald Thomas anime une catégorie dont il connait tous les rouages et la moindre des subtilités. Expert en la matière, il savait que ce changement de voiture allait l’obliger à s’adapter à une auto assez différente de celle qu’il avait menée ces dernières années : « Même si la Lola disposait d’un très bon châssis, je savais que la Dallara allait se comporter différemment. Je n’étais toutefois pas dépaysé en ce qui concerne les suspensions, les deux voitures étant assez proches. Malgré tout, j’ai dû me familiariser avec de nouveaux réglages et composer avec des petits soucis de jeunesse de la voiture », confie Raynald.
Côté problème, il ne sera pas épargné sur les premières épreuves : « Lorsque tu fais l’acquisition d’une auto, tu penses toujours qu’elle va fonctionner comme une horloge. Finalement, j’ai eu des soucis d’amortisseurs sur les trois premières épreuves, quelques ennuis avec le moteur, et de réels problèmes de freins… Il a fallu remettre tout cela en ordre, sachant que le budget n’est pas extensible à merci, et que l’on a dû faire des choix pour résoudre nos problèmes à moindre frais. » A l’issue de la saison 2017, la Dallara retrouvait le garage, et se voyait offrir une révision générale, ce qui devrait permettre à Raynald de disposer d’une voiture plus proche de ses attentes pour 2018.
Dallara et moteur Volkswagen pour 2017
Si le choix de la Dallara peut sembler assez classique, en revanche celui d’opter pour une motorisation Volkswagen peut paraitre plus surprenant, Raynald étant le seul à disposer de ce moteur : « Je voulais avant tout rester fidèle à mon motoriste, Spiess, avec qui je collabore depuis plus de 20 ans. Il conçoit ces moteurs pour les F3 qui évoluent sur le Championnat d’Europe en circuit. Et cette année encore, le moteur Volkswagen a démontré non seulement qu’il pouvait rivaliser avec le Mercedes, et même le devancer. Il semblait donc que c’était une bonne option, et d’ailleurs je ne la regrette absolument pas. Si c’était à refaire, je ferais le même choix. »
Parmi les atouts dont dispose Raynald Thomas, on compte son immense expérience. De ce fait, à l’heure de préparer sa saison, il savait exactement sur quels domaines il lui fallait particulièrement concentrer ses efforts : « Nous avons beaucoup travaillé sur la position de conduite et l’installation dans la voiture, qui est pour moi un aspect capital pour piloter correctement. Ensuite, on a axé nos priorités sur la suspension, sur les freins et bien évidemment sur la mise au point de la boîte de vitesses et l’ensemble du set-up. Tout cela représente une dose de travail important. »
Deuxième du Challenge Open F3 en 2014, troisième en 2013 et 2015, Raynald se classait quatrième à l’issue de la saison 2016. Habitué des podiums de la catégorie, il pouvait légitimement viser une place parmi les trois premiers : « Je savais que le niveau serait particulièrement élevé, avec Billy (Ritchen) qui roule fort et qui dispose d’un excellent matériel, avec Marcel (Sapin) qui reste une référence en F3, et avec mon frère (Alban) qui délaissait la F3000 pour rejoindre le peloton de la F3. A mon sens le podium était envisageable, mais j’étais conscient que ce serait très difficile. »
Nombreux défauts de jeunesse de la Dallara
La Course de Côte de Bagnols-Sabran, manche d’ouverture du Championnat, allait permettre à Raynald de se rassurer sur le bien-fondé de ses choix : « D’entrée de jeu, le comportement de la voiture m’a plu. Même si à deux reprises elle a décroché dans une courbe, pour une première, avec une auto dont les réglages étaient loin d’être optimisés, je suis globalement satisfait. Cela m’a permis de me mettre en confiance et de prendre conscience que l’auto disposait d’un énorme potentiel. »
Raynald ne peut évoquer Sabran sans avoir une pensée pour Fabien Bourgeon, victime d’une violente sortie de route sur cette épreuve : « Il nous a fait une énorme frayeur, et c’est le seul bémol d’un excellent week-end. Fabien s’en sort plutôt bien, ce qui est l’essentiel. »
Malgré les satisfactions engendrées par cette première expérience à Bagnols, c’est toujours avec des problèmes d’amortisseurs que Raynald Thomas s’élançait sur les pentes du Saint-Pierre : « Dans le Belvédère, elle a décroché deux fois sans raison apparente. J’ai dû chercher les causes de ce comportement incohérent. Je n’arrivais pas à savoir si j’avais un souci d’autobloquant. Finalement, on comprendra par la suite que les amortisseurs étaient à l’origine du problème. J’aurais espéré signer un meilleur chrono, mais finalement je ne m’en sors pas trop mal face à une concurrence très relevée », estime Raynald qui, comme à Sabran, termine cinquième des F3. « Pour le reste j’ai un petit regret que je tenais à souligner, c’est le fait de n’avoir pas eu de manche d’essais libres. Sous prétexte d’épreuve européenne on est privé de cette manche d’essais, et c’est à mon sens dommageable. »
A Abreschviller c’est à seulement 124 millièmes du podium des F3 que se classe Raynald Thomas, devancé sur l’épreuve lorraine par Billy Ritchen, Marcel Sapin et Sarah Louvet : « J’aime beaucoup cette épreuve car elle me permet de retrouver ma région natale et de nombreux amis. Là encore, j’ai connu des problèmes d’amortisseurs et j’ai dû composer avec une auto qui décrochait dans la grande courbe du haut. Je suis content du résultat, le podium était à mon sens jouable, mais Sarah a très bien roulé et je suis content pour elle. Marcel a également fait très fort, et Billy a dû cravacher pour rester devant. »
C’est ensuite à Marchampt en Beaujolais que l’on retrouvait Raynald. Absent sur les épreuves de l’Ouest, il avait mis à profit cette courte pause dans sa saison, pour travailler sur les amortisseurs : « Ça semblait aller mieux, mais finalement je réalise ce que je considère comme une contre-performance. J’avoue que je suis un peu déçu de mes chronos, mais j’en suis responsable. J’ai mal roulé, et je ne peux pas incriminer la voiture », avoue Raynald en toute honnêteté. « Mais ça reste un bon week-end ne serait ce que par l’organisation. Marcel s’implique totalement dans cette épreuve, et comme pour Abreschviller, on doit reconnaitre que les organisateurs font un excellent travail. »
A trois dixièmes de la victoire…
Des problèmes de rayon de braquage avait perturbé Raynald à Marchampt, et pour Vuillafans, le pilote de Vallières avait travaillé pour pouvoir aborder les épingles franc-comtoises sans rencontrer de difficultés : « Et ça a bien fonctionné puisque sur la première montée d’essais je fais le deuxième temps derrière Alban. Dimanche, j’aurais dû faire un peu mieux sur la deuxième montée de course, mais finalement c’est la pluie qui influera sur le classement. J’ai été plutôt épargné alors que Billy, Alban et Marcel sont montés sous l’averse. » Deuxième des F3 à seulement trois dixièmes de Samy Guth, Raynald tire un bilan mitigé de cette confrontation : « On peut difficilement être content du malheur des autres, même si c’est la course. Mais c’est un très bon résultat, qui me satisfait d’autant plus qu’il est obtenu sur les terres de mon partenaire Jura Filtration. Malgré tout, je m’en veux, car j’ai loupé la montée qui était le plus rapide, et j’aurais pu m’imposer et remporter non seulement la classe mais également le groupe… »
Au Mont-Dore, Raynald retrouvait une épreuve qu’il affectionne, même si elle fut le théâtre en 2014 d’un accident spectaculaire dont il fut la victime : « L’équipe de Benoit Bouche se démène énormément pour que cette épreuve se déroule dans les meilleures conditions, et cette course propose un très beau parcours. Le seul point noir vient à mon sens de la direction de course, qui fait parfois preuve de laxisme en refusant d’interrompre la course alors que cela d’avère nécessaire. »
Pour ce qui est du résultat, on retrouve Raynald à la quatrième place, à seulement 22 millièmes d’Etienne Debarre, qui occupe la troisième marche du podium en F3 : « Je pensais être un peu mieux. Mais j’avoue avoir encore du mal à me libérer sur ce tracé depuis mon tonneau en 2014… Mais il faut avouer qu’Etienne a très bien roulé, et qu’Alban a repris à cette occasion du poil de la bête en accrochant la deuxième place. »
S’il reconnait que Chamrousse, de par son tracé, est une magnifique épreuve, Raynald émet en revanche quelques réserves sur le revêtement de l’épreuve iséroise : « Sur le haut, c’est particulièrement dégradé, et il en est de même à la chicane. De ce fait, cela peut même influer sur la sécurité qui, à mon sens, n’est pas parfaite. J’avoue qu’à cet endroit là je roule, mais sans prendre le moindre risque. Pour le reste, en termes de résultat, je m’étais fixé de réaliser un chrono en 2’18’’. J’y suis parvenu et je suis donc très content. Mais il faut que je m’améliore encore pour me rapprocher de Marcel et d’Alban. »
Turckheim sera une des rares épreuves de la saison sur laquelle Raynald n’améliorera pas ses performances des années précédentes : « Pour être honnête, je pensais être bien mieux. J’ai du mal à comprendre, mais je pense que ça venait de moi. J’aurais dû être plus performant sur les premières montées, car sur la dernière, je me suis élancé avec une visière fumée alors que le niveau de visibilité devenait très limite. Dans ces conditions, je n’ai pas pu mieux faire. »
Raynald Thomas ne cache pas son peu d’attirance pour le tracé de Limonest qui accueille la dernière manche du Championnat : « J’y suis venu, mais ce n’est pas une course que j’affectionne, je ne m’y fais pas plaisir. Samedi matin, j’étais fiévreux et j’ai été malade tout le week-end. Je suis donc passé à côté de la course. »
Quatrième du Challenge Open F3
Comme l’an dernier, Raynald Thomas termine quatrième du Challenge Open F3, cette fois juste derrière son frère Alban : « Je suis totalement satisfait de ma saison et du résultat. Très satisfait pour Alban qui, comme moi, a connu son lot de problèmes en début de saison. Bien évidemment j’aurais aimé monter sur le podium, mais ce résultat à l’issue d’une première saison avec la Dallara est pour moi très encourageant. »
« Excepté à Marchampt et à Turckheim, j’ai été plus rapide cette année que lors des précédentes. Ce qui démontre la compétitivité de la voiture. Dans le même temps, la concurrence a non seulement progressé, mais s’est également étoffée, ce qui rend plus difficile de se battre pour le podium. Mais à l’heure de faire le bilan, je suis très content de l’investissement que j’ai fait en choisissant cette Dallara et ce moteur Volkswagen », ajoute Raynald.
Pour l’heure, Raynald Thomas est en discussion avec ses partenaires et ne peut donc pas confirmer son programme pour 2018 : « Mais dans la logique des choses, j’espère pouvoir prendre part au Challenge Open sur un calendrier identique à celui de 2017. Je profite de l’occasion pour remercier ceux qui me soutiennent, Bruno Bazaud de Jura Filtration, par l’intermédiaire de Hifi Filter et h-air Filter, les Huiles Seven, Michelin et son distributeur le Ceerta et notamment toute l’équipe de Joël Malherbe. Merci également à Didier Chaumont, qui est à la fois un ami, un partenaire et un excellent pilote. Et je n’oublie pas mes mécaniciens, Benjamin dit ’’le Sanglier’’, mon fils Thibault, mon jeune fils Nathan, Eric, ma compagne Sandrine et ma belle-sœur Isa qui gèrent l’intendance ainsi que Casgrain, Anthony, Olivier et tous ceux qui me suivent. »
Propos recueillis par Bruno Valette
Retrouvez le portrait et le bilan 2016 de Raynald Thomas.